Antisémitisme arabe:
Attention, un négationnisme peut en cacher un autre!
SatloffLa négation du génocide est la phase ultime du génocide ; c’est ce qu’Elie Wiesel a appelé ‘un double meurtre’. Deborah Lipstadt
Comme d’habitude, l’intérêt des polémiques, c’est ce qu’elles révèlent sur ce qui passe habituellement pour la normalité.
Ainsi celle que soulève cette démarche, signalée le mois dernier dans Haaretz, de l’historien et directeur du Washington Institute for Near East Policy Robert Satloff (dont nous avions déjà signalé l’ouvrage), qui propose de rechercher des Arabes ayant sauvé des juifs du génocide nazi en vue d’une reconnaissance officielle (comme “Justes parmi les nations”) par le Musée Yad Vashem de Jérusalem.
Et qui, au-delà d’une certaine “naïveté” sur les effets escomptés (voir ci-dessous la critique de l’historienne américaine Deborah Lipstadt), a le mérite de faire découvrir jusqu’où peut se nicher le négationnisme : jusqu’à nier l’existence de… sauveurs de juifs arabes!
Car s’il est de notoriété publique qu’en dehors de quelques exemples isolés (comme le souverain marocain, Mohammed V, qui a refusé de livrer “ses” juifs à