Le jihad obtient un laissez-passer
Par Diana West
Abu Hamza al-Masri, imam à la main en crochet de la fameuse mosquée de Finsbury Park – foyer spirituel de Richard Reid « aux chaussures explosives » et du « 20ème pirate de l’air » Zacarias Moussaoui – est en procès ce mois ci à la cour d’Old Bailey. Les accusations comprennent neuf chefs d’inculpation pour incitation au meurtre, quatre chefs d’excitation à la haine raciale, et deux inculpations pour possession de matériel lié aux autres accusations, dont les 10 volumes de l’Encyclopédie du jihad afghan – un guide sur la pratique du terrorisme désormais immortalisé dans les tabloïds de Londres sous le nom de « Livre du Crochet de la ‘bombe Big Ben’ ».
Les jurés de ce procès écouteront très attentivement neuf enregistrements audio et vidéo de sermons de Abu Hamza saisis par la police à la mosquée, qui, pas du tout par hasard, a aussi trouvé une profusion d’armes, des centaines de faux passeports suspects ou volés, et même quelques costumes de hazmat. Une boite assez gentiment étiquetée « jihad » a également été trouvée.
D’un côté, ces jurés s’en sortent facilement. La police a transporté près de 3.000 sermons enregistrés par Abu Hamza ; aussi ne potasser que sur neuf d’entre eux n’est pas trop mal. D’un autre côté, ces sermons ne sont pas exactement toniques - à moins que ce « tonique » ne signifie des exhortations à donner la chaire de poule pour tuer des Juifs, des Chrétiens et des Musulmans « apostats », et des appels déments pour un califat mondial fondé sur la sharia islamique.
Mais même après avoir maîtrisé l’évidence abominable, la tâche des jurés sera encore plus difficile. Ils devront alors donner un sens aux arguments légaux illogiquement tordus du politiquement correct, organisés à la fois pour et contre le prévenu de façon à disculper le rôle de l’Islam dans le jihad moderne, ou guerre sainte.
Pour le Ministère public, David Perry déclare : « il s’agit de rien d’autre plus ou moins que de prêcher la haine ou le meurtre », ce qui, il l’a dit clairement, n’a rien à voir avec l’Islam.
Pour la Défense, Edward Fitzgerald déclare : « il est dit qu’il prêchait le meurtre. Mais il prêchait vraiment à partir du Coran lui-même ».
Bien, de quoi s’agit-il, messieurs ? Il prêche le meurtre qui n’a rien à voir avec l’Islam ; ou bien il prêche le Coran qui n’a rien à voir avec le meurtre. Pour des gens essayant d’écarter le jihad parmi eux, la question devient une énigme gênante.
Au début du procès, le Procureur Perry a prédit que la défense avancerait sûrement que Abu Hamza « parlait en tant qu’adepte de l’Islam et qu’il prononçait les mots du saint Coran ». Cela, expliquait M. Perry, n’était pas l’assertion du Ministère public. « Ces poursuites ne sont pas diligentées pour critiquer l’Islam ou pour critiquer les enseignements du Coran. Elles sont produites contre ce que le prévenu dit ».
Il n’y a aucun moyen pour dénouer ce bretzel, mais essayons. (A) le Procureur suspecte légitimement qu’Abu Hamza va se défendre contre les accusations d’incitation au meurtre et à la haine en proclamant qu’il prêchait le Coran. (B) le Procureur ne critique pas le Coran, à partir duquel Abu Hamza prêchait. (C) Il critique seulement ce que Abu Hamza disait.
Si un argument circulaire est celui qui ne mène nulle part, ce Procureur chasse sa queue. Mais il ne peut pas encore s’écarter du Coran, pas quand le conseiller de la Défense en donne vraiment des copies aux jurés. L’idée de M. Fitzgerald est que, avec leurs propres Corans, des jurés seront plus à même de suivre les justifications coraniques pour, comme le ‘London Times Online’ le formule : « les mots qui ont conduit (Abu Hamza) à être mis en accusation ».
Si ces machinations – maintenant vous voyez le Coran, maintenant non – vous donnent la migraine, c’est une bonne chose, la preuve que des fonctions mentales essentielles fonctionnent encore indépendamment du Politiquement Correct. Cela ne rend pas plus facile à suivre cependant, le mode de pensée tortueuse des avocats britanniques. Essentiellement, le Ministère public déclare : « Cela prêche le meurtre, alors ce n’est pas le Coran. En résumé, la Défense déclare : « C’est le Coran, alors cela ne prêche pas le meurtre. De quoi parlent-ils ? ».
Dans un sens, de rien. Et c’est de cette manière qu’ils l’aiment. Aussi bien le Ministère public et la Défense ont décidé que l’islam ne joue aucun rôle d’animation dans le mouvement jihadiste moderne dont Abu Hamza fait partie. Quand le Procureur décrit les prêches d’Abu Hamza – « La guerre sainte pour la cause d’Allah » comme une « obligation religieuse », cela inclut le meurtre des incroyants – il décrit l’idéologie du jihad classique qui a mené toute l’histoire islamique ; Mais l’attribue à la version idiosyncrasique de l’Islam d’Abu Hamza. La Défense pendant ce temps, se saisit des mêmes prêches – « le langage du sang et de la récompense » dit M. Fitzgerald – et il le déclare non différent du langage de toute autre religion.
En d’autres termes, qu’Abu Hamza ait ou non la vie dure, le jihad a obtenu un laissez-passer.
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Source: Jewish World Review 30 janvier 2006
www.jewishworldreview.com/0106/west013006.php3
Adaptation française de Simon Pilczer, volontaire de l’IHC
Edited by IHC Staff, www.infoisrael.net.