7.6.08

LA CANDEUR D'EL BARADEI

Caroline Glick
THE JERUSALEM POST
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Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

Le trait de personnalité dominant du Dr. Mohamed El Baradei est sa chutzpah (1). Deux semaines avant qu’Israël n’ait détruit le réacteur nucléaire construit par les Nord-Coréens en Syrie le 6 septembre dernier, El Baradei, directeur de l’Agence Internationale de l ’Energie Atomique (AIEA), se plaignait à la télévision australienne de la décision des USA d’augmenter leur aide militaire à Israël de 30 milliards de $ pour les dix prochaines années. Cette décision, disait-il, conduirait à une course régionale aux armements.

Pour ce qui concerne El Baradei, la diplomatie signifie n’avoir jamais à présenter ses excuses, et à toujours attaquer les gens qui se soucient vraiment de ce que vous pensez. Ainsi, il n’est pas surprenant que depuis qu’Israël a détruit l’installation d’al Kibar, El Baradei ait réservé ses attaques les plus acerbes non pas à la Syrie, dont on a démontré l’implication dans une prolifération nucléaire illicite, mais à Israël et aux USA.
Contrairement à Israël, la Syrie est signataire du Traité de Non Prolifération Nucléaire (TNPN). Cette semaine, lors de la réunion du bureau de gouverneurs de l’AIEA, El Baradei a discuté comment – en transgressant ses obligations à l’égard du traité – la Syrie a refusé les demandes de l’AIEA d’inspections du site bombardé, et de trois autres sites nucléaires suspectés dans le pays.
L’AIEA a demandé la permission d’inspecter al Kibar depuis septembre. Et depuis lors, Damas a ignoré les requêtes. Des photographies satellites ont montré que la Syrie a utilisé les mois intermédiaires pour construire une nouvelle structure au-dessus du réacteur détruit, pour le cacher. A l’évidence, Damas n’est pas à l’aise quant à la situation sur le terrain, parce qu’il a apparemment donné son accord aux inspecteurs de l’ONU pour visiter le site plus tard ce mois-ci.
La réponse retardée de Damas aux demandes de l’AIEA est le signal que la Syrie s’apprête à se montrer iréprochable quant à ses programmes nucléaires. Tout en autorisant les inspecteurs de l’AIEA sur le site modifié d’al Kibar, la Syrie a refusé les demandes de l’AIEA d’inspecter les trois autres installations militaires, où elle est soupçonnée de développer des armes nucléaires. Les experts nucléaires ont déclaré aux agences d’informations cette semaine que deux de ces sites sont opérationnels. L’un est soupçonné de disposer d’équipement qui peut retraiter du matériel nucléaire en cœur fissile de bombes nucléaires.
Mais El Baradei ne s’en soucie pas vraiment. A la réunion du bureau des gouverneurs cette semaine, il s’est contenté de la déclaration laconique suivante : « Damas a l’obligation de rapporter la planification et la construction de toute installation nucléaire à l’Agence ». Les pays qui lui tapent vraiment sur les nerfs sont Israël et les USA.
El Baradei s’est plaint amèrement que les USA aient attendu jusqu’en avril pour déclarer à l’AIEA ce qu’Israël avait bombardé en septembre dernier. Bien sûr, il a reproché à Israël d’avoir attaqué le réacteur nucléaire en premier.
Selon ses termes : « Il est hautement regrettable que l’information concernant l’installation n’ait pas été fournie à l’Agence dans un temps approprié, et que l’on ait eu recours à la force avant que l’Agence n’ait reçu l’opportunité d’établir les faits ».
El Baradei a dirigé l’Agence de surveillance depuis six ans. Sa direction de l’AIEA lui a valu le Prix Nobel de la Paix en 2005. Suivant l’anti-américanisme affirmé du comité Nobel, et l’adoption de terroristes et de leurs Etats parrains, le soutien du comité à El Baradei prend tout son sens. Car sous la conduite d’El Baradei, l’AIEA s’est consacrée à réaliser deux tâches. Elle cherche à être informée des programmes d’armements nucléaires illicites de régimes voyous, avant que ces programmes ne soient révélés dans les media et ne causent de l’embarras à l’AIEA ; et elle travaille ensuite à assurer que rien ne sera fait pour entraver les programmes nucléaires de ces régimes voyous.
S’il devait choisir entre le premier et le second objectif, El Baradei a fait savoir clairement qu’il choisira toujours de protéger les programmes nucléaires voyous – même s’ils sont cachés en pleine vue. Comme il l’a expliqué à la BBC en mai 2007, « je n’ai pas d’autre tâche que de m’assurer que nous n’allons pas vers une autre guerre, ou que nous perdons la tête au point de nous entretuer ».
Suggérant sa raison de cacher la recherche par l’Iran de la bombe atomique, il ajouta : « Vous ne voulez pas donner des arguments supplémentaires à de nouveaux cinglés qui diront : « Bombardons l’Iran » ».
