8.4.09

L'œil sur les implantations


Vue d'une implantation juive en Judée-Samarie.
Photo: Ariel Jérozolimski , JPost

L'administration Obama a profité du récent intermède politique israélien pour se concentrer sur la manière dont elle compte s'adresser à un gouvernement dirigé par Binyamin Netanyahou.

L'équipe du président américain a notamment voulu insister sur la nécessité d'œuvrer pour une solution à deux Etats. Une solution qui ne pourra jamais aboutir avec la construction de nouvelles implantations.

En effet, lors de sa première visite officielle en Israël en tant que Secrétaire d'Etat, Hillary Clinton a lourdement insisté sur ce point, en plus de condamner la destruction de maisons palestiniennes bâties sans permis de construire à Jérusalem.

Par ailleurs, à présent que l'administration Obama est enfin formée et qu'elle se montre prête à jouer un rôle important dans la région, les implantations ont de grandes chances être scrutées d'encore plus près.

Les spéculations vont bon train à Washington et les sources officielles tendent à prédire une position particulièrement sévère à l'égard des implantations.

A savoir : non seulement la fin de la construction mais aussi de la croissance naturelle de ces zones d'habitation juive. Le sort des implantations reste un objectif facile pour la nouvelle administration américaine puisqu'il s'agit du seul domaine dans lequel les résultats peuvent être très rapides.

Après tout, la confusion règne du côté de l'Autorité palestinienne, tandis que le Fatah et le Hamas continuent de se disputer le pouvoir.

Les roquettes pleuvent toujours sur le Néguev et rendent d'autant plus illusoire toute éventualité de concession territoriale dans un avenir proche.

En ce qui concerne Netanyahou, qui s'est montré particulièrement inquiet quant aux négociations de paix engagées par le gouvernement précédent et qui refuse encore de prononcer les mots "deux Etats pour deux peuples", d'autres obstacles font surface.

"Ils (les Américains) n'ont pas l'impression qu'il peuvent le forcer à signer un accord final", affirme un observateur du Proche-Orient à Washington. "Alors, ils tentent de le pousser sur d'autres terrains."

Et le terrain du gel des implantations pourra, au moins, empêcher la situation de se détériorer encore davantage selon l'équipe Obama. "Ils veulent au moins s'assurer que le statu quo ne pourra pas s'éroder", poursuit l'expert.

Le gel des constructions serait aussi peut-être le meilleur moyen pour Washington de gérer sa relation avec un gouvernement plutôt éloigné du partenaire israélien idéal - fortement ancré à droite et composé de partis ultra-orthodoxes et d'un ministre des Affaires étrangères taxé à plusieurs reprises de racisme.

Ouverture aux voix de gauche

Le camp Obama s'est montré soulagé de voir le parti travailliste rejoindre enfin la coalition.

Cela permettra notamment aux Etats-Unis de se sentir un peu plus tranquilles au moment de défendre la politique israélienne sur la scène internationale. L'adhésion de gauche devrait également faciliter les relations entre Jérusalem et quelques pays arabes modérés.

L'unique véritable manière de maintenir ces relations et de garder le plan de paix sur la table des négociations ne relèvera, en revanche, que d'un seul critère : le gel des implantations.

"Je pense qu'il s'agit de l'unique manière d'aboutir à quoi que ce soit", affirme un spécialiste de la région. A Washington, les rumeurs se confirment.

Ghaith al-Omari, directeur du Groupe de travail pour la Palestine basé dans la capitale américaine, évoque un véritable consensus autour de ce thème : "Le gel des implantations en tant que condition sine qua non d'une solution à deux Etats." Une position qui serait défendue par une grande partie des membres du Congrès, dont certains seraient très proches de Barack Obama.

"Ces déclarations ne viennent pas du camp habituel, mais de membres du Congrès, juifs et dont l'amitié envers Israël n'est pas un secret", ajoute-t-il.

"Rien ne sera plus efficace que de démontrer - par nos actes et non plus avec de simples mots - que nous sommes déterminés à exiger l'arrêt des constructions en Cisjordanie", a déclaré de son côté John Kerry, président de la commission sénatoriale des affaires étrangères.

Autre preuve flagrante de la détermination américaine : l'attention récente portée aux voix de la gauche israélienne - invitées à s'exprimer dans le cadre de conférences et de rencontres avec des représentants officiels de l'administration américaine.

Enfin, il est difficile d'ignorer la nomination de George Mitchell, chargé par Obama des affaires israélo-palestiniennes et dont l'un des rapports gouvernementaux appelle ouvertement à cesser la construction des implantations. Pourtant, rien n'est encore certain.

Nathan Diamant, directeur de l'Union orthodoxe (organisation américaine favorable au développement des implantations en Judée-Samarie), appelle à la prudence. "Beaucoup de rumeurs circulent, mais aucune décision n'a encore été prise d'un côté ou de l'autre", affirme-t-il. "Je préfère attendre de voir ce qui va réellement se passer plutôt que de tirer des plans sur la comète."

Du côté du Département d'Etat : la politique officielle au Proche-Orient reste en cours de discussion. Mais il est déjà très clair, selon les sources sur place, que la poursuite des implantations "n'aide en rien".