28.5.08

LES " ACCROCS " UTOPISTES DE LA PAIX

Caroline Glick
JERUSALEM POST
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

Les arguments contre un retrait israélien des Hauteurs du Golan sont si évidents en eux-mêmes qu’ils vous échappent tout bonnement des lèvres. Mais cela ne signifie pas qu’il n’est pas nécessaire de les formuler. C’est particulièrement le cas quand des gens supposés sérieux comme l’ancien chef d’Etat Major Général de Tsahal, le Lt. Gen. (ret.) Dan Halutz - co-architecte du désastre stratégique qu’a été la Seconde Guerre du Liban - défend le retrait en échange de la « paix ».

Allons y.

Depuis la Guerre du Kippour en 1973, les Hauteurs du Golan ont constitué la frontière la plus tranquille et la plus stable d’Israël. C’est en grande partie parce que les Syriens savent que depuis les Hauteurs du Golan, la route de Damas est grande ouverte.

Un retrait israélien des Hauteurs du Golan déstabiliserait la frontière en retirant à Israël sa capacité de dissuasion offensive contre la Syrie. Puisque la nature a horreur du vide, la capacité de dissuasion d’Israël serait transférée entre les mains du dictateur syrien, et vassal iranien, Bashar Assad et ses acolytes. De plus, suite à une cession israélienne des Hauteurs du Golan juste après la consolidation de l’emprise de l’Iran sur le Liban, le régime d’Assad sera triomphant. Sa décision de jouer le sort de son pays avec l’Iran sera perçue comme un acte de brillante direction de l’Etat.

Alors qu’on ignore quel délai serait nécessaire avant que la Syrie ne prenne avantage de la nouvelle situation pour initier une agression contre Israël, il est clair qu’un retrait israélien soulèverait d’immenses tensions. Et ces tensions trouveraient le reste du territoire israélien plus vulnérable que jamais auparavant à une attaque irano-syrienne.

Aujourd’hui, la Syrie a déjà la capacité d’attaquer tout Israël avec des Scud et ses missiles balistiques Nodong. Mais alors que ces missiles peuvent terroriser et tuer des citoyens israéliens, leurs systèmes de guidage sont généralement considérés comme trop primitifs pour leur permettre d’être déployés avec succès contre des cibles tactiques et stratégiques. La possession des Hauteurs du Golan permettrait à la Syrie d’utiliser des armements plus conventionnels pour atteindre plus précisément les positions de Tsahal, des dépôts d’armes, et attaquer des formations dans tout le Nord d’Israël. Aussi l’une des conséquences de la cession des Hauteurs du Golan par Israël serait une montée vertigineuse du prix du sang, comparée au prix du retrait des Hauteurs du Golan qu’Israël serait obligé de payer pour gagner toute bataille militaire future contre le Hezbollah ou la Syrie, vassaux de l’Iran. En effet, cela minimiserait le lourd tribut qu’Israël a payé pour la victoire de 1967 et 1973.

Le coût d’une renonciation au Golan ne serait pas seulement payé par Israël. Avec la Syrie contrôlant le Golan, Damas et ses alliés de l’axe iranien voudront encore plus s’affirmer sur les champs de bataille comme ceux de l’Irak. Leur volonté renouvelée de combattre limiterait encore plus la possibilité pour les USA de retirer leurs forces d’Irak sans risquer la perspective de voir celui-ci aspiré dans l’orbite de l’Iran.

De plus, avec les options stratégiques d’Israël massivement réduites suite à la cession des Hauteurs du Golan, les Iraniens auraient beaucoup moins à craindre qu’Israël ne lance une contre-attaque dans l’éventualité d’une attaque nucléaire sur Israël, ou une attaque préventive contre les installations nucléaires iraniennes.