Pour empêcher de tels « cinglés » d’agir, El Baradei lança en 2006 une attaque contre le Congrès des USA. Dans une lettre glaciale au Président de l’époque du Comité spécifique du Parlement sur le Renseignement, le Républicain Peter Hoekstra, El Baradei attaqua le rapport du comité sur le programme nucléaire de l’Iran, accusant l’Iran de développer des armes nucléaires, et accusant l’AIEA d’œuvrer à empêcher de tirer les conclusions sur la nature du programme nucléaire de l’Iran.
C’est à la lumière du travail incessant d’El Baradei pour protéger le programme nucléaire de l’Iran, et de sa campagne contre les Occidentaux souhaitant prendre des mesures concertées pour empêcher Téhéran d’acquérir des armes nucléaires, que le tout dernier rapport de l’AIEA sur l’Iran est si remarquable.
L’AIEA a soumis son dernier rapport au Conseil de Sécurité de l’ONU, et à son bureau de gouverneurs lundi. Loin de ses prédécesseurs anémiques, le dernier rapport fournit une preuve fumante.
Ce rapport cumule des preuves considérables impliquant les tentatives de Téhéran de développer des armes nucléaires. Il admet aussi que l’Iran n’est pas parvenue à répondre à la probation documentée des aspects militaires de son programme.
En particulier, le rapport de l’AIEA a noté que l’Iran construit des structures qui correspondent à la description d’un site nucléaire test. L’Iran a réalisé la conception du travail d’un véhicule de ré-entrée de missile. Elle a conduit des études pour construire une usine de conversion de l’uranium qui transformerait le « caramel nucléaire » en UF4, ou Sel Vert – processus vital pour la production d’uranium métal pour le cœur des armes. L’Iran a fait des progrès dans l’adaptation de ses missiles balistiques Shihab 3, à faire exploser à environ 650 mètres au-dessus de leurs cibles – capacité dont la seule utilité est destinée aux bombes nucléaires. Elle a développé et testé des détonateurs explosifs de jonction filaire, « applicables à un instrument pour implosion de type nucléaire ».
Le rapport de l’AIEA a aussi prévenu que la compagnie Kimia Maadan des Gardes de la Révolution Iranienne a été activement impliquée dans le programme nucléaire, de même que plusieurs autres firmes dirigées par l’armée iranienne. Ces firmes comprennent le Centre de Recherche de Physique, l’Institut de Physique Appliquée, l’Institut de Recherche Educative, et l’Organisation des Industries de la Défense.
Le rapport de l’AIEA est accablant. De fait, il semble étayer l’avertissement du Mossad que l’Iran pourrait disposer d’un arsenal atomique d’ici l’an prochain. Au minimum, il déplace la conversation internationale sur le programme nucléaire de l’Iran, de la question de savoir si l’Iran fabrique des bombes nucléaires à ‘quand l’Iran va-t-elle avoir des bombes nucléaires’.
La question soulevée naturellement à partir du rapport de l’AIEA est pourquoi El Baradei a-t-il donné son accord à sa publication ?
Suivant son objectif ouvertement déclaré d’empêcher qui que ce soit d’attaquer les installations nucléaires de l’Iran, la seule explication raisonnable au comportement d’El Baradei est qu’il est convaincu que les installations nucléaires sont en sécurité. Cela étant, El Baradei veut pointer le doigt sur l’Iran parce qu’il est sûr que ni les USA, ni Israël ne l’empêcheront d’acquérir la bombe.
Pour parvenir à cette conclusion, El Baradei n’avait pas besoin de plus de renseignement que les journaux du matin. En les lisant, il aurait vu que le renseignement américain et les cercles de la politique étrangère ont décidé de faire cadeau de la guerre partout ailleurs qu’en Irak. La capitulation des USA, qui a commencé avec la décision de l’administration Bush de se concilier la Corée du Nord l’an dernier, a atteint son plein développement avec la publication en décembre de « l’Estimée Nationale du Renseignement » (NIE) sur l’Iran, qui prétendait que celle-ci avait mis fin à son programme d’armes nucléaires en 2003.
Puis est venue l’adoption par l’administration Bush d’un Etat palestinien, selon ce que la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice qualifiait « d’intérêt vital pour les USA », dans son discours à la conférence sur la stratégie politique de l’AIPAC (2) cette semaine.
