9.6.08

LE CAIRE TENTE D'EFFACER L'HISTOIRE JUIVE EN EGYPTE

par Yael Ancri
in AROUTS SHEVA


Le gouvernement égyptien refuse de permettre à la Société historique des Juifs d'Egypte de consulter les archives concernant la communauté juive du pays. La Société historique a ainsi été contrainte de demander à l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO) d'intervenir.

La Société historique est constituée de Juifs du monde entier dont les familles ont été exilées d'Egypte à partir des années 50. D'après le président de la Société, Désiré Sakkal, près d'un demi million de Juifs originaires d'Egypte et leurs descendants vivent à l'extérieur de ce pays.

En 1948, environ 100 000 Juifs vivaient en Egypte, mais en 2007, ils n'étaient plus que 20 à 100.

Une autre organisation, le Congrès mondial des Juifs d'Egypte, œuvre également à obtenir la restitution des propriétés des Juifs exilés en 1948.

La Société historique des Juifs d'Egypte a demandé de recevoir ou d'au moins consulter les livres, certificats de naissance, divers certificats civils et 120 livres saints appartenant à la communauté. "C'est notre histoire, tout ce que nous possédons depuis des centaines d'années", a affirmé Sakkal.

Toutefois l'Egypte a refusé de remettre ces documents à la Société historique. Sakkal a expliqué que les Egyptiens craignaient de devoir payer des indemnités aux Juifs poussés à quitter l'Egypte sans leurs biens.

"Il est évident que l'Egypte tente de nier notre existence. Ils ont peur que si nous parvenons à prouver que nous sommes Egyptiens, que nous sommes nés ici, alors nos petits-enfants pourront venir un jour et réclamer ce qu'ils nous ont confisqué," explique Sakkal.

L'ambassade égyptienne a refusé de réagir à ces accusations.

La tension a recommencé à monter entre l'Egypte et Israël lorsque le 26 mai dernier, 45 Juifs d'un certain âge, nés en Egypte, se sont vus contraints d'annuler leur voyage de quatre jours en Egypte. Une véritable tempête médiatique a éclaté en Egypte, la presse prétendant que ce voyage avait pour réel but d'exiger la restitution des propriétés juives spoliées par l'Egypte.

Le 10 mai, le ministre égyptien de la Culture, Farouk Hosni, a affirmé au cours d'une conférence parlementaire : "Je brûlerai les livres israéliens moi-même si j'en trouve dans les bibliothèques égyptiennes".

En réponse aux propos acerbes de Hosni, la Société historique a envoyé mercredi une lettre au directeur général de l'UNESCO, Koichiro Matsuuro, en "dernier recours", comme l'a indiqué Sakkal.

La missive demande à l'organisation de "protéger cet héritage intangible des Juifs d'Egypte, en négociant avec M Hosni en faveur de la Société pour lui obtenir le droit de photocopier les registres en Egypte et de confier ces copies au centre de protection de l'héritage mondial de l'UNESCO."

Le porte-parole du directeur général de l'UNESCO, Muriel Depierrebourg, a affirmé que l'organisation n'avait pas encore reçu la lettre et ne pouvait donc pas encore réagir.