Le Hamas a déclaré la guerre à Israël - Comment Israël doit-il répondre ?
Par Alan Dershowitz
Jerusalem Post Mardi 13 Mars 2008
http://cgis.jpost.com/Blogs/dershowitz/entry/hamas_has_declared_war_on
Adaptation française de Sentinelle 5768 ©
L’article 51 de la Charte de Nations Unies garantit à ses membres le « droit inhérent à … l’autodéfense » contre « une attaque armée ». En janvier 2006, le Hamas a été élu pour gouverner l’Autorité Palestinienne. Après qu’Israël ait mis fin à l’occupation de Gaza et en ait retiré tous les habitants juifs, le Hamas renvoya l’Autorité Palestinienne hors de Gaza et assuma le contrôle aussi bien de facto que de jure sur toute la bande de Gaza. Ses dirigeants donnèrent alors pour instruction à leur branche militaire de tirer des roquettes sur des cibles civiles sur le Sud d’Israël.
Ces roquettes étaient d’abord des Qassam à relativement courte portée. Aujourd’hui, elles incluent des Katiouchas, qui peuvent atteindre de grandes villes israéliennes comme Ashkelon, avec sa population de 120.000 habitants. Le Hamas a officiellement déclaré que sa politique est de développer ou de passer en contrebande des missiles à plus longue portée, capables d’atteindre Tel Aviv, la plus grande ville d’Israël, et son centre vital l’aéroport Ben Gourion. Il a promis de poursuivre le tir de missiles sur des cibles civiles jusqu’à la destruction finale de l’Etat juif.
Si ce n’est pas une « attaque armée » selon l’article 51, je me demande alors de quoi il s’agit. Le seul débat sur le fait que cela est une attaque armée, c’est qu’envoyer des roquettes sur des centres de population civile, comme le fait le Hamas, est un crime de guerre. La loi internationale interdit, même pendant une guerre déclarée, de viser délibérément des civils ou de bombarder des centres de population civile n’ayant absolument aucune signification militaire. Mais les crimes de guerre peuvent aussi constituer une attaque armée : l’invasion de la Pologne par Hitler constituait les deux à la fois, comme l’a déterminé le tribunal de Nüremberg. Pour le moins, une attaque qui est aussi un crime de guerre justifie le droit à l’autodéfense, encore plus qu’une simple attaque armée.
On ne peut pas dire non plus que ces attaques sur des villes et des cités israéliennes sont seulement l’œuvre de terroristes individuels ou de groupes terroristes. La branche militaire du Hamas est de fait une organisation terroriste, comme les Etats Unis et la communauté Européenne l’ont reconnu. Mais depuis que le Hamas détient le contrôle politique et militaire de la bande de Gaza évacuée, la branche militaire du Hamas est aussi l’armée officielle de ce gouvernement, comme le Hamas l’a proclamé.
Quels sont alors les droits d’Israël, selon la loi internationale, selon la loi de la guerre, selon les précédents historiques, et selon différents traités et concepts des droits de l’homme ? Qu’ont fait, et que feraient, d’autres nations dont les cités et les villes seraient attaquées par des roquettes ennemies ? Israël a certainement le droit de contre-attaquer face à l’ennemi, de détruire sa capacité de titrer des roquettes, et de s’engager dans des « représailles de guerre ». La seule contrainte à l’action d’Israël est la « proportionnalité ». Les actions militaires d’Israël doivent être proportionnelles. Mais proportionnelles à quoi ? Certainement pas au nombre réel de personnes qui ont été tuées ou blessées jusqu’à présent par des attaques à la roquette. Israël a dépensé des sommes considérables pour construire des abris pour la protection contre les roquettes. Plusieurs milliers de roquettes ont été tirées sur le Sud d’Israël dans les années récentes. Chacune d’elle a la capacité de tuer des dizaines, voire des centaines de civils. Le fait qu’aucune roquette du Hamas n’ait encore frappé un bus scolaire, un jardin d’enfants, une ambulance, une synagogue, ou une cour d’école est pur hasard. Ce n’est qu’une question de temps avant que cela n’arrive. Aucune nation n’a à attendre que les objectifs de l’ennemi soient atteints avant d’opposer une réponse proportionnelle. La proportion doit être définie selon la menace posée par l’ennemi et non par le mal qu’il a provoqué. Aucune nation ne peut se permettre de laisser ses ennemis jouer à la roulette russe avec ses enfants.
Israël a essayé plusieurs options, dont chacune a été condamnée par des membres bruyants de la communauté internationale, de groupes de droits de l’homme, et d’organisations religieuses – dont certaines ont gardé le silence face aux crimes de guerre qui ont précipité les actions israéliennes. Israël a essayé les sanctions économiques, le contrôle des frontières, les attaques ciblées contre les terroristes et des incursions sur le terrain. Chacune de ces mesures de guerre généralement acceptées comporte le risque de victimes civiles. La raison en est que la distinction entre combattants et civils a été délibérément brouillée par le Hamas. Des roquettes sont tirées à partir de zones densément peuplées, justement pour obliger Israël à choisir entre permettre que ses propres citoyens continuent d’être tués du fait de son inaction, ou prendre des mesures qui risquent de toucher ou de tuer des civils palestiniens. Dans les deux cas, le Hamas gagne. Si Israël ne fait rien, le Hamas le taxe alors d’impuissance. Si il fait quelque chose, le Hamas l’accuse alors de disproportion. Le chef du Hamas Khaled Maashal a qualifié les actions militaires d’Israël à Gaza de « véritable Holocauste ». Même Mahmoud Abbas, le soi-disant chef palestinien de la rive occidentale, a déclaré que les efforts militaires israéliens pour arrêter les roquettes étaient « plus qu’un Holocauste ».
Il est temps pour les critiques d’Israël de dire à Israël ce qu’il devrait faire face à ces attaques croissantes de roquettes sur ses centres de population civile. Si des sanctions économiques, le contrôle des frontières, l’élimination des terroristes et des incursions terrestres ne doivent pas avoir lieu, quelles sont les alternatives ?
La réponse à cette question est importante non seulement pour Israël, mais pour les Etats Unis et d’autres nations démocratiques qui seront certainement confrontés à la perspective de prendre des mesures pour empêcher des attaques terroristes d’ennemis qui se cachent délibérément parmi des civils. Le barrage d’une critique non constructive dirigée contre l’autodéfense israélienne ne fera qu’encourager davantage le terrorisme de ce type.