Les autorités saoudiennes ont informés hier leurs ressortissants de quitter le Liban au plus vite. Le Koweït aussi, je crois.
Le USS Cole est arrivé dans la région et croise le long de la zone maritime libanaise : d’après Debka d’autres navires joindraient prochainement le Cole !
Que ce passe-t-il chez nos voisins du Nord ?
Le Hezbollah bloque depuis Novembre 2007 l’élection du nouveau Président Libanais, menace Israël de guerre ouverte partout dans le monde en représailles à l’élimination de Moughnyé, engendre des affrontements dans les rues de Beyrouth. Son désir de prendre le pouvoir au Liban n’est un secret pour personne !
A la fin du mois la Ligue Arabe doit se réunir à Damas : les Saoudiens ont déjà annoncé leur absence, l’Egypte hésite encore.
La réunion de Damas risque de valoriser les tensions entre pays arabes : les dénominateurs communs se heurtent aux différentes approches arabes face au fascisme islamique.
Deux courants, pour et contre, s’affrontent, dans le monde arabo-musulman, le courrant pro islamiste se couvrant d’un drapeau qui ne lui appartient pas - celui de la démocratie – et celui de la fameuse « résistance ».
En effet, si l’instauration de la démocratie a toute les chances – et donc aujourd’hui toutes les faveurs du mouvement islamiste- de propulser les partis islamistes au pouvoir dans les pays arabes, il n’en reste pas moins que ces partis feront tout pour annihiler toute propension à la démocratie une fois la place conquise. Pour s’en convaincre il suffit de se rappeler les défenestrations de Gaza où les miliciens de l’Ordre Nouveau du Hamas projetaient dans le vide leurs cousins du Fatah, il y a seulement quelques mois.
Quant à la « résistance » si le terme signifiait, un temps, la résistance au conquérant israélien du Sud Liban – au contraire des « libérateurs » syriens au Nord du Litani - puis à « l’entité sioniste », c’est au monde occidental, sa culture, religieuse, politique, scientifique et artistique que le terme s’applique aujourd’hui chez ses adeptes musulmans et arabes.
En termes occidentaux politiquement correctes on appelle ces différences de vues dans les pays arabes : les pays « modérés » et les autres.
Il semble que ces facteurs – fin du deuil de Moughnyé et menaces du Hezbollah, réunion de la Ligue Arabe à Damas et tous deux porteurs de menaces d’hégémonie islamique, se focalisent dans le temps à la fin du mois et géographiquement entre Damas et Beyrouth.
D’où la crainte d’une crise dans la région à la fin du mois.
La venue du USS Cole près des eaux maritimes libanaises est donc le signe que l’Oncle Sam veille : il est toutefois difficile de croire que Bush opterait pour une solution militaire si l’un des scénarios fondamentalistes prenait corps, si ce n’est un coup d’état du Hezb.
Dans ce contexte on peut comprendre l’opération israélienne « Hivers Froids », en particulier pourquoi elle a lieu maintenant et son degré d’extension.
En effet, les pressions sur le gouvernement israélien sont grandes pour s’attaquer une fois pour toute au problème des tirs de roquettes et d’obus de mortiers incessants sur les villes et villages israéliens : plus de 2500 roquettes ont été tirées depuis sept ans dont plus de la moitié depuis le retrait israélien de la bande de Gaza en été 2005, les tirs sur les civils se comptant par dizaines par jours. La situation est devenue insupportable pour la population civile, qui a multipliée ses manifestations à Jérusalem aussi bien qu’à Tel Aviv, engendrant un vaste mouvement d’unité populaire d’où seuls les partis d’extrême gauche- Meretz, le PC israéliens et les partis arabes- et ultra religieux se sont exclus.
Les partis politiques de la droite pressent eux aussi le gouvernement Olmert non pas parce que c’est de leur nature de résoudre par la force ce qui peut être résolu par la diplomatie, mais parce que Sharon, Olmert et autres promoteurs du retrait israélien de Gaza en 2005 avaient déjoué toute opposition au retrait en affirmant leur volonté et leur capacité à répondre par la force au premier missile tiré sur le territoire israélien : ainsi une « Ligne Rouge » avait été clairement dessiné par le gouvernement d’alors, avec le soutien entre autres du parti travailliste et de Meretz . Une « Ligne Rouge » - Kav Adom en Hébreu – est une des bases de la politique de dissuasion : si elle est dépassée par l’ennemi potentiel celui-ci devient ennemi ouvert et la réponse doit être en phase avec la menace, sinon elle perd sa crédibilité. Pour comprendre plus en détail l’importance des « Lignes Rouges » dans la politique de défense d’Israël, voir le livre de Micha Bar « Red Lines in Israel’s Deterrence Strategy ».
L’opposition exige donc du gouvernement, depuis des mois, de mettre à exécution les menaces exprimée lors du retrait israélien de Gaza : elle y voit une nécessité non seulement pour essayer d’empêcher les tirs sur les civils israéliens mais aussi pour redonner au pays la crédibilité de ses capacités dissuasives.
Ses pressions populaires et partisane de datent pas d’hier. La question est donc pourquoi une intervention maintenant, alors que le contexte n’est pas aujourd’hui plus positif pour une intervention ?
L’opération entreprise hier est limitée, ses buts militaires sont limités.
Sur le plan politique, elle permet au gouvernement Olmert de faire diminuer les pressions pour une opération extensive qui risquerait d’obliger Israël à reconquérir et réoccuper toute la Bande de Gaza.
Sur le plan militaire, elle permettra – si elle est menée correctement- de détruire une partie du potentiel de nuisance des mouvements terroristes palestiniens et leur alliers d’Al Quaïda, du Hezbollah et des Gardes de Révolutions iraniens, infiltrés durant la crise de la frontière de Gaza avec l’Egypte il y a quelques semaines.
Cette libération de pression au Sud du pays est aussi un message pour l’ennemi qui menace au Nord ; le Hezbollah.
Ainsi selon votre serviteur, le tempo de l’offensive israélienne à Gaza, ses buts et son extension ne sont pas sans rattachements avec une crise qui se dessine dans la région pour la fin du mois.
By Ram Zenit at 2008-03-02 13:06 | Liban / Syrie | Terrorisme | Ram Zenit's blog | 2 comments