16.6.08

I HAVE A DREAM

Je rêve le monde solidaire de l’Etat d’Israël.

Je l’imagine qui préfère la Jérusalem tolérante et multiconfessionnelle à l’Al Quds qui urinait sur les stèles juives.

Privilégie l’accomplissement de la Terre promise au mythe de la Terre volée.

Répute légitimement acquis les territoires conquis au terme de guerres défensives.

Commémore la Shoah et répudie l’imposture d’une symétrie avec la Nakba comme celle d’une équivalence entre la Loi du Retour et le droit au retour.

Je le rêve encore

choisir le nom de Judée Samarie à celui de Cisjordanie pour berceau du futur Etat de Palestine.

Renoncer à la tromperie d’un destin politique commun aux Arabes de Judée Samarie et de Gaza.

Intégrer que la bande partage aussi une frontière avec sa mère biologique, culturelle et spirituelle, l’Egypte.

Condamner les assassinats collectifs de civils et refuser toute tribune au racisme antisémite des terroristes islamistes.

Bannir tous les acteurs au service du mensonge d’un obus israélien tiré sur une plage surpeuplée de Gaza, d’une urgence humanitaire dans la bande ou du viol commis par les soldats d’Israël sur des femmes palestiniennes ensuite sacrifiées sur l’autel de l’honneur familial.

Moquer la mise en scène du meurtre rituel d’enfants et mépriser la légende du siège d’une église occupée par des hommes en armes à Bethléem ou la fable nobélisée d’un génocide à Jenin.

Démasquer les organisations dont les membres masqués défilent le bras tendu à Gaza, Téhéran ou au Liban, ou impriment pour leurs enfants des livres qui leur feront longtemps préférer le culte de la mort au service de la vie.

Dénoncer le lien organique entre le credo politique du fondamentalisme islamiste et le racisme de l’idéologie nazie.

Réprouver mêmement les pulsions antisémites de la droite extrême et de la gauche radicale.

Je l’imagine aussi qui dédaigne l’exploitation et l’étalage indécents de la souffrance, ses cris trop bruyants et ses larmes trop brillantes, et partage dignement la douleur pudique d’un père qui enterre son fils.

Réapprend à distinguer l’extrémiste de l’activiste, le terroriste du résistant et le milicien du militant.

Demande des comptes à une cause qui s’abrite derrière ses enfants, femmes et vieillards dans les écoles, les marchés, les hôpitaux ou les mosquées pour viser d’autres enfants, femmes et vieillards.

Stigmatise les slogans des incendiaires et des indignés professionnels dans ses rues et sur ses plateaux de télévision, gratte et découvre sous leurs anathèmes la marque du ressentiment nihiliste, du préjugé haineux et d’une frivolité narcissique et esthétisante.

Renonce à questionner la légitimité morale de l’Etat d’Israël et son droit de jure à l’existence.

Convient que la création de l’Etat d’Israël signe l’acte de naissance de l’identité et des droits nationaux palestiniens.

Distingue la critique des gouvernements de l’Etat d’Israël de la critique de l’Etat d’Israël et conteste le boycott de ses livres.

Débusque l’inspiration et la pulsion antisémites dans les replis du discours antisioniste.

Confond le double langage des faux marchands de paix et fait la guerre à ceux qui font la guerre à la paix.

Je rêve ses dirigeants et faiseurs d’opinion applaudir à l’éthique et à la retenue d’une armée citoyenne qui répugne à tuer ses ennemis comme ceux-ci aiment sacrifier leurs enfants.

Proclamer comme le président américain à la Knesset que face au terrorisme et au Mal, leurs compatriotes sont tous juifs et Israéliens.

Déclarer que leur solidarité avec Israël est plus vitale encore que le pétrole qui étanche la soif de leurs voitures et avions, de leurs maisons et de leurs usines.

Faire résonner dans leurs villes la plainte longue et douloureuse d’une sirène le jour même où elle pétrifie les habitants de Jérusalem, Tel Aviv ou Sderot.

Rappeler les ambassadeurs des pays démocratiques en poste à Téhéran et déférer devant le TPI les génocidaires qui dirigent l’Iran et les organisations terroristes du Hamas et du Hezbollah.

Seconder activement Israël dans sa chasse aux derniers criminels nazis encore vivants.

Chasser de l’enceinte de l’ONU les guignols mandatés par les dictatures qui flétrissent sa charte et baptiser le cénacle ainsi assaini du nom d’ONUD, « D » pour « démocratiques ».

Installer dans le quartier des ambassades déménagées à Jérusalem, un Conseil des Droits de l’Homme débarrassé des caricatures qui moquent sa mission, et inclure la « Loi de Compétence Universelle » dans les attributions de la Cour Suprême d’Israël.

Applaudir à l’excellence économique, technologique et écologique d’Israël.

Je les entends enfin, les intelligences et les consciences du monde, prophétiser que ce n’est pas l’Etat d’Israël qui est la plus grande source de menace et d’instabilité pour la paix du monde, mais le manque de solidarité et d’empathie qu’elles lui ont témoigné ses premières 60 années d’existence.

Quand ce long rêve deviendra réalité et que les Palestiniens auront renoncé à emprunter, détourner et caricaturer les racines et les fidélités fondatrices de l’Etat d’Israël pour construire les mythes qui affirment leur légitimité, alors seulement ces Palestiniens devenus adultes auront leur Etat.

Alors seulement, cet Etat sera libre, indépendant, démocratique et pacifique.

Et le monde sera en paix. Avec lui-même.

En attendant, je vais compter jusqu’à 3.

1, 2, 3, je suis réveillé…

Isaac Franco, Bruxelles
Primo, Juin 2008