16.4.09
C’est un “tuyau” du Mossad qui a mené à la capture de la cellule du Hezbollah dans le Sinaï
par Yossi Melman, Amos Harel et Avi Issacharoff | Haaretz TV, israel news - Traduction : Marc Brzustowski
Les lignes séparant les camps en guerre dans la région deviennent infiniment plus claires, après que des informations ont émergé lundi (13 avril 09), selon lesquelles des services de renseignement étrangers – comprenant le Mossad israélien – avaient fourni aux autorités égyptiennes des renseignements qui ont contribué à la découverte d’un réseau terroriste actif du Hezbollah et mené à l’arrestation de dizaines de suspects.
Dans le même temps, les sources égyptiennes ont haussé le ton, dans leurs accusations à l’encontre du Hezbollah, lundi, en dénonçant le fait que l’objectif de ces activités souterraines ne se limitait pas aux projets d’attaques terroristes contre les zones touristiques fréquentées par les étrangers, mais également contre des cibles le long du Canal de Suez.
Philippe Vasset, rédacteur en chef d’Intelligence Online a révélé au journal Haaretz que des services de renseignement étrangers, comprenant le Mossad et la CIA, ont fourni l’information à l’Egypte qui a mené à la découverte d’une cellule terroriste du Hezbollah dans ce pays.
Dans sa dernière édition qui intervient demain, le bimensuel internet rapporte que les forces de sécurité égyptienne ont opéré sur la base de renseignements “qui leur ont été fournies par plusieurs services étrangers.”
Selon le reportage, la tête de réseau opérant en Egypte, le citoyen libanais Sami Shihab, était en contact depuis un certain temps avec la branche spéciale du Hezbollah. L’article soutient également qu’après l’élimination du cerveau terroriste du Hezbollah, Imad Moughniyeh, il y a un peu plus d’un an à Damas, la branche spéciale a été conjointement dirigée par trois chefs opérationnels de première importance : Nawaf-al-Moussaoui, Wafik Safa et le Sheikh Ali Dugmush. Tous trois opèrent en coordination avec le Général Faiçal Bagherzadeh, responsable de la mission des Gardiens de la Révolution au Liban.
Des sources occidentales ont informé le Haaretz que, durant les dernières années, la coopération entre les services de renseignement d’un certain nombre de pays occidentaux s’est intensifiée au sujet de l’Iran. Israël est un acteur central de cette coopération. Le dossier iranien est subdivisé en deux : le programme nucléaire iranien et son rôle dans le terrorisme international.
L’espionnage iranien, ses services de sécurité et Al Quds, une unité d’élite des Gardiens de la Révolution, dont la mission est d’assister les milices chi’ites et leurs organisations à travers le monde, ont déployé “des cellules dormantes” d’agents, qui sont activées selon les besoins. Dans certains cas, les cellules ont été directement activées par des agents iraniens, alors que dans d’autres cas, c’est le Hezbollah qui a été utilisé, particulièrement à travers une branche spécialisée mise en place à l’origine par Moughniyeh.
La CIA, le Mossad, le MI 6 britannique, le BND allemand et d’autres services de renseignement – comme ceux d’Egypte, d’Arabie Saoudite et de Jordanie qui ont subi des attaques de cellules terroristes envoyées par l’Iran – ont élevé le niveau de leur coopération, du partage d’informations et d’évaluations conjointes. Le chef du renseignement égyptien, le Général Omar Souleiman, est un visiteur régulier en Israël et les portes de ses homologues israéliens lui sont toujours ouvertes, comme le sont celles du bureau du Premier Ministre.
Des sources du renseignement en Israël ont diffusé des signaux d’alarme en de nombreuses occasions selon lesquels le Hezbollah tenterait de venger la mort de Moughniyeh, qu’il a imputé à des agents du Mossad, ainsi que lorsqu’Hassan Nasrallah, le dirigeant du Hezbollah, en a fait la promesse publique. Pour parer à ces inquiétudes, les missions diplomatiques israéliennes ont été placées en alerte maximale à plusieurs occasions, et le Times de Londres a révélé qu’il y a quelques semaines, une tentative contre une cible israélienne à Bakou, en Azerbaïdjan, avait été mise en échec.
Au même moment, des sources du renseignement égyptien ont déclaré hier que les agents du Hezbollah capturés en Egypte avaient planifié une série d’attaques terroristes sur des sites touristiques dans le Sinaï, où des israéliens et des touristes occidentaux prennent leurs vacances. Cependant, les sources égyptiennes ont aussi fait remarquer que le Canal de Suez faisait partie des cibles du réseau – sans doute une zone de cette voie d’eau stratégique où se déroule le transit des cargos les plus gros.
Mettre un grand cargo en incapacité au milieu du canal aurait eu un grave impact sur l’économie du pays, alors que le canal est une source majeure de revenus pour l’économie locale, d’une valeur de plusieurs milliards de $ par an. Une attaque contre le Canal de Suez et des sites touristiques dans le pays aurait suffisamment affaibli l’économie du pays pour déstabiliser la réputation du régime dans le monde arabe.
Une source égyptienne importante a déclaré hier au journal Haaretz que “l’Egypte prendra des mesures énergiques contre quiconque menace sa sécurité nationale. Nous ne permettrons à personne de faire cela : le Hezbollah, l’Iran ou d’autres. Ils ont voulu frapper la sécurité nationale égyptienne, mais, par chance, nous les avons arrêtés et mis leur complot en lumière ”.
La même source dit encore que “ce n’est pas par hasard que le Hezbollah a tenté de s’en prendre au régime égyptien. Ils voulaient affaiblir notre position dans la région, et frapper notre économie et nos relations avec d’autres pays dans cette zone ».
Des sources sécuritaires israéliennes de premier plan ont déclaré hier que le Hezbollah apparaît clairement avoir eu pour but de frapper le régime d’Hosni Moubarak. Ils ont fait remarquer que les sites touristiques fréquentés par les Israéliens n’étaient qu’une cible secondaire pour le groupe. Les mêmes sources soutiennent que Moubarak est, maintenant, pleinement alerté de la gravité de la menace posée à la sécurité égyptienne. Une source importante a confié que « Moubarak comprend que l’Iran a transformé l’Egypte et le Sinaï en base avancée pour ses opérations. La question n’est plus de se demander s’il se sent concerné ».
La même source ajoute que la découverte du réseau débouchera sur une plus grande compréhension de l’Egypte concernant les préoccupations d’Israël, cependant, personne ne devrait s’attendre à un renforcement immédiat des efforts égyptiens pour contrer le trafic d’armes vers la bande de Gaza
Lire l’article en anglais : http://haaretz.com/