Par Frank J. Gaffney Jr.
http://www.washingtontimes.com/article/20080506/COMMENTARY03/145808170/1012/COMMENTARY
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
Même les Américains, familiers des accommodements croissants de l’Europe avec l’idéologie totalitaire connue soit sous le nom d’islamisme, de jihadisme ou d’islamo-fascisme, tendent d’un air suffisant à croire que la même chose ne peut pas se produire en Amérique. Songez-y de nouveau.
Chaque jour, une nouvelle preuve sort, de semblables actes de soumission – les islamistes appellent cela « dhimmitude* » - de la part du gouvernement des USA, des juges, de la presse et des principales corporations. Eurabia* va à la rencontre des Etats-Unis d’Amerabia.
Le 4 mai, une alerte menaçante a sonné dans un éditorial du media ‘Pajamas’, rédigé par Youssef Ibrahim, ancien journaliste du ‘New York Times’. M. Ibrahim est un fin critique des efforts constants, infatigables et de plus en plus efficaces des islamistes, pour imposer – sur les Musulmans comme sur les non musulmans – le projet politique théo-politico-légal qu’ils appellent la loi de la sharia. Il a prévenu que « dans la guerre même contre le terrorisme, une dispute bruyante sur le thème « les combattre là-bas [au Moyen-Orient, Ndt] de façon à ne pas avoir à les combattre chez nous, masque une vérité toute simple : à savoir que « ils » sont déjà là. De fait, les islamistes s’activent à construire une aile du jihad dans l’arrière cour de l’Amérique ».
Au sein du plus préoccupant du « ils » opérant aujourd’hui au sein des USA, il y a divers fronts d’organisations établies systématiquement par le mouvement islamiste connu sous le nom « d’ Ikhwan », ou les « Frères Musulmans ». Pendant le dernier procès fédéral de l’année, contre la « Fondation pour la Terre Sainte » sur des accusations de financement du terrorisme, le gouvernement a fait la preuve des nombreux résultats sous des noms tels que les Fronts Ikhwan. Identifiés aussi comme complices des conspirateurs, il y a avait pratiquement chacune des organisations musulmanes américaines les plus importantes, dont le notable « Conseil pour les Relations Islamo-Americaines » (CAIR, Ndt), la Société Islamique d’Amérique du Nord (ISNA, Ndt), et le Conseil Musulman pour les Affaires Publiques (IMPAC, Ndt).
Des procureurs ont aussi présenté ce qui se présente comme une déclaration de mission. Selon un memorandum du groupe en 1991 : « Le processus d’implantation de l’islam en Amérique du Nord, est un processus de « civilisation jihadiste », selon le plein sens du mot. L’Ikhwan doit comprendre que tout leur travail en Amérique est une espèce de grand jihad pour l’élimination et la destruction de la civilisation occidentale de l’intérieur, en « sabotant » leur misérable maison de leurs mains mêmes et par les mains des croyants ».
Soyons clairs : Cela n’est pas le projet de tous les Musulmans, sûrement pas de tous les Musulmans Américains. Pourtant, nous ne pouvons ignorer en toute sécurité que les partisans des « Frères Musulmans » ont un tel objectif – sans parler de notre propre participation pour contribuer à un tel évènement.
Ecrivant sur le Manifeste des « Frères Musulmans » dans le journal ‘Dallas Morning News’ en septembre dernier, l’éditorialiste Rod Dreher observa : « le projet entier sur 18 pages soulignait un plan à long terme. Il prescrit que l’ensemble du plan des Frères Musulmans enfonce ses racines dans la société civile. Il commence aussi bien par trouver et en contrôler les organisations musulmanes américaines, au nom de l’unification et de l’éducation de la communauté musulmane d’Amérique – de façon à préparer l’établissement d’un Etat islamique mondial gouverné par la sharia ».