Après cela est advenu la chute du dictateur du Pakistan, et gardien de l’arsenal nucléaire du Pakistan, Pervez Musharraf. Comme la libération effective du Dr Mabuse du Pakistan, A.Q. Khan, de la maison d’arrêt cette semaine, et de la nouvelle cession « démocratique » du gouvernement pakistanais du Nord et du Sud Waziristan aux Taliban l’a démontré au cours des semaines récentes, le soutien des USA à Musharraf d’un côté, et l’incapacité à soutenir ou développer des forces anti-jihadistes dans la société pakistanaise, et dans l’armée pakistanaise, de l’autre, a mené à une situation où les USA n’ont personne vers qui se tourner aujourd’hui. Plutôt que de prendre des mesures pour sécuriser l’Afghanistan des Taliban basés au Pakistan, ou d’arrêter Khan, l’administration Bush s’est contentée de geindre et de supplier le nouveau gouvernement « démocratique » anti-américain et favorable du jihad, d’accepter davantage d’assistance militaire des USA.
Sur le front idéologique, les USA ont de même fait chavirer leurs efforts de guerre. En avril, le Département de la Sécurité Intérieure a distribué un mémo donnant pour instructions aux officiels américains d’utiliser les termes « islamique », « islamiste » ou « jihadiste » pour décrire l’ennemi des USA en guerre. De plus, le nouveau guide – que le Département d’Etat aurait aussi adopté avec bonheur – affirme qu’il est faux pour les USA d’utiliser le mot « Liberté » pour décrire ce qu’ils espèrent pour remplacer le jihad dans les sociétés musulmanes. A partir de maintenant, la guerre doit être décrite comme une campagne pour apporter le « progrès » au Moyen-Orient. Et la guerre n’est plus une guerre. C’est plutôt « la Lutte Mondiale pour la Sécurité et le Progrès ».
Mais tous n’ont pas été satisfaits avec la nouvelle terminologie orwellienne. La semaine dernière, le ‘Financial Times’ a rapporté que Charles Allen, sous-secrétaire d’Etat du Département à la Sécurité Intérieure pour le renseignement et l’analyse, a rédigé un mémo plaidant pour que le terme « Guerre au terrorisme » soit aussi abandonné. Selon lui, le terme crée une animosité envers les USA dans le monde musulman, ce qui automatiquement (et de façon incontournable) associe le terrorisme à l’Islam.
Et bien sûr, en donnant l’ordre aux officiels Américains responsables d’analyser le renseignement, et de conduire la diplomatie des USA, d’ignorer la nature de l’ennemi aussi bien que la contre idéologie américaine de la liberté, les USA ne font que suivre l’exemple de l’Union Européenne et de la Grande Bretagne, qui ont abandonné toute tentative d’apporter la rationalité dans les analyses de leur renseignement depuis longtemps. Comme ce sont les personnes responsables d’évaluer les données sur le programme nucléaire de l’Iran, El Baradei s’est probablement imaginé qu’il ne doit se soucier de rien.
A tout cela bien sûr, il faut ajouter les développements au Liban. Apparemment, la nouvelle politique des USA pour le Liban est d’ignorer le fait qu’il y a deux semaines, l’accord de Doha entre le Hezbollah et le gouvernement Siniora a transféré le contrôle du pays au Hezbollah, et à son Etat parrain, l’Iran. Dans son discours devant l’AIPAC, Rice a applaudi à l’accord de Doha comme à une « étape positive ». Plus tôt dans la semaine, lors d’une visite à Beyrouth, le sous-secrétaire d’Etat à la défense, Eric Edelman a annoncé que les USA ont l’intention d’augmenter leur assistance à l’armée libanaise, qui prend ses ordres au Hezbollah et en Iran.
Ainsi, à travers ses capitulations en série face à ses ennemis, les USA ont convaincu El Baradei que Washington s’est lavé les mains de la guerre.
Cela bien sûr laisse Israël seul.
Au cours des cinq années écoulées, les dirigeants d’Israël – d’Ariel Sharon à Ehud Olmert, Livni, Ehud Barak et Eli Yishaï – ont agi comme si le programme nucléaire de l’Iran était sous la responsabilité de quelqu’un d’autre. « Washington conduit la campagne contre l’Iran », a dit tout un chacun. En dehors de menaces équivoques périodiques, Israël n’a développé aucune initiative diplomatique cohérente, ni aucune stratégie politique coercitive pour empêcher vraiment l’Iran d’acquérir des armes nucléaires.
Israël ne peut pas plus longtemps s’illusionner en songeant que quelqu’un d’autre le protègera de l’annihilation. Le fait qu’El Baradei ne soit pas préoccupé que des « cinglés » attaquent l’Iran démontre au Peuple israélien que si nous voulons survivre, nous devons nous assurer que nos dirigeants comprennent bien que nous sommes seuls responsables de notre sécurité et de notre survie.

Notes du traducteur :
(1) Chutzpah = Insolence avec un zeste d’ironie et d’humour, comme toujours en Yiddish.
(2) AIPAC = American Israel Public Affairs Committee, le plus grand lobby pro-israélien aux USA.
Notons à ce sujet que contrairement à la France, des lobbys de toutes sortes interviennent très légalement aux pour y influencer la vie politique en particulier pour appuyer le vote de lois protectrices de leurs mandants.