Par Marie Meyer
pour Guysen International News
Après les caricatures de Mahomet, c’est aujourd’hui le court-métrage néerlandais "Fitna" qui provoque la rage des pays arabes. Un film dans lequel le député d’extrême-droite Geert Wilders compare ouvertement le Coran à ‘Mein Kampf’, espérant ainsi obtenir l’interdiction de ce livre religieux aux Pays-Bas. Après avoir tenté en vain, pendant plusieurs semaines, de le diffuser à la télévision, Geert Wilders présentera ce film le 28 mars prochain, lors d’une conférence de presse à La Haye, avant de le diffuser prochainement sur internet. Une sortie à haut risque.
D’une durée de 15 minutes, le film 'Fitna' (sédition en arabe) dénonce les dérives de la religion islamique et du Coran. Un moyen pour le député Geer Wilders de prouver la nécessité d’interdire ce livre aux Pays-Bas, qui compte aujourd’hui plus d’un million de musulmans.
"Le Coran est avant tout un livre de guerre" a-t-il récemment affirmé devant le Parlement.
"C’est un appel à massacrer les non-musulmans, à les faire rôtir, et à provoquer des effusions de sang parmi eux".
Pour le gouvernement néerlandais, il est clair que ce film provoquera de vives tensions entre l’Occident et le monde musulman. D’où ses nombreuses tentatives d’en empêcher la diffusion.
Mais pour les Pays-Bas, pas question de contraindre Geert Wilders, la liberté d’expression devant être respectée. Quoi qu’il en soit, selon le journal Volkskrant, "aucune télévision ne discute avec Geert Wilders".
Ce qui ne semble pas décourager le réalisateur. Ce dernier a annoncé que le film serait diffusé sur internet et lors d’une conférence de presse, prévue à La Haye, le 28 mars prochain.
Mais son entêtement ne fait qu’attiser la colère du monde arabe, qui dénonce cette "croisade anti-islam".
Si le film est diffusé, les Talibans intensifieront leurs attaques contre les militaires néerlandais et les volontaires humanitaires en Afghanistan, a déclaré Zabihullah Moujahid, porte-parole de l’organisation terroriste.
Geert Wilders a également reçu une 'fatwa' de la part d’Al Qaïda, appelant tous les musulmans du monde à éliminer ce réalisateur "au nom de l’islam". Mais les groupes terroristes ne sont pas les seuls à lancer des avertissements.
Au Pays-Bas même, le parquet a reçu pas moins de 45 plaintes pour "outrage à la religion" et "discrimination". A l’étranger, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad menace de boycotter les produits néerlandais et de prendre des mesures diplomatiques à l’encontre de ce pays.
Le journal Aujourd’hui le Maroc a quant à lui fermement condamné la comparaison à Mein Kampf et accuse Geert Wilders de se comporter exactement comme les extrémistes. "En réduisant comme il le fait le Coran à un message de haine, il fait peut-être, sans s’en rendre compte, la même chose que les extrémistes qu’il veut dénoncer".
Des déclarations qui ont poussé le ministère de la Défense néerlandais à élever le niveau d’alerte terroriste. Et ce, même si le Premier ministre Jan Peter Balkenende a bien fait savoir que le gouvernement néerlandais ne soutenait pas le projet de Geert Wilders.
Des propos visant à calmer les ardeurs, mais qui, pour le réalisateur, ne sont qu’un signe de lâcheté politique face à l’Islam.
Aujourd’hui, les autorités néerlandaises craignent plus que jamais de se retrouver dans la même situation vécue par le Danemark après la publication des caricatures de Mahomet, en 2006.
Le ministère de la Défense a donc été jusqu’à établir des plans d’évacuation d’urgence des ambassades et consulats néerlandais à l’étranger.
Le risque d’attentat est d’autant plus accru que La Haye a officiellement annoncé le prolongement de sa mission militaire en Urzgan, au sud de l’Afghanistan.
L’Union européenne, l’OTAN, la France, beaucoup partagent les inquiétudes du gouvernement néerlandais. Le président Nicolas Sarkozy a officiellement déclaré soutenir les Pays-Bas. "Le président est personnellement sensible à la question du statut de l’islam dans la société européenne", a ainsi soutenu son porte-parole, David Martinon.
De son côté, l’Otan a réitéré son inquiétude pour les soldats de l’Alliance Nord Atlantique postés en Afghanistan.
Cette nouvelle polémique vient rappeler à quel point les relations entre l’Islam et la liberté d’expression sont délicates, et ramène à la surface le douloureux souvenir du réalisateur néerlandais Théodore Van Gogh, poignardé et égorgé en pleine rue, en 2004.
Celui-ci avait réalisé un film critique sur la place des femmes dans l’Islam.