10.5.08

La main mise du Hezbollah sur une bonne partie du Liban n'a rien d'un mouvement d'humeur…

Par Mati Ben-Avraham
in israelvalley


Le Premier Ministre libanais, Fouad Siniora a dénoncé, samedi, l’agression (c’est le mot) perpétrée par le mouvement chiite pro-iranien contre la population sunnite.

Pour des oreilles israéliennes, ce ne fut pas rien que de l’entendre affirmer : “…Jusqu’ici, j’ai toujours pensé que le seul danger pesant sur la souveraineté nationale était Israël. Je ne m’attendais pas à ce qu’il provienne de mes frères!”


La première question qui s’impose est de savoir si Fouad Siniora est un grand naïf. Enfin, ce n’est ni d’hier, ni d’avant-hier que le leader de la communauté druze, Wallid Jumblatt dénonce les intentions du Hezbollah, sous tutelle iranienne et, par ricochet syrienne, à savoir la prise du pouvoir.

Et puis, que les Iraniens et les Syriens visent à s’accaparer le pays des cèdres, l’un pour s’offrir une fenêtre (de tir?) sur la Méditerranée, l’autre d’augmenter à moindre prix son PIB en donnant corps à une vielle lubie idéologique, ne relève plus de la simple l’hypothèse de travail.

La mise en place d’un réseau d’écoutes hautement sophistiqué à l’échelon national, additionnée d’un système de surveillance de l’aéroport international de la capitale, en témoigne éloquemment.

Reste à savoir, et c’est la deuxième question d’importance, si le partage de la souveraineté libanaise se fera bien de manière équitable : à Téhéran le plan politique et militaire, à Damas le fric. En clair, si la Syrie a misé sur le bon cheval. La furie hégémonique chiite ne laisse guère de place au partenariat. Peut-être bien que (supputation gratuite) le président Bechar El Assad craint, quelque part, de se retrouver en dindon de la farce. D’où ses caresses furtives sur le dos de la main israélienne.

Autre question : et la communauté internationale dans tout ça, occidentale et arabe sunnite? Des condamnations fermes. Des incitations au dialogue entre frères ennemis. Des mots, quoi! Nul n’a osé se lever pour lancer un ultimatum sans fard à l’Iran et à la Syrie. De dire : Stop. De menacer, donc, d’intervention directe, si l’ordre n’était pas donné au Hezbollah de rentrer dans le rang, s’il ne désarmait pas ses milices, si ses immenses stocks d’armes (mitrailleuses lourdes, roquettes anti-chars, missiles sol-sol, sol-air) n’étaient pas remis entre les mains de l’autorité élue du pays. Car, pour l’heure, sauver un Liban démocratique, implique de mettre fin à cet Etat dans l’Etat qu’est le mouvement shiite islamique. Un mouvement qui s’est inventé une menace israélienne sur l’intégrité territoriale libanaise pour justifier ses activités militaires.

Et l’armée libanaise? Son rôle de garant des institutions légales du pays est-il encore tenu? La neutralité prônée par son chef, le général Suleyman, candidat à la présidence de l’Etat, penchant légèrement côté intégriste, est-elle de mise dans ce qui est considéré, à l’intérieur même du pays, comme une tentative de coup d’Etat? Et qui ne sait que la neutralité ne profite qu’au plus fort?

Et Israël, enfin! Primo, il est souligner que l’actuelle démarche du Hezbollah s’apparente à celle du Hamas dans la bande de Gaza. Secundo, il est clair que le gouvernement israélien n’interviendra au Liban que si la sécurité de ses citoyens du nord est menacée. Mais il est tout aussi évident que le ministre de la Défense, Ehoud Barak, n’entend pas laisser le Hezbollah reconstituer son infrastructure militaire dans le sud. Or, c’est ce qui est en train de se faire. Des tonnes d’armes et de munitions affluent dans les anciennes caches. Le réseau d’observation et d’écoutes se remet en place. La FINUL le sait bien. En témoigne son dernier rapport au Conseil de sécurité qui dénonce, preuve à l’appui, la violation systématique par le Hezbollah des deux dernières résolutions issues de la confrontation de l’été 2005. Conclusion côté israélien : …si vis pacem, para bellum!—