Dans sa déclaration de samedi soutenant l’intention annoncée par Olmert de donner à Assad les Hauteurs du Golan, Halutz a déclaré : « Pour une paix réelle, il faut vouloir payer le prix réel ». Alors que cela est sans aucun doute un constat juste, c’est totalement inadapté. Chacun sait qu’Israël n’obtiendra pas une « paix réelle » d’Assad. De fait, il n’obtiendra même pas une paix simulée de celui-ci.

Pour comprendre pourquoi Israël peut s’attendre à ne recevoir absolument rien de la Syrie en échange des Hauteurs du Golan, il n’y a pas besoin d’observer plus loin que le dernier grand traité de paix de la Syrie avec un voisin. En 1989, la Syrie a accepté de retirer toutes ses troupes du Liban suivant les accords de Taëf, qui mirent fin à la guerre civile libanaise. Inutile de dire que les troupes syriennes poursuivirent leur occupation illégale du Liban pendant les quinze années suivantes, et continuent encore aujourd’hui de bloquer l’indépendance libanaise en armant le Hezbollah.

Ou bien considérez le traité « réussi » d’Israël avec l’Egypte, suivant lequel l’Egypte a reçu la totalité de la péninsule du Sinaï en échange de la signature d’un traité de paix avec Israël. Du fait de la volonté de l’Egypte de signer l’accord, la dictature d’Hosni Moubarak a été appréciée comme régime modéré et amical par les USA, comme l’a été Israël. Et pourtant, sans aller en guerre contre Israël depuis la signature du traité de paix, l’Egypte a fait pratiquement tout ce qui était en son pouvoir pour mettre en péril la sécurité d’Israël.

Lors de la réunion du cabinet dimanche, le directeur du Shin Bet, Yuval Diskin a prévenu le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai que le Hamas détient des missiles ayant une portée assez longue pour atteindre Ashdod et Kyriat Gat. Diskin a ajouté qu’avec une frontière rompue entre Gaza et l’Egypte, le temps travaille en faveur du Hamas. Chaque jour passant dans l’inaction israélienne, le Hamas importe de plus en plus d’armements sophistiqués.

A côté de l’Iran, qui est la source majeure des armes du Hamas, l’Egypte en a fait plus que tout autre pays pour permettre la guerre des missiles du Hamas contre le Sud d’Israël, et son contrôle sur Gaza de façon générale. Comme le député à la Knesset Yuval Steinitz l’a remarqué à plusieurs reprises au cours des années passées, ces missiles ne sont pas apparus par magie à la frontière entre l’Egypte et Gaza. Ces armes iraniennes sont transportées sur des bateaux à travers les eaux égyptiennes qui bordent les ports égyptiens. Les armes sont alors déchargées sur des camions qui traversent par la route le pays avant d’atteindre Gaza.

Les forces de sécurité égyptiennes pourraient intercepter ces armes en tout point le long de leur parcours. Mais elles traversent sans encombre, parce que l’Egypte veut que le Hamas détienne ces armes pour attaquer Israël et maintenir la frontière déstabilisée.

Si c’est ce qu’Israël obtient de nos amis égyptiens supposés modérés, que peut attendre Israël de nos ennemis syriens radicaux ? Ici, il faut remarquer que la Syrie empêche toujours l’Agence Internationale de l’Energie Atomique (AIEA) d’envoyer des inspecteurs pour contrôler le site du réacteur nucléaire construit par les Nord-Coréens en Syrie, et qu’Israël a détruit le 6 septembre dernier. De nouveau, si la Syrie traite l’ONU de cette façon, comment traitera-t-elle Israël après qu’on lui ait abandonné la capacité de menacer la capitale syrienne ?

Suivant tous les inconvénients évidents par eux-mêmes de cette proposition d’Olmert de céder les Hauteurs du Golan à la Syrie, il est évident que le plan est ridicule. De même, à la lumière du danger massif qu’un tel retrait entraînerait, les avocats du retrait comme Halutz se révèlent être de parfaits idiots.

