13.4.09

La Russie souffle le chaud et le froid




Par Julien Bahloul
pour Guysen International News




Les relations entre la Russie et l’Occident débutent-elles une nouvelle ère ? En effet la Russie vient d’annoncer dans un court laps de temps une amélioration des relations avec les Etats-Unis et un contrat d’armement inédit avec Israël.
Mais alors comment interpréter l’intention de la Russie de ne pas faire d’avantage pression sur l’Iran ?
Selon le ministre des Affaires étrangères russes Sergey Lavrov, les relations entre Moscou et Washington sont sur la bonne voie, même si ce dernier a précisé que la Russie faisait preuve d’un « optimise prudent » lorsqu’il s’agissait de ses liens avec Washington.

« Nous sommes satisfaits par la manière dont les choses se passent avec la nouvelle administration américaine. La confiance mutuelle s’était détériorée au cours des dernières années et cela prendra donc du temps pour la reconstruire. Mais nous avançons dans la bonne direction », a affirmé le ministre.

Les présidents Obama et Medvedev se sont rencontrés à Londres en marge du sommet du G20 et ont demandé à leurs équipes de négociations d’initier des actions pour réduire la présence des armes nucléaires dans le monde. Au terme de cet entretien, des officiels russes ont exprimé le souhait de voir Barack Obama renoncer au projet (initié par George W. Bush) d’installer un bouclier antimissile en Europe de l’Est.


Parallèlement à ce réchauffement Est-Ouest, la Russie a annoncé son intention d’acheter des drones israéliens dans le but d’améliorer l’efficacité de ses propres avions sans pilotes qui se sont illustrés par leur piètre performance durant la guerre contre la Géorgie en août dernier.

C’est la première fois que la Russie annonce un contrat d’armement avec Israël. Les relations entre les deux pays se sont sensiblement améliorées depuis la fin de Guerre Froide durant laquelle Moscou armait les ennemis d’Israël.
Toutefois les rapports sont toujours restés complexes entre les deux pays en particulier à cause du soutien russe à l’Iran et de l’invitation officielle lancée à des dirigeants du Hamas en 2006.

Le vice ministre russe de la Défense, Vladimir Popovkin, a confirmé la signature de ce contrat entre Jérusalem et Moscou sans préciser le nombre d’avions concernés.
« Je me suis rendu en Israël et j’ai vu à l’œuvre ces drones », a-t-il dit selon des propos rapportés par l’agence de presse RIA-Novosti.

Selon V. Popovkin, la Russie n’a pas l’intention d’utiliser au combat les appareils israéliens. L’armée souhaiterait plutôt les acquérir à des fins scientifiques. Ses propres drones sont en effet défaillants et obsolètes. A l’inverse, les drones israéliens dont s’était servie l’armée géorgienne pour combattre la Russie avait impressionné Moscou.

Compte tenu de ces deux évènements majeurs pour les amateurs de géopolitique, on aurait pu croire à un réel changement de la politique russe, mais tel n’est pas le cas.
En effet, S. Lavrov a affirmé samedi 11 avril que son gouvernement n’avait pas l’intention d’être plus sévère vis-à-vis de l’Iran pour s’attirer les faveurs de Washington.

« L’Iran est notre voisin. C’est un pays qui peut jouer un rôle très important dans la résolution de plusieurs conflits internationaux comme en Afghanistan, en Irak et dans le reste du Moyen-Orient », a-t-il dit.
« Nous ne fermons pas les yeux sur les vrais problèmes, notamment le programme nucléaire. Mais il serait irréaliste d’attendre de notre part que nous accroissions notre pression sur l’Iran au-delà de ce que nous avions convenu », a-t-il ajouté.

Des déclarations qui montrent bien que les relations internationales n’évoluent pas au grè des changements d’administrations américaines.