18.4.06

UN CHINOIS AUX STATES

La Longue Marche d'Hu Jintao au pays de l'oncle Sam

18.04.2006


Le voyage d’un chinois aux USA avec des Iraniens dans les bagages !


Hu Jintao le chef d’État chinois part pour son plus long et plus difficile voyage en dehors de son pays. Au cours de son périple, il visitera les USA, l’Arabie Saoudite, le Maroc, le Nigeria et le Kenya. Un voyage qui intervient alors que des mesures à l’encontre de l’Iran sont envisagées et que la Chine va faire part de son opposition à ces mesures, opposition qui durera tant que ce pays n’aura pas trouvé de nouveaux fournisseurs de gaz et de pétrole et des assurances quant à la stratégie américaine à Taiwan et en Corée du Nord.

La visite de Hu Jintao en Amérique sera la partie la plus importante de son voyage de 9 jours, un voyage d’une importance géopolitique particulière. Déjà il s’agit d’une visite d’État, officielle ce qui d’un point de vue protocolaire US revêt une importance spéciale, mais en plus les discussions sino-américaines doivent porter sur un éventail de sujets impressionnant et dont le volet le plus intéressant sera sans conteste le dossier du nucléaire iranien dont la Chine est partie prenante directement ou indirectement. Nul doute que ce voyage va être particulièrement suivi depuis Téhéran dans les sphères des dirigeants de la république islamique. En comparaison, le dossier le plus facile à traiter pour les chinois sera celui de la contrefaçon des marques américaines.

Le conseiller du ministre chinois des affaires étrangères l’a d’ailleurs admis, les discussions les plus dures seront le sujet du nucléaire iranien, du nucléaire Nord Coréen et Taiwan. Il a aussi dit que la Chine avait fait part de son inquiétude depuis l’annonce par Téhéran de son enrichissement de l’uranium. Ce politicien a quand même tenu à préciser que le problème de Taiwan était beaucoup plus important pour les relations sino-américaines que le problème iranien. Et pourtant les relations entre Taipeh et Pékin se développent chaque jour plus encore tout spécialement en matière économique.

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Une odeur de pétrole flotte sur ce voyage

Le régime de Téhéran a suffisamment bien manoeuvré pour instrumentaliser Moscou et Pékin, et s’en servir comme force de pression dans ses relations avec les USA. Ce qui ne rend pas le voyage de Hu Jintao à Washington facile, spécialement après l’échec de la mission d’El Baradai à Téhéran et les propos d’Ahmadinejad vendredi dernier stigmatisant une fois de plus Israël et son existence. L’attentat de Tel-Aviv sera encore une autre raison pour Washington de se méfier encore un peu plus de l’Iran qui apporte son aide aux organisations terroristes palestiniennes.

La volonté de Pékin de préserver Téhéran des sanctions internationales est aisément explicable. Sa croissance économique insolente l’oblige à importer chaque jour en quantité plus importante un pétrole qui lui fait défaut et des mesures contre Téhéran le priveraient non seulement d’une importante part de ses approvisionnements mais les tensions sur les prix du pétrole seraient aussi de nature à lui occasionner un ralentissement de sa croissance. Selon des études, il y a 90 fois plus d’automobiles aujourd’hui en Chine qu’en 1990 et en 2030 il devrait y en avoir plus que ce qui existe actuellement aux USA, des véhicules qui fonctionnent encore au pétrole.

En 2004 la Chine a importé 110 millions de tonnes de pétrole, en hausse de 35% par rapport à 2003 faisant de ce pays le deuxième importateur mondial et l’on estime que ses importations doivent doubler d’ici à 2010. Aujourd’hui 35 % de son pétrole vient du Moyen-Orient alors qu’en 2010 en fonction des contrats déjà signés cette part va grimper à 75 %. Ceci explique pourquoi malgré sa toute puissance Pékin est obligé d’avoir les meilleures relations avec les producteurs du pourtour du Golfe Persique, pays fournisseurs mais aussi pays acheteurs des produits finis chinois.

Et parmi ces pays, figure justement la république islamique d’Iran qui fournit 13,6% du pétrole chinois, l’Oman lui en fournit 13% et l’Arabie Saoudite 15%. Un premier contrat de près de 70 milliards de dollars vient d’être signé avec l’Iran, la Chine va y participer à l’exploitation du pétrole et va acheter du gaz pendant 25 ans. La Chine prévoit aussi d’y développer industrie pétrochimique. Mais la Chine a également renforcé sa coopération énergétique avec l’Arabie Saoudite qui souhaiterait être moins dépendante de son allié traditionnel, les Etats-Unis et désirerait se tourner vers l’Est. En 2004, les Saoudiens avaient déclaré qu’ils souhaitaient fournir avant 2010, 50% des importations chinoises de pétrole brut.

À son retour, Hu Jintao s’arrêtera à Ryadh pour demander aux saoudiens d’augmenter leur production de pétrole. Il est clair que l’Arabie Saoudite ne pourra jamais, à elle seule, remplacer les parts venant de Téhéran. Pékin ne pouvant se passer du pétrole de Téhéran, la Chine pourrait freiner toutes les sanctions contre Téhéran. Même si la Chine possède un droit de veto à l’ONU, et qu’elle semble déterminée à l’utiliser, il est peu probable qu’elle cherche à créer une tension avec les USA. La Russie aussi est hostile aux mesures contre l’Iran, mais elle non plus ne veut heurter les Etats-Unis de front. La Chine et la Russie peuvent nous réserver quelques surprises notamment parce que la Russie est un des plus grands pays producteurs du pétrole.


Les estimations des réserves de pétrole russe sont extrêmement variables en fonction des modes de calcul. Pour le Département américain de l’Energie, les réserves prouvées de la Russie s’élèveraient à 60 milliards de barils, soit 5,7 % des réserves mondiales, tandis que selon l’Agence Internationale de l’Energie (AIE), elles seraient de 137 milliards de barils, soit environ 15 % des réserves mondiales. Ces estimations datent de 2002 et ne prennent pas en compte les champs pétroliers Sakhaline-III découverts récemment, champs qui se trouvent au nord de la Chine et ne nécessitent pas un transit risqué par le Golfe Persique.

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Un pôle se crée à l’Est dans lequel la Russie et la Chine se disputent le leadership, l’Iran est un des enjeux les plus importants de cette lutte pour le leadership entre la Russie, la Chine et aussi les Etats-Unis. La Russie fait une offensive auprès des pays musulmans, notamment les pays du Golfe Persique. Cette offensive déplait à tous ceux qui ont besoin du pétrole de ces pays. Une Alliance Russie-producteurs musulmans de pétrole est inquiétante (pour la Chine comme pour l’Europe).

Et celui qui ne maîtrisera pas l’Iran, qui jouit d’une situation géographique particulière, sera déstabilisé dans ses offensvies diplomatiques et économiques. Reste à savoir, si les Chinois choisiront la Russie pour tenir tête aux Etats-Unis, quitte à être le géant économique de l’Alliance ou s’ils choisiront les Etats-Unis pour limiter et freiner un allié encombrant comme la Russie ?

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