22.6.08

LA SEMAINE LA PLUS SOMBRE D'ISRAEL

Par Caroline B. Glick
Jewish World Review
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©

La vente de liquidation du gouvernement Olmert-Livni_Barak-Yishai, en soldes des atouts stratégiques d’Israël a ouvert officiellement cette semaine. Les vassaux de l’Iran se sont jetés sur la marchandise. Le premier bien vendu était la sécurité du Sud d’Israël. Le « cessez-le-feu » du gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai avec le Hamas a transféré tout le pouvoir de déterminer le destin des résidents du Sud d’Israël au vassal palestinien de l’Iran.

Selon l’accord, le Hamas s’abstiendra d’attaquer Sderot, Ashkelon, Netivot et les Kibboutzim à l’entour aussi longtemps que cela servira ses intérêts. Puisque l’arrêt de ses attaques sur le Sud d’Israël est la seule chose que le Hamas a bien voulu accordée, il utilisera l’accalmie dans les combats pour construire son arsenal et ses infrastructures militaires à Gaza. Quand il aura suffisamment construit ses forces, ou quand ses suzerains iraniens lui en donneront l’ordre, le Hamas attaquera de nouveau le Sud d’Israël. Et quand il s’engagera de nouveau, on peut prévoir qu’il le fera avec des missiles d’une portée largement plus grande. Ainsi, sous couvert de « cessez-le-feu », le Hamas placera des centaines de milliers d’Israéliens en plus à sa merci.

L’accord du gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai avec le Hamas fait plus que de vendre la sécurité du Sud d’Israël. L’accord dépouille aussi Israël de sa capacité antérieure d’isolement diplomatique du Hamas. Le renouvellement de négociations de la part du Fatah pour une réconciliation avec le Hamas est une conséquence directe des actons d’Israël. A mesure que ces pourparlers se dévoilaient, il était clair pour tous ceux impliqués qu’ils ne conduiront à aucun accord de partage du pouvoir entre les deux parties.

Le Hamas détient aujourd’hui tout le pouvoir dans la société palestinienne. L’acquiescement par Israël au pouvoir du Hamas sur la sécurité des citoyens israéliens n’a fait qu’amplifier ce fait. Le chef du Fatah Mahmoud Abbas - qui ne peut même pas voyager à Naplouse sans la protection de Tsahal - n’approche pas le Hamas comme un égal, mais comme un suppliant.

De plus, la volonté d’Israël de permettre aux Gazaouis d’entrer en Israël, et son agrément au contrôle du Hamas sur le terminal international de Rafah qui sépare Gaza de l’Egypte, constituent la reconnaissance de facto par Israël du régime du Hamas à Gaza. Et la conséquence directe de la capitulation stratégique et diplomatique d’Israël devant le Hamas est que personne, que ce soit dans le monde arabe ou en Occident aujourd’hui, ne sera d’accord pour isoler ou boycotter le Hamas.

Mais apparemment, le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai ne s’en soucie pas. Les dirigeants d’Israël ne veulent vraiment pas que quiconque isole ou boycotte encore le Hamas. Les négociations prêtées au gouvernement concernant le déploiement d’une force exclusivement arabe de « maintien de la paix » à Gaza dans une phase ultérieure de « cessez-le-feu » montre clairement qu’Israël pousse à une légitimation internationale du Hamas.

Après tout, à la différence d’Israël, le Hamas n’autorisera jamais aucun gouvernement qui ne reconnaît pas sa légitimité à déployer des forces sur son territoire ou le long de ses frontières. Ainsi, toute force arabe déployée à Gaza ou le long de la frontière de Gaza devra reconnaître le régime du Hamas. Au-delà de cela, bien sûr, la défense par Israël d’une telle force indique que le gouvernement n’a aucun intérêt à s’y confronter un jour militairement, et est prêt à lier les mains de tout futur gouvernement israélien pour en faire de même, puisque la présence de forces arabes à Gaza rendra bien difficile une défense autonome par Israël. Car si une telle force est déployée, toute future opération antiterroriste à Gaza est susceptible de provoquer des victimes parmi ces soldats arabes étrangers, et risquera ainsi l’escalade du conflit au niveau d’une guerre régionale.

La décision d’Israël de se lier avec le Hamas est si scandaleuse que même le département d’Etat des USA n’a pas eu la moindre chance de donner son apport. Réagissant à l’information mercredi, le porte-parole adjoint du département d’Etat, Tom Casey a déclaré : « Dire que vous aviez un fusil chargé sur ma tête mais que vous n’allez pas tirer aujourd’hui est très différent de baisser le fusil, de le décharger, en disant que vous ne l’utiliserez plus ». L’accord « place à peine le Hamas hors du champ terroriste ».