Mais le fait que cela soit vrai ne diminue pas la chance qu’Israël puisse encore abandonner les Hauteurs du Golan si ceux qui défendent cette politique restent au pouvoir et continuent de jouir d’une respectabilité publique. La réalité a peu compté dans le discours politique et stratégique d’Israël dans les années récentes.

La folie de transférer le contrôle du Sud Liban au Hezbollah en 2000, et de donner Gaza au Fatah et au Hamas en 2005 était simplement aussi évidente que la folie de céder les Hauteurs du Golan en 2008. De plus, la folie de transférer le contrôle sur Gaza et la Judée et la Samarie à l’OLP était évidente pour tout ceux ayant des yeux pour voir dans les années 1990. Pourtant, même si les opposants à ces fiascos stratégiques ont donné ces arguments jusqu’à ce que leur visage bleuisse, Israël s’est tout de même retiré.

Pendant ce temps et encore aujourd’hui, se tenant contre ces voix de saine réalité, il y avait des voix prêchant une paix utopique. Des hommes et des femmes comme Yossi Beilin, Shimon Pérès, Yitzhak Rabin, Shulamit Aloni, Tzipi Livni, Yuli Tamir, Sheli Yachimovich, Amnon Shahak, Uri Saguy, Ehud Barak, Ariel Sharon, Ehud Olmert et leur choeur des agents de la « paix » dans les media, ont fustigé tous les partisans d’une politique fondée sur la réalité, comme rien de plus que des fanatiques de la peur, et des ennemis de la paix, presque indiscernables des semblables du Hezbolah, du Hamas et de tout le reste.

Bien sûr, les voix de la raison étaient à chaque fois les bonnes, et ne furent jamais remerciées pour leur sagesse. De fait, ils continuent jusqu’à ce jour à être condamnés comme des fanatiques de la peur.

En dépit du fait que les ‘accrocs’ de la paix utopique ont eu tort à chaque occasion, ce sont toujours ceux-là à qui on donne la parole à la télévision et à la radio, pour défendre la capitulation d’Israël sur chaque front imaginable. Même quand les cimetières s’emplissent des cadavres carbonisés d’Israéliens tués à cause de leur folie utopique, ils sont toujours fêtés comme des experts, des sages, et des hommes d’Etat expérimentés.

Le seul signe d’espoir de changement se trouve dans la réaction du public israélien au débat public actuel, mal informé, sur le nouveau plan d’Olmert de céder à Assad les Hauteurs du Golan.

Dans le passé, à chaque fois que le gouvernement lançait des négociations, ou appelait simplement à une cession unilatérale de territoire, les sondages d’opinion révélaient une ascension immédiate de quelques 20 points dans le soutien public à l’initiative. Les sondages aujourd’hui suggèrent que le soutien public à un retrait des Hauteurs du Golan a diminué depuis qu’Olmert a annoncé qu’il négocie leur cession.

Si au cours des négociations passées et des retraits planifiés, des politiciens ont bénéficié du soutien de 45 % des Israéliens, aujourd’hui Olmert dispose seulement du soutien de 22 % des Israéliens pour l’abandon des Hauteurs du Golan.

Le fait que les Israéliens réagissent négativement à des gens comme Olmert et Halutz et à leurs retraits défendus pour la « paix », peut simplement être une conséquence du mépris du public, spécialement pour ces hommes. C’est-à-dire qu’il est possible que le public soit plus partisan d’une capitulation envers la Syrie si des dirigeants plus populaires comme l’ancien premier ministre Ariel Sharon la défendaient.

Mais il est aussi possible que le public en ait finalement assez de ces moulins à paroles utopistes et de leur projet politique de capitulation. On ne peut qu’espérer que c’est bien le cas. Parce que alors qu’Israël ne sera pas détruit si ses chefs sont assez stupides pour renoncer aux Hauteurs du Golan, sans les Hauteurs du Golan, les chances d’Israël à long terme seront largement amputées.

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