Les forces américaines, soutenues par l'aviation, ont lancé une vaste offensive dans l'est de l'Afghanistan pour reprendre le terrain conquis par les rebelles talibans ces dernières semaines à coups d'attentat et d'opération commando. Quelque 2 500 hommes des forces américaines et afghanes participent à l'offensive "Mountain Lion" (puma), qui a débuté, mercredi 12 avril, par des bombardements aériens de la vallée de la Pech, dans la province orientale de Kunar, selon les forces armées américaines.
L'est afghan est une des régions, avec le sud, où les rebelles talibans sont les plus actifs. Mardi, sept enfants ont été tués et 34 blessés par un tir de roquette dans la cour d'une mosquée d'Asadabad, la capitale de la province. Cette attaque faisait suite à une série d'attentats à la bombe ou à la voiture piégée ces dernières semaines, principalement dans le sud et l'est du pays mais également au nord et à l'ouest, deux zones jusque-là relativement épargnées par la rébellion.
"Nous ramenons le combat contre les terroristes sur leur propre terrain" et "l'opération se poursuivra aussi longtemps qu'il le faudra", a souligné l'armée américaine. Les talibans ont "changé de tactique", préférant les attentats aux attaques de groupes armés, avait reconnu lundi, le colonel Jim Yonts, porte-parole de l'armée américaine à Kaboul. Cette tactique "est couronnée de succès et [reste] très difficile à combattre", avait-il souligné, jugeant que seule une réponse globale mêlant technologie, information, renseignement et coopération régionale pouvait régler le problème.
"IMPRESSIONNER LES NÉO-TALIBANS"
Les Américains se sont donnés des moyens matériels très importants, ce qui rapproche l'opération "Moutain Lion" de celles de grande ampleur qui ont été menées dans le pays à la fin 2001 et début 2002, après la chute du régime des talibans. Outre la troisième brigade du 203e corps de l'armée nationale afghane (ANA), les troupes américaines sont composées d'éléments de la 10th Mountain division, une unité d'élite qui est arrivée dans le pays en février, ainsi que de la Task Force Lava, composée de marines. Les troupes au sol bénéficient également d'un soutien aérien impressionnant : des bombardiers à long rayon d'action B-52 Stratofortress, des chasseurs-bombardiers F-15 Eagle, des Harrier à décollage vertical de la Royal Air Force britannique ainsi que des redoutables A-10 Thunderbolt. Ces derniers notamment, équipés de bombes guidées par laser, mais surtout d'une mitrailleuse frontale capable de tirer près de 4 000 obus de 30 millimètres par minute, sont particulièrement adaptés pour l'appui rapproché des troupes au sol.
L'opération "Mountain Lion" s'incrit dans "une stratégie de riposte systématique", estime une source militaire européenne à Kaboul. "C'est une volonté d'occuper le terrain, d'impressionner les néo-talibans et de stopper l'impression qu'ils ont le dessus", aussi bien aux yeux de la population afghane qu'il s'agit de "rassurer" que de l'opinion publique internationale, selon cette source."Il s'agit (pour les Américains) de mettre en valeur une 'afghanisation' de la défense", explique-t-il.
Nombre de pays de la coalition participent à l'entraînement de l'ANA, avec comme objectif qu'elle puisse peu à peu assurer la sécurité dans le pays. Les experts estiment toutefois qu'il s'agit d'un objectif encore éloigné et que le soutien des troupes internationales sera indispensable pendant encore plusieurs années.
Avec AFP