L’Implosion de l’économie iranienne
vendredi, 07 avril 2006
Investor's Business Daily
Axe du mal : Notre meilleure arme contre un Iran de plus en plus belliqueux pourrait être son nouveau dirigeant radical qui fait fuir les investisseurs étrangers et fait sombrer l’économie.
Le président Mahmoud Ahmadinejad, qui a juré de « rayer Israël de la carte » a besoin d’un capital important pour financer son programme nucléaire ambitieux.
Cependant, l’économie iranienne connaît de graves difficultés, en dépit de ses revenus du pétrole considérables. De plus, la population iranienne, souffrant du chômage et d’une inflation écrasante, pourrait bientôt en avoir assez que son gouvernement sacrifie son beurre pour des armes.
Les Nations Unies doivent en tenir compte. Imposer des sanctions économiques contre l’Iran l’isolerait davantage et ferait peut-être naître un mouvement interne suffisamment puissant pour forcer Téhéran à se soumettre aux exigences internationales et à stopper l’enrichissement de l’uranium.
Depuis l’élection d’Ahmadinejad l’année dernière, une fuite massive des capitaux d’Iran a eu lieu. Un grand nombre d’investisseurs sont inquiets à propos du programme nucléaire du pays et choisissent de réinvestir leurs fonds dans des marchés plus stables tels que celui des Emirats Arabes Unis tout proches.
Des milliers de sociétés détenues par des Iraniens font désormais des affaires à Dubaï et partout ailleurs en-dehors de l’Iran. Même le marché de l’immobilier à Téhéran, d’ordinaire actif, a ralenti. Hoover Institution estime que plus de 200 milliards de dollars ont déjà quitté l’Iran. Téhéran, en manque de capitaux, a commencé à retirer ses actifs des banques européennes plus tôt cette année.
La crise nucléaire n’est pas la seule préoccupation des investisseurs. Ils sont également inquiets à propos de la politique anti-marché d’Ahmadinejad.
Il a par exemple mis fin aux mesures précédentes de privatisation de l’économie. Téhéran détient déjà presque 80% de l’économie, Ahmadinejad ayant redirigé les investissements vers le secteur public. Son premier budget, approuvé par le parlement iranien le mois dernier, élève les dépenses du gouvernement de 25%.
Le secteur de la banque privée traverse une période de crise sévère, selon Hoover. Depuis que le président a décrété que l’Etat avait le monopole sur les banques, les taux d’intérêts ont diminué à Téhéran. On craint que l’inflation, qui a déjà atteint 14%, ne monte en flèche.
On dit qu’Ahmadinejad veut déclarer illégal le prélèvement de taux d’intérêt en accord avec la loi islamique qui proscrit l’usure. Certains directeurs de banque orthodoxes ont déjà annoncé un moratoire sur le prêt.
Le président suggère également que la bourse est une sorte de jeu de pari et donc qu’elle est « non islamique ». Sans surprise, l’indice boursier a perdu presque un quart de sa valeur depuis qu’Ahmadinejad a été élu en juin dernier.
Le taux de chômage extrêmement élevé en Iran n’a fait qu’empirer depuis l’arrivée d’Ahmadinejad. Il s’élève désormais à un taux stupéfiant de 30%. Au moins 70% de la population iranienne est âgée de moins de 29 ans et essuie le plus fort de cette crise de l’emploi. Dans une étude récente réalisée par l’Organisation nationale des jeunes et dirigée par l’Etat, les jeunes citent le chômage comme l’un des plus grands problèmes auxquels ils font face. Leurs perspectives d’avenir sont si sombres que 55% des jeunes Iraniens ont envisagé de mettre fin à leurs jours au moins une fois, selon l’enquête.
Cette situation pourrait bien devenir une poudrière de mécontentement susceptible d’exploser à la face du régime. Des sanctions économiques, dont des restrictions sur les voyages, pourraient constituer l’allumette qui va faire exploser les troubles civils.
L’Iranien moyen mettrait finalement en cause Ahmadinejad et les mollahs pour cette situation désastreuse. Si les choses ne s’améliorent pas, les étudiants pourraient décider de se révolter comme ils l’ont fait dans les années 1970, mais cette fois en choisissant des réformes à l’occidentale.
Washington doit faire pression sur les membres du Conseil de Sécurité qui font obstacle à des sanctions étendues, soit la Chine et la Russie. Le soutien national au régime d’Ahmadinejad et ses tentatives d’intimidation va certainement décroître, en particulier parce que sa politique intérieure nuit déjà à l’économie et à la population iranienne.