Le « cessez-le-feu » avec le Hamas a aussi des implications directes pour la Judée et la Samarie. Si le Hamas retient les hostilités pendant six mois, Israël sera alors obligé de mettre fin aux opérations antiterroristes en Judée et Samarie. C’est-à-dire que, si la Hamas garde sa poudre au sec jusqu’en janvier, Israël l’autorisera effectivement à affermir son contrôle sur la Judée et la Samarie,, et ainsi à placer l’Iran aux manettes à la périphérie de Jérusalem, Kfar Saba, Afula, et Netanya.

Si les USA ont été horrifiés par la capitulation du gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai face au Hamas, les officiels de l’ONU sont horrifiés par l’abandon de son second atout. Cette semaine, le gouvernement a conduit la deuxième partie des négociations pour céder les Hauteurs du Golan à la Syrie. Parlant des discussions sur la cession devant un groupe de diplomates israéliens, Terje Roed-Larsen, l’envoyé spécial du secrétaire Général de l’ONU pour l’exécution de la résolution 1559 du Conseil de Sécurité de l’ONU, a condamné la décision en avançant qu’en tenant seulement des négociations, « Israël a fait un énorme cadeau à la Syrie, en étant ainsi bien loin de ne rien recevoir en échange ». Larsen a poursuivi amèrement : « la Syrie reçoit une légitimité gratuitement. L’Europe courtise la Syrie du fait des négociations avec Israël, et on n’exige plus rien en échange de sa part ».

De fait, loin de modérer leur comportement, les Syriens semblent seulement avoir renforcé leurs liens déjà profonds avec l’Iran depuis qu’Israël a entamé des pourparlers de cession le mois dernier. Réagissant à la deuxième partie des négociations, l’ambassadeur d’Iran en Syrie, Ahmed Moussavi, qui a rang de général dans les Gardes de la révolution Iranienne et de conseiller de haut niveau du président Mahmoud Ahmadinejad, a suggéré que l’Iran envisage de partager son arsenal nucléaire avec la Syrie. Comme il l’a formulé : « L’Islam nous a enseigné de transmettre notre connaissance, et nous pouvons transmettre notre expérience [nucléaire] à la Syrie si elle le désire ».

Dans sa précipitation a annihiler les positions défensives d’Israël, le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai ne se soucie apparemment pas que l’Iran puisse attaquer Israël avec des têtes nucléaires lancées depuis les Hauteurs du Golan après le retrait. Ce qui est le plus important pour le gouvernement, c’est de donner belle apparence à la Syrie. Ainsi, après la deuxième partie des négociations avec les Syriens, Olmert est pratiquement tombé à quatre pattes pour supplier Assad de le rencontrer en tête à tête lors de leur visite à Paris le mois prochain. Tous deux ont été invités par le président français Nicolas Sarkozy à participer au lancement de l’initiative de « l’Union Méditerranéenne » le 13 juillet. Assad, jouissant sans doute du moment, a rejeté les appels d’Olmert. Comme Larsen en a averti, Assad n’a aucune raison de payer quelque chose qu’il obtient déjà gratuitement.

Apparemment, le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai n’a pas pu se contenter d’une capitulation sur trois fronts en une semaine. Ainsi il s’est avancé sur un quatrième. Loin de montrer une alarme ou de la colère quant à la décision de la secrétaire d’Etat Condoleezza Rice, lors de sa visite à Beyrouth, de donner la bénédiction des USA au nouveau gouvernement libanais contrôlé par le Hezbollah, le premier ministre Ehud Olmert a pris en marche son équipe défaitiste. Il a annoncé qu’il souhaite ouvrir des négociations avec le vassal libanais de l’Iran, et à cette fin, qu’il veut céder le Mont Dov, stratégiquement critique, au Hezbollah - que celui-ci appelle les Fermes de Shebaa. Olmert est tellement pressé de céder, que même après que le premier ministre libanais, marionnette du Hezbollah, Fouad Siniora ait rejeté son offre, il l’a réitérée. Comme Assad et le Hamas, le Hezbollah ne voit aucune raison d’honorer Olmert et ses collègues de pourparlers directs. Comme le parlementaire du Hezbollah Nawar sahili l’a déclaré cette semaine : « S’il veulent vraiment nous rendre notre territoire, ils peuvent se retirer ».

