L'Iran est en guerre avec nous :
Quelqu'un devrait le dire au gouvernement des USA
Simon Pilczer le 4/4/2006 21:06:14 Articles du même auteur
Le chef suprême de l'Iran, Ali Khamenei, se meurt d'un cancer. Mais il est convaincu que son héritage sera glorieux. Il pense que des milliers de ses officiers de renseignements des Gardes de la Révolution contrôlent efficacement le Sud de l'irak, et que le reste du pays est à sa merci, puisque nous ne représentons pas un défi pour eux. - même le long de la frontière Iran / Irak où ils opèrent en toute impunité.
Ils planifient calmement leur prochaine attaque sans avoir à se soucier de la réaction américaine. Les mollahs disposent de milliers d'officiers de renseignements partout en Irak, ainsi que d'un noyau dur de terroristes du Hezbollah - dont le tristement célèbre Imadh Mughniyah, sans doute le plus dangereux tueur de la région - et ils contrôlent les principaux acteurs , de Zarqawi à Sadr et aux brigades Badr.
Khamenei et ses principaux comparses croient qu'ils ont vraiment vaincu. Ils pensent que les USA sont politiquement paralysés, grâce aux attaques incessantes des opposants du Président Bush et au long débat interne durant cinq ans sur la politique de l'Iran ; qu'il n'y a pas de risque d'une attaque armée, même limitée aux sites nucléaires. Ils pensent que Israël est pareillement paralysé par le départ soudain de Sharon et le triomphe de leur force déléguée, le Hamas, lors des élections palestiniennes. ils méprisent les Européens, et se donnent à peine le soin de prétendre négocier avec eux plus avant. Ils considèrent qu'ils disposent d'une puissante alliance stratégique avec les Russes et ils pensent qu'ils tiennent les Chinois à leur merci, parce que les Chinois dépendent très lourdement du pétrole iranien. Des déclarations récentes de Pékin et de Moscou concernant le risque de sanctions de l'ONU auront renforcé les convictions du chef suprême.
Infortuné sur le périphérique
Par-dessus tout, Khamenei croit qu'il a brisé la volonté américaine, ce dont il perçoit deux preuves. La première est qu'il semble y avoir fort peu de résolution américaine pour faire quoi que ce soit pour punir l'Iran de son énorme trafic d'armes, de toxiques, et de terroristes vers l'Irak depuis l'Iran. Khamenei est enclin à croire que l'administration Bush n'a pas l'estomac pour la confrontation.
Nous n'avons rien fait pour rendre la vie des mollahs plus difficile, même s'il existe des preuves abondantes de l'implication de l'Iran en Irak, la plupart incluant leurs efforts incessants pour tuer des soldats américains. La preuve provient d'information de première main, et pas de rapports de renseignements. Bon nombre d'officiers de renseignements iraniens ont été arrêtés, et certains sont passés aux aveux. des preuves documentées de la participation profonde iranienne avec des terroristes irakiens ont été trouvées dans tout l'Irak, notamment à Fallujah et Hilla. Mais les gars des "renseignements" au Pentagone, dirigés par l'infortuné secrétaire d'Etat Stephen Cambone, semblent n'avoir aucune curiosité, comme s'ils étaient effrayés de conduire les faits à leur conclusion logique : l'Iran est en guerre avec nous.
Au début mars, pour prendre un exemple récent, plusieurs véhicules ont traversé le Kurdistan iranien vers le Kurdistan irakien. Les Irakiens les ont arrêtés. Il y a eu des échanges de coups de feu. Le chef du groupe intrusif a été capturé et il est maintenant en prison, détenu par l'une des factions kurdes. Les kurdes disent que les véhicules contenaient du gaz toxique, qu'ils ont en leur possession. Ils déclarent qu'ils ont informé les Turcs, qui ont répondu qu'ils ne veulent rien savoir là-dessus (les Turcs ne veulent n avor à faire avec les Kurdes, point final ; et ils se défilent face à un affrontement avec les mollahs).