Hélas, au cours des 17 années passées, l’Ikhwan a réussi au-delà de ses rêves les plus fous. Des groupes tels que CAIR, ISNA et MPAC ont parcouru à grandes enjambées ce que M. Ibrahim appelle « la tâche commune d’instiller la notion parmi les Arabo-américains, ou les communautés d’immigrants européens de pays musulmans, qu’ils ne font pas partie des sociétés laïques multiculturelles. « Les fronts des Frères Musulmans ont aussi pénétré et exercé une énorme influence sur les agences gouvernementales des USA responsables de comprendre et de contrer la menace islamiste.
La place limitée empêche de citer plus d’une poignée d’exemples : le FBI autorise CAIR à apporter « une formation à la sensibilité » de ses agents. Le renseignement des USA recrute activement dans les conférences d’ISNA et d’autres fronts d’ Ikhwan. L’un des admirateurs d’ISNA hautement placé, le ‘consigliere’ Hisham Islam du chef adjoint du Pentagone Gordon England, a été autorisé à chasser l’expert en islamologie de l’Etat Major Interarmées des Commandants en chef, Steven Coughlin, pour avoir alerté sur de telles pratiques.
Plus récemment, deux agences fédérales essentielles – le Département d’Etat et le Département de la Sécurité Intérieure – ont encouragé des officiels américains d’éviter, en décrivant nos ennemis, l’utilisation de mots tels que jihadiste, mudjahid, terroriste islamiste, islamiste, saint guerrier du jihad et islamofascisme. Selon un article de l’agence ‘Associated Press’, le gouvernement est supposé, d’utiliser le terme « d’extrémiste violent », au lieu de « terroriste ». Les deux sont des termes largement compris qui définissent comme il se doit nos ennemis, et leur refusent en même temps le moindre degré de légitimité. (Evidemment, le Président Bush n’a pas saisi le mot comme lorsqu’il utilisait ce qu’Andy McCarthy appelle le « J-Word** » dans sa conférence de presse à la fin avril 2008).
Ce stupéfiant acte de dhimmitude confirme la thèse de Steven Coughlin : l’ennemi a si profondément pénétré à l’intérieur de notre processus de décision, qu’il nous exclut de la compréhension de sa vraie nature et de sa doctrine menaçante. En offrant à l’Ikhwan une telle opportunité, nous avons rendu ce pays, en pratique, incapable de s’opposer à nos ennemis à l’étranger – sans parler d’ici chez nous.
Heureusement, une parlementaire courageuse, la Républicaine Sue Myrick, de Caroline du Nord, s’est mise en avant pour défier l’émergente « Amerabia ». Elle a dévoilé un programme en 10 points qui exige, entre autre choses : des enquêtes sur la pénétration d’Ikhwan dans nos prisons et dans le corps des aumôniers militaires ; une enquête sur la légitimité du statut d’exemption fiscale de CAIR ; des actions correctives en ce qui concerne les nombreuses politiques mal avisées vis-à-vis de l’Arabie saoudite ; et de s’occuper de la nature séditieuse des menaces islamistes contre notre gouvernement et notre peuple.
Pour sa capacité à diriger et sa détermination exemplaires à résister à la dhimmitude nationale, cet éditorial décerne à Mme Myrick sa récompense convoitée « Horatius (ou, pour la première fois, Horatia) sur le pont*** », pour sa volonté - comme le Romain légendaire – de s’opposer seule aux hordes ennemies, pour essayer de sauver son pays.
Nous espérons que d’autres viendront s’ajouter à sa liste, pour assurer le plus de soutien possible à ses efforts.
Frank J. Gaffney Jr. est président du ‘Centre pour la Politique de Sécurité’ et éditorialiste au ‘Washington Times’.
Notes du Traducteur
* Dhimmitude et Eurabia sont en réalité des néologismes créés par l’Historienne Bat Yeor, qui a publié récemment un ouvrage traduit en plusieurs langues, dont une version française : « Eurabia, l’Axe Euro-Arabe », après avoir publié « La Dhimmitude : où les civilisations s’effondrent », réédité récemment en français.
** J-Word le mot non dit ‘J’pour jihad
*** Horace sur le pont : Romain d’un courage héroïque et d’une force exceptionnelle, qui défendit seul l’accès à la ville de Rome naissante sur une rive du Tibre, en empêchant les troupes Etrusques en grand nombre, de traverser le pont qu’il gardait seul.