Pour finir, il y a le traitement par le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai des soldats israéliens détenus en otage par le Hamas et le Hezbollah. Le gouvernement a donné son accord au « cessez-le-feu » avec le Hamas sans avoir assuré la libération de Guilad Shalit. Plutôt que de reconnaître qu’ils ont probablement signé son arrêt de mort, le gouvernement insiste pour dire que ce n’est pas une capitulation. Il commencera de supplier le Hamas d’accepter des centaines de meurtriers palestiniens détenus dans les prisons israéliennes en échange de Shalit mardi prochain.

De même pour Eldad Regev et Ehud Goldwasser, enlevés vers le Liban il y a deux ans et dont on n’a plus eu aucune nouvelles depuis, le gouvernement Olmert-Livni-Barak-Yishai est enclin à faire sortir de prison l’archi meurtrier Samir Kuntar avec trois autres terroristes du Hezbollah en échange de leur libération - morts ou vifs.

Dans une tentative à découvert de distraire l’attention du public de sa conduite de reddition, jeudi matin, le gouvernement a initié une violente confrontation avec des résidents israéliens de Samarie, en ordonnant la destruction de foyers dans la communauté de Ytzhar. Autrement dit, tout en capitulant sur quatre fronts face aux vassaux de l’Iran, le gouvernement a retourné ses armes contre des citoyens israéliens.

Les actes du gouvernement augmentent sans le moindre doute les perspectives d’une guerre majeure. Mais au-delà de cela, il est important de noter qu’Israël abandonne ses atouts stratégiques face à la menace croissante d’une annihilation nucléaire. Sans doute stimulée par l’affaiblissement stratégique du gouvernement, l’Iran a dit en se moquant aux Européens qu’elle sera heureuse d’envisager l’offre américano-européenne de construire des réacteurs nucléaires, et de normaliser ses relations avec eux - aussi longtemps qu’il sera admis qu’ils accepteront leurs largesses tout en poursuivant leurs activités d’enrichissement de l’uranium.

Au cours des 60 ans de l’histoire d’Israël, il n’existe aucun précédent des actes du gouvernement cette semaine. Et si l’histoire doit servir de guide, Israël ne peut que s’attendre qu’à davantage du même brouet pour le temps restant imparti au gouvernement en place - aussi long que cela puisse être. Jusqu’à ce qu’Olmert soit élu premier ministre en 2006, le ministre de la défense Ehud Barak jouissait du privilège d’avoir été le pire des premiers ministres dans l’histoire d’Israël. Et le comportement de Barak lors de son déclin au pouvoir est instructif pour comprendre ce à quoi nous pouvons nous attendre d’Olmert et de Livni et de Barak aujourd’hui.

En juillet 2000, après avoir perdu une motion de censure à la Knesset, Barak alla à Camp David et tenta son va-tout en offrant au chef de l’OLP, Yasser Arafat, un Etat sur tout Gaza, 90 % de la Judée et de la Samarie, et des parties de Jérusalem. Arafat rejeta son offre et lança sa guerre. Face au rejet de l’électorat israélien dans les urnes, plutôt que de réduire ses efforts de capitulation, Barak les redoubla. Alors que les soldats d’Arafat étaient occupés à faire sauter des bus et à lyncher des soldats israéliens, Barak offrit à Arafat encore plus de territoires en Judée et Samarie, et le Mont du Temple.

Aujourd’hui, avec Barak à ses côtés, Olmert - qui a été pareillement rejeté par l’électorat - répète quatre fois l’option de Barak. Et on peut s’attendre à ce qu’il continue dans cette voie jusqu’à ce que des élections aient lieu, et qu’il fasse ses valises.

La semaine prochaine, on s’attend à ce que la Knesset vote une motion de dissolution pour aller vers des élections générales. Il n’est pas certain que le vote passe. Barak et le parti travailliste peuvent bien décider que la capitulation leur convient assez, et rester à bord du navire d’Olmert et Livni en train de couler. Alors que le public israélien assiste au naufrage et au danger qui a marqué cette semaine désastreuse, heureusement il comprend que c’est ce qui survient quand nous élisons de mauvais dirigeants. Et tout cela était éminemment prévisible dès 2006, quand Kadima et le Parti travailliste se présentaient tous deux sur des programmes de capitulation. Les choix ont des conséquences. Et nous souffrirons des conséquences des élections de 2006 jusqu’à ce que ses vainqueurs soient finalement chassés de leurs postes.

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