Les Kurdes détenant cet homme disent qu'il a avoué travailler avec les Gardiens de la Révolution iraniens. Apparemment ils détiennent sa confession. Ils disent qu'ils veulent le remettre au personnel militaire des USA. Mais le Pentagone, qui détient toute cette information, n'a pas suivi l'affaire. C'est juste l'un des nombreux cas dans lesquels les Iraniens croient voir les américains fuir l'affrontement.
Le deuxième signe encourageant pour Khamenei est le plaisir à peine dissimulé à Washington, y compris lors de la récente déclaration de la secrétaire d'Etat lors d'une conférence de presse, que nous négocierons bientôt avec l'Iran concernant l'Irak. La mission a été confiée à l'ambassadeur Khalilzad, qui a travaillé auparavant avec les Iraniens quand il nous représentait à Kaboul. C'est une mauvaise décision, et ce n'est pas très difficile à expliquer. Le mieux qu'on puisse en dire est que Khalilzad parle le farsi, de sorte qu'il saura ce qu'il disent, et il vaut probablement mieux avoir des échanges publics que les contacts secrets que cette administration a conduits tout du long. Mais ces quelques tâches brillantes ne compensent pas les coûts terribles que l'annonce même des négociations produit sur nous, sur le Peuple iranien, et pour la région dans son ensemble.
Parlementer ne contrecarre pas
L'Iran est en guerre contre nous depuis 27 ans, et nous avons discuté de tous les sujets imaginables avec eux. Nous n'avons rien gagné, parce qu'il n'y a rien à gagner en parlementant avec un ennemi qui pense qu'il gagne. Du point de vue de Khamenei, la seule chose à négocier, ce sont les termes de la reddition américaine, et ce n'est sûrement pas le seul dirigeant au Moyen-Orient à adopter ce point de vue ; la plupart des dirigeants de la région ont horreur du pouvoir des mollahs - désormais au seuil de disposer d'armes nucléaires - et ils observent le même tableau que Khameneï : l'Amérique ne fait rien pour contrecarrer l'Iran, et elle déclare maintenant publiquement sa volonté de parlementer. De cette manière, beaucoup d'Iraniens en concluront que Bush s'apprête à passer un accord avec Khamenei plutôt que de leur donner le soutien qu'ils veulent et dont ils ont besoin pour défier le régime.
Si cette administration était sincère avec les principes qu'elle a énoncés, nous soutiendrions activement la révolution démocratique en Iran, mais nous ne semblons pas sérieux pour ce faire. La secrétaire d'Etat Rice est allée au congrès pour demander 75 millions de dollars supplémentaires pour "soutenir la démocratie" en Iran ; mais la presse discrète démontre que les premiers cinquante millions de dollars iront aux tigres édentés de la "Voice o America" et à d'autres émetteurs officiels américains, ce qui signifie aux employés du Département d'Etat. Le Service Etranger ne conduit pas souvent les mouvements révolutionnaires, son travail est de négocier avec des gouvernements étrangers, non pas de les subvertir. Il y a eu des rumeurs sur notre soutien à dss syndicats iraniens, ce qui serait une très bonne nouvelle, mais ces efforts devraient être pris en charge par des organisations du secteur privé, non pas par le gouvernement américain lui-même.
Pourtant, il semble que ce soit un moment particulièrement adapté pour mettre de notre côté le peupe iranien, dont on sait qu'il déteste le régime de l'Ayatollah Khamenei, et démontre sa volonté de résister d'une façon très importante. Il y a environ dix jours, soixante dix officiels du régme ont été tués ou capturés au Baloutchistan lorsqu'un convoi (comprenant le chef régional du corps des Gardes de la Révolution et le gouverneur régional) a été attaqué. Certains des captifs ont été montrés sur al Jazeera, plaidant la coopération de la part du régime, et soutenant les exigences de leurs ravisseurs pour que cinq prisonniers baloutches soient libérés. Le régime a répondu en accusant les Etats Unis et la Grande Bretagne d'avoir monté l'opération, qui est la seconde frappe de ce type depuis six mois. En plus de l'appel à la libération des prisonniers baloutches, les insurgés ont lancé un appel à la tolérance pour les sunnites baloutches ; à la nomination de responsables locaux (à la place de Perses shiites), et à l'usage de radio et de télévision locales.
