MTHEL / Nautilus : Un parapluie hyper-tech contre les dangers rustiques - une arme du futur développée par Israël et les Etats-Unis
Rubrique Défense & aéronautique
Par Jean Tsadik
Mots-clé MTHEL defense nautilus katioucha kassam roquettes
Source GUYSEN Israel News
“Il y aurait aujourd’hui 8’000 Katiouchas de portées diverses dirigés vers Israël par des organisation terroristes. A Gaza, les ceux ci tirent régulièrement leurs roquettes semi artisanales de type Quassam ainsi que des obus de mortier sur les villages israéliens du Néguev occidental.
Pour intercepter ces roquettes, l’industrie aérospatiale américaine et israélienne s’unit autour du MTHEL”
“C’est justement pour intercepter ce genre de projectiles, développés avant même le début de la seconde guerre mondiale, que la société américaine Northrop Grumman Space Technology, en collaboration avec les meilleurs ingénieurs israéliens, notamment ceux des firmes Elbit, Electro-Optics Industries, Israel Aircraft Industries, MBT Systems & Space Technology, Tadiran et du Centre de développement de moyens de combat Raphaël, mettent au point le Nautilus.
Le Nautilus, dont l’appellation scientifique est MTHEL, pour laser mobile et tactique à haute énergie (Mobile Tactical High-energy Laser) et qui est destiné par ses concepteurs à devenir l’arme absolue du théâtre d’opérations de demain.
En plus des mortiers et des roquettes, la nouvelle arme est capable d’intercepter et d’anéantir les missiles de croisière, les avions sans pilotes, les missiles balistiques à très courte portée, les roquettes air-sol ainsi que les obus d’artillerie.
En fait, le système d’acquisition de cible et de fonctionnement du MTHEL permet, en théorie au moins, d’espérer intercepter presque tous les objets volants. A plus long terme, les Américains le destinent à l’interception d’avions eux-mêmes armés de faisceaux laser.
C’est en 2000 que le THEL (sans M, il n’était pas mobile à l’époque) a abattu sa première Katioucha. Depuis, le système en compte plusieurs dizaines à son actif, certaines tirées séparément, d’autres en salves ainsi que plusieurs obus d’artillerie qu’il a également détruits en vol.
Au début, les Israéliens avaient tenté de développer le concept seuls. Ils connurent plus d’avatars que de succès, notamment lors d’essais opérationnels de composants d’une version primitive du Nautilus qui généra des catastrophes. Si le concept demeurait prometteur, sur la base des travaux initiaux des savants israéliens, en 1990, il fallait à l’Etat hébreu élargir les ressources humaines, technologiques et financières du projet afin d’espérer le conduire à terme.
La coopération avec les USA débuta par une étude de faisabilité, diligentée par l’armée américaine en 1995. Le Dr. Josef Shwartz, le chef du projet MTHEL pour Northtrop Grumman, explique, qu’au début, ce sont les ingénieurs d’une autre compagnie US, TWR, qui travaillèrent avec les Israéliens, avant que TRW ne soit achetée par Northrop.
Comment ça marche ?
Shwartz explique que le MTHEL doit détecter le projectile hostile dès son lancement, le poursuivre avec un très haut degré de précision et guider et maintenir un puissant faisceau laser d’une dizaine de centimètres de diamètre sur l’objet intrus [ce qui le détruit Ndlr.].
Le cœur du système, le tueur, est constitué par un laser stabilisé de type DF, (fonctionnant au fluoride de deutérium). Sa particularité ? – Toutes les parties optiques du laser n’absorbent que très peu de chaleur, ce qui en fait le premier laser à haute énergie à pouvoir se passer complètement du refroidissement par eau de ses miroirs.
Les problèmes de surchauffe des lasers habituels obligent à attendre de longs moments entre ses utilisations successives ; il est à ce point pointu, qu’il est à la base de l’interruption du développement de plusieurs projets de lasers à usage militaire. Autre particularité du laser de type DF, il est peu sensible aux problèmes posés par l’atmosphère. On sait en effet que l’absorption atmosphérique a tendance à réduire l’énergie du faisceau et à créer une espèce de lentille atmosphérique qui dévie sa trajectoire. C’est d’ailleurs ces inconvénients qui perturbent également le développement de nombreux projets civils et militaires.
Rien de tel avec le faisceau généré par un laser de type DF ; celui-ci opère sur une onde de 3.8 microns de long, ce qui est relativement long, au point de protéger le faisceau des turbulences atmosphériques.
Autre développement, révélé par Northrop Grumman, afin de diminuer les gênes crées par l’atmosphère, le faisceau stabilisé du MTHEL continue de balayer le ciel tout en coursant sa cible en approche. Ce mouvement constant réduit l’effet du faisceau sur l’air ; le faisceau ne s’attarde donc pas dans une direction statique assez longuement pour générer des effets atmosphériques substantiellement perturbants.
Le MTHEL est constitué de 3 composants, comportant chacun des éléments divers. Le premier de ces composants a été baptisé par les ingénieurs le C³I. 3 C pour commandement, contrôle et communication et un I pour “intelligence” (renseignement). Le C³I fait appel à un équipage de deux hommes, un commandant et un canonnier, qui sont d’ailleurs les deux seules personnes nécessaires au fonctionnement du MTHEL tout entier.
Les fonctions du C³I consistent à contrôler le fonctionnement des éléments radar, laser et chasseur-traqueur. C’est le C³I qui gère la totalité de l’engagement, ce qui comprend la recherche des cibles dans la zone d’alerte, la détection et l’identification des objectifs présents dans cette zone, l’irradiation et la destruction des cibles choisies ainsi que la vérification de leur élimination.
Josef Shwartz remarque que la différence fondamentale existant entre le C³I du MTHEL et les systèmes existants de défense aérienne, c’est la vitesse de réaction. “Ici, on traite d’interception à la vitesse de la lumière, cela réclame un C³I, qui ne laisse que [très Ndlr.] peu de temps pour les décisions humaines à chaque étape”. C’est également pour cette raison que le C³I possède, entre autres choix, un mode entièrement automatique. Lorsque ce mode est enclenché, le Nautilus identifie et détruit une cible sans interférence humaine autre que la confirmation visuelle de l’identification de la cible par un œil humain. Il va sans dire que les deux membres d’équipage peuvent, à n’importe quel moment, supplanter la machine, cesser le tir ou éviter volontairement la cible.
Le second composant du MTHEL est le DF laser à proprement dit. Sans entrer dans trop de détails techniques, sachons au moins que sa mise à feu nécessite que du Trifluoride de Nitrogène (NF3) et de l’Ethylène (C2H4) soient mis en réactions multiples dans 44 chambres de combustion sous haute pression, disposées côte à côte. Chaque chambre de combustion accède par un gicleur dans la cavité du laser.
Le troisième composant du Nautilus est le chasseur-traqueur. Son travail consiste à acquérir la cible désignée du radar de contrôle de tir et à diriger le faisceau du laser sur l’objectif en conséquence. Le chasseur-traqueur est également chargé de concentrer le rayon sur l’objectif et de l’y maintenir jusqu’à sa destruction. L’élément de direction de tir multiplie le faisceau de 10 centimètres de diamètre par un facteur de 7, afin d’en augmenter la focalisation et l’intensité.
Il n’existe plus de problème technique majeur à surmonter
Vous êtes le commandant du MTHEL, le capitaine Némo du Nautilus du XXIème siècle ? C’est bon, sachez que vous disposez d’un magasin qui vous autorise 20 à 30 tirs. Cela dépend du type d’objectifs que vous avez abattus ainsi que de la durée des engagements auxquels vous avez participé. Après, il vous faudra changer de chargeur.
C’est un des points sur lesquels les ingénieurs travaillent désormais, en vue de l’opérationnalisation du MTHEL. Ils sont en train de développer des réservoirs de carburant à laser qui utiliseront des tuyaux souples pour se brancher au système. Lorsqu’un réservoir sera vide, assure Shwartz, on pourra s’en débarrasser et le remplacer par un plein.
Il faut aussi rendre le système transportable et adapté aux conditions du champ de bataille. Pour cela, il va falloir consolider le système optique. Et puis, on va tenter de miniaturiser tout le système, ça aidera à sa transportabilité. L’année dernière, les ingénieurs ont développé une nouvelle tête de laser, qui la rend à la fois plus compacte et plus efficace.
Northtrop Grumman et ses sous-traitants israéliens vont produire un MTHEL entièrement intégré aux fonctions parfaitement testées dans un délai de trois ans. Il en coûtera encore environ 125 millions de Dollars, qui viennent s’ajouter aux quelques 300 millions déjà investis par les USA et Israël dans le développement du Nautilus depuis qu’il est devenu un projet américano-israélien.
Il est vrai que ces 425 millions ne comprennent pas le prix des batteries de Nautilus elles-mêmes, seulement de la recherche et du développement. Cela peut sembler beaucoup mais en termes de budgets militaires, il s’agit d’une dépense moyenne. Elle peut être comparée au prix d’une douzaine d’avions de combats ultramodernes avec leurs équipements de soutien.
Mais surtout, on attend un effet pacificateur, au niveau mondial, de l’introduction du MTHEL. On s’attend à ce que ce rayon laser dote les démocraties d’un moyen pour éviter une partie des nuisances de guerillas.”
Source : Guysen