12.5.08
LE LOBBYING NUCLEAIRE DES MOLLAHS EN FRANCE
Depuis un certain temps, le régime des mollahs qui est accusé de ne pas appliquer les règlements du Traité de Non Prolifération a décidé d’inverser l’accusation. Le TNP est basé sur la discrimination volontairement consentie par les signataires entre les EDAN (Etats dotés d’armes nucléaires) et les ENDAN (Etats non dotés d’armes nucléaires). Selon les mollahs, ce sont les EDAN, qui accusent l’Iran, qui ne respectent pas ce traité. Le thème revient régulièrement dans les discours nucléaires ou diplomatiques des mollahs et grâce à des complicités locales, il débarque en France.
En effet, les mollahs ont trouvé des alliés au sein d’une association de la Charente maritime : l’« Action des citoyens pour le désarmement nucléaire » ou « ACDN » qui s’est donné pour mission d’organiser des conférences sur ce thème cher aux mollahs. Les premiers contacts ont eu lieu en 2006 lors de la 2nde Conférence sur le désarment organisée par l’ACDN à Saintes. Sur l’invitation des organisateurs, les mollahs ont envoyé à Saintes un employé de l’ambassade iranienne pour sonder le terrain. L’approche très anti-américaine et anti-israélienne de cette association a séduit les mollahs.
Cette année, les mollahs ont expédié à la 3ème édition de cette conférence, leur ambassadeur en France, Ali Ahani avec un livret de 11 pages [1], distribué sur place, sur le double thème du respect par l’Iran du TNP et de la violation par les Etats dotés d’armes nucléaires de l’article 6 du TNP relatif à la nécessité de faire évoluer le TNP vers un traité de désarmement général et complet.
Le livret condamne la course aux armes nucléaires par les Etats-Unis et ses alliés (la France, la Grande-Bretagne et Israël), mais en revanche il épargne la Russie et la Chine, les deux Etats protecteurs des mollahs. Il explique que les activités nucléaires iraniennes sont pacifiques et se pratiquent sous une stricte surveillance de l’AIEA, ce qui est faux puisque les inspecteurs de cet organisme n’ont jamais accédé aux sites suspects. Et finalement il insiste sur le fait que le nucléaire est un droit (comme les droits de l’homme) !
Normalement ce discours aurait dû faire tiquer l’ACDN qui est proche du Réseau « Sortir du nucléaire » et faire capoter la conférence. Mais c’est mal connaître Jean-Marie Matagne le fondateur de l’ACDN : il est l’auteur avec Michel Rocard de la lettre ouverte, « Appel aux Européens : Empêcher la guerre contre l’Iran », qui avait été publiée le 16 novembre 2007 par Libération.
Dans cette lettre, il était abondamment question du respect de l’article 6 du TNP, mais aussi d’accorder « plus de délais » aux mollahs, afin d’« aboutir à une solution globale de paix et de sécurité pour tous les Etats et tous les peuples du Moyen-Orient ».
Des délais et des garanties de sécurité pour les mollahs : les lobbyistes revêtent différents habits et ont des discours variés, mais au final, ils s’accordent sur les revendications. Il va sans dire que les signataires pacifistes ne parlaient pas du terrorisme des mollahs qui est la principale cause de l’instabilité au Moyen-Orient.
Le maintien de la conférence s’explique donc : il ne s’agissait pas d’une erreur de jugement de Jean-Marie Matagne ou d’un excès d’anti-américanisme, mais d’une collaboration active et continue avec le régime des mollahs, une collaboration où la lutte contre la prolifération devient un prétexte au lobbying. Les mollahs suivent l’exemple soviétique : utiliser des réseaux faussement pacifistes ou anti-nucléaires pour gagner le combat de l’opinion.
Cependant, dès l’annonce de la participation de l’ambassadeur, deux associations saintaises, Adhéos (défense des homosexuels) et le Comité Laïcité République 17, mais aussi deux membres de la majorité municipale de gauche Frédéric Hay (fondateur d’Adhéos) et Philippe Vias ont appelé au boycott.
Il convient de saluer doublement cette initiative. D’abord parce que Jean Rouger, le maire PS de Saintes a suivi leur appel, ne s’est pas déplacé à la conférence et a refusé de recevoir à la mairie l’hôte de marque de la conférence, mais aussi parce que l’appel au boycott a mis dans le pétrin l’organisateur Jean-Marie Matagne. Ce dernier a en effet maintenu la conférence au nom du respect de parole de l’autrui, mais à ce titre il a dû également s’engager que l’ambassadeur réponde à toutes les questions de la salle sur l’Iran !
Si l’on croit Dominique Paries, rédacteur en chef du Sud Ouest de Saintes, l’ambassadeur a fait un bide face à des militants de gauche en soutenant que Ahmadinejad n’avait jamais proféré de propos hostiles à Israël, qu’en matière des droits des femmes, l’Iran comme la France devaient faire des progrès dans ce domaine ou encore que le sort des homosexuels iraniens ne regardait vraiment pas les occidentaux.
S’il est réjouissant de voir Ahani mis à l’échec par une soixantaine de citoyens sincères, il convient de rester très vigilent car ce lobbying à base de la violation de l’article 6 du TNP n’est qu’à ses débuts. En effet, il est au cœur de la politique nucléaire des mollahs puisqu’il figure en bonne place dans le paquet de contre-propositions que les mollahs doivent soumettre bientôt aux médias.
WWW.IRAN-RESIST.ORG