Se préoccuper du carnage
De même, la situation au Kurdistan est extrêmement tendue. La ville de Mahabad est aujourd'hui entourée par les forces militaires et paramilitaires du régime, après l'éruption de manifestations opposées au régime à l'occasion des célébrations du Nouvel An perse le 20 mars. Il est impossible d'obtenir des chiffres précis - les journalistes occidentaux ne semblent pas capables de couvrir de tels évènements - mais des douzaines de Kurdes ont été arrêtés, et davantage encore ont éé molestés dans les rues.
Le pire est la campagne d'épuration ethnique en cours, dirigée contre les Arabes d'Ahwaz au Khouzistan, où jusqu'à trois divisions de l'armée, les Gardiens de la Révolution, et les voyous tristement fameux du Basij ont été déployés, après le sabotage par des dissidents opposés au régime d'un important pipeline pétrolier. Radio Farda, notre station de radio officielle en langue farsi, a cité un journaliste local, M. Mojtaba Gehestani, qui déclare que 28.000 Arabes d'Ahwaz ont été emprisonnés dans les dix mois écoulés, des centaines ont été exécutés sommairement, et de nombreux cadavres ont été repêchés dans la rivière Karoon, avec des marques révélatrices de tortures.
Néanmoins, le Ministère de l'Intérieur du régime a annoncé récemment qu'il "n'existe pas de problème ou de question ethnique" en Iran aujourd'hui. Mais très clairement, il n'a pas réussi à convaincre le Président Mahmoud Ahmadinejad que tout va bien; Le président a annulé des voyages dans la région à quatre reprises dans les mois passés.
Lui et ses copains ont beaucoup de souci à se faire, parce que le Peuple iranien, face à une vague de repression brutale qui rappelle les pires moments de ce régime épouvantable, se montrent prêt à se dresser contre lui, et à se mobiliser pour le remplacer. En manquant de voir le tableau complet, nous devrions fonder notre jugement au moins en partie sur le comportement des mollahs, et l'expédition de tant de forces armées vers trois régions différentes suggère qu'ils sont profondémet préoccupés. Ce n'est donc pas le moment d'adresser aux mollahs une bouée de sauvetage diplomatique. Nous devrions plutôt leur démontrer, ainsi qu'à leurs ennemis démocratiques, que le cours de l'histoire roule contre eux.
Il est temps d'agir contre l'Iran et son demi-frère la Syrie, pour le carnage qu'ils ont déchaîné contre nous et les Irakiens. Nous connaissons en détail la position des camps d'entraînement terroristes dirigés par les maîtres en terrorisme iraniens et syriens ; nous devrions les frapper, ainsi que sur les bases dirigées par le Hezbollah et les Gardiens de la Révolution, en tant que points de départ pour les sorties de terroristes à l'intérieur de l'Irak. Il ne fait pas de doute ques les forces irakiennes seront ravies d'y participer, au lieu de jouer constamment en défense sur leur moitié du champ de bataille. Et il existe aussi des forces démocratiques puissantes au sein du peuple syrien, qui méritent autant notre soutien que celles des Iraniens.
Lorsque les mollahs et leurs alliés terroristes verront que nous avons compris la nature de cette guerre, que nous sommes dérerminés à promouvoir le changement du régime à Téhéran et à Damas, et que nous ne leur donnerons pas un laissez-passer pour leurs activités meurtrières en Irak, alors seulement parler avec les représentants de Khamenei pourrait avoir du sens.. Nous pourrions même élargir l'agenda depuis les affaires irakiennes à la principale question : nous pourrions négocier leur départ, et puis nous occuper de l'organisation de reférendums nationaux sur la forme de gouvernements libres, et les élections pour donner du pouvoir aux anciennes victimes d'une tyrannie fanatique et meurtrière qui s'est trompée au point de se croire invincible.
Michael Ledeen
Adaptation française de Simon Pilczer
Texte repris du site resilience