EDITO: Israël-Attentat : LE CHOC DE JERUSALEM - Les services de sécurité israéliens contraints à revoir leur copie.
ISRAELVALLEY
Jérusalem est encore sous le choc. Et le cri lancé, lors de la levée des corps des huit adolescents par le directeur du lycée talmudique inclus dans la grande Yéchiva du Mercaz harav, le rabbin Rahmiel Weiss, résonne dans toutes les têtes.
Par Mati Ben-Avraham
” Nous sommes, a-t-il débuté, le 1er du mois de Adar dont il est dit que c’est le mois de toutes les joies. ” Puis, regardant les huit corps alignés dans leurs taliths, leurs châles de prières, il a crié vers le ciel : ” Seigneur Dieu, quelle joie as-tu pris vers toi? De la joie de l’étude de ta Thora tu les a pris.”
Cette interrogation jetée à Dieu par un homme qui étudie et enseigne la Loi divine, l’opinion publique l’adresse à ceux, au sein de l’appareil sécuritaire du pays, qui n’ont rien vu venir. En fait, tout se passe comme si, occupé à étouffer dans l’œuf toute tentative d’attentat en provenance des territoires autonomes palestiniens, les services de sécurité israéliens avaient délaissé ce qui se tramait sous leurs yeux.
Il ne faut pas s’y tromper : cet attentat meurtrier est l’aboutissement d’un minutieux travail de préparation : observations suivies, repérages des va-et-vient, de la sécurité à l’extérieur du bâtiment, des heures creuses, des échanges entre le Mercaz Harav et son environnement. Et sans se faire repérer. Ce ne fut pas le travail d’un seul homme, mais d’une équipe. C’est la conviction aujourd’hui des enquêteurs, qui ont entamé leur propre travail de collecte d’informations afin d’identifier rapidement les autres membres de cette cellule.
Question qui taraude les experts : d’autres cellules dormantes ont-elles été constituées dans les quartiers arabes de la capitale? Question critique car si oui, le mode opératoire utilisé jeudi menace l’ensemble du pays. Le terroriste, en effet, est sorti de chez lui, nanti d’une carte d’identité israélienne, une boîte sous le bras contenant un fusil d’assaut, deux révolvers et un nombre impressionnant de chargeurs. Il a traversé la ville du sud-est à l’ouest pour s’en venir ouvrit le feu sur des adolescents comme au stand de tir. Et rien n’empêche un arabe hiérosolomytain de se rendre à Tel-Aviv, Ashdod ou encore Netanya. Un vrai travail de fourmi en perspective pour les services de sécurité, d’autant plus que le cloisonnement est de rigueur dans ce type d’organisation.
Autre question : qui est derrière, qui commandite? Curieusement, aucun des mouvements terroristes palestiniens – Hamas, Jihad, brigades d’El-Aqsa – n’a revendiqué l’attentat. D’habitude, ils s’empressent de le faire, pour marquer des points auprès de la rue palestinienne. Même le Hezbollah, que des rumeurs persistantes laissaient entendre que… , a démenti toute implication. Alors qui? Une initiative locale n’est pas impossible. Cependant, le mode opératoire trahit le professionnalisme. Et pourquoi pas une mouvance d’El-Qaïda, dont la présence dans la bande de Gaza est attestée, et dont des métastases seraient déjà en activité à Jérusalem? Ce qui est certain, c’est que les services de sécurité devront faire vite.
Un dernier point, pour souligner un paradoxe israélien. Alors que les autorités jordaniennes ont interdit à des membres de la famille du terroriste de manifester publiquement leur deuil, à Djebel Moukaber par contre, la famille a été autorisée à exprimer leur douleur. Aussi a-t-elle installé une grande tente de deuil, décorée aux couleurs du Hamas et du Hezbollah. Mais les parents du terrorisme ont été prévenus, par les Assurances nationales (l’équivalent de la Sécurité Sociale française) qu’ils ne percevront aucune prime de décès, en raison d’une modification apportée à la loi sur les morts accidentels. Jusqu’alors, en effet, la famille d’un terroriste, suicidaire ou tué par les forces de l’ordre, pouvait en faire la demande.—