Par Guy Senbel
pour Guysen International News
Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur l’investiture par le Parti démocrate de Barak Obama à six mois des élections américaines, et ses conséquences sur la question de l’avenir de la politique étrangère américaine au Moyen Orient.
Bien entendu, la visite d’Ehoud Olmert aux Etats-Unis, ce qu’elle implique et ce qu’elle révèle, nous intéresse à plus d’un titre. Livré à la vindicte de la presse à scandales depuis le début de son mandat, le Premier ministre israélien place finalement assez correctement ses pions sur l’échiquier politique. Sa stratégie paye, chaque fois qu’il est inquiété sur le plan intérieur, il part à l’étranger ; il sait que l’avenir d’Israël se joue aussi hors de ses frontières, et il sait que le Président George W. Bush est prêt à modifier son agenda présidentiel pour accueillir à Washington l’homme qui porte le plan de paix au Moyen Orient.
Cet homme, qui sait l’importance de son impopularité, poursuit le programme pour lequel il affirme avoir été élu, en montrant aussi aux Israéliens qu’il a su resserrer les liens avec les Etats-Unis. Ses représentants, d’aujourd’hui et de demain, placent la question de la sécurité d’Israël au cœur de leur préoccupation ; dans la lignée de George W. Bush, John MacCain, le candidat républicain, était au mois de mars dernier en visite en Israël. Et mercredi 4 juin, Barak Obama, le candidat démocrate qui, à peine proclamé, a choisi de consacrer son premier discours devant l’AIPAC, le principal groupe d’amitié américano-israélien.
Après ses déclarations sur le Hamas et l’Iran au cours du mois de mai, maladroites pour les uns et inacceptables pour les autres, Barak Obama a revu sa copie. Ses thèses sur le nécessaire dialogue avec le Hamas ont volé en éclat dès lors que le candidat à l’investiture est devenu candidat à la présidence des Etats-Unis, « il n’y a pas de place à la table des négociations pour les organisations terroristes » a-t-il déclaré au congrès de l’AIPAC.
Pour Hillary Clinton, qui lui succédait sur scène, « Barak Obama sera un bon ami d’Israël ». Remarque peu flatteuse dans une Amérique qui use habituellement de superlatifs pour clamer son attachement à Israël. Barak Obama s’est pourtant montré catégorique sur le dossier du Moyen Orient. Pour ce qui concerne Israël, le candidat démocrate a par exemple affirmé que « Jérusalem devra rester la capitale d’Israël et devra demeurer indivisible ».
La déclaration est plutôt inattendue. Non seulement parce qu’il risque de mécontenter fortement les Palestiniens désireux de faire de Jérusalem Est la capitale de leur futur Etat, mais surtout parce que Jérusalem n’est pas reconnue comme capitale d’Israël par les Nations Unies. D’ailleurs l’ambassade américaine est toujours située à Tel Aviv, même si Jérusalem est considérée comme la capitale d’Israël sur le site internet du département d’Etat américain.
En s’attaquant à Téhéran, Obama a voulu montrer que les liens avec Israël sont « indestructibles », l’Iran reste « la plus grande menace pour Israël et pour la paix et la stabilité dans la région. Mon but sera d’éliminer cette menace » a-t-il déclaré.
Sur Jérusalem, Ehoud Olmert n’en demandait pas tant. Et tous les observateurs noteront le hiatus entre le plan de paix et ses « douloureux sacrifices » que le Premier ministre israélien est venu présenter au Président Bush, et la surenchère israélienne qui existe dans la campagne présidentielle américaine. Jérusalem est une capitale pour l’Amérique.
Il ne faudrait pas réduire ces propos amicaux à l’endroit d’Israël à un simple discours électoral. Il y a le vote juif qu’il faut séduire, certes, mais il y a aussi 300 millions d’Américains traumatisés par le terrorisme islamiste, hantés par le 11 Septembre, la décapitation de Daniel Pearl, inquiets de voir l’Iran déstabiliser l’ordre mondial, partagés sur la présence des troupes américaines en Irak.
Obama répondait aussi à MacCain qui lui reprochait quelques jours plus tôt son incompétence et son inexpérience en matière de politique étrangère. Ces déclarations montrent que le niveau des tensions internationales pèsera beaucoup pendant la campagne américaine. Elles montrent aussi que les gouvernements israéliens successifs, dont celui d’Olmert, ont réussi à sensibiliser l’Occident, mais aussi l’Asie et les pays modérés du Moyen Orient, au danger du terrorisme qu’insuffle l’Iran dans la région, et à la menace planétaire que représente un Iran nucléarisé. Son Président Ahmadinejad qui n’a pas manqué l’occasion de se rendre au sommet de la FAO, où il était invité, a annoncé encore une fois la fin proche et inéluctable de l’Etat juif.
Cette semaine, nous pensons à Guilad Shalit, Ehoud Goldwasser et Eldad Reguev, retenus en otage depuis 713 jours par le Hamas et le Hezbollah, deux organisations terroristes auxquelles l’Iran apporte un soutien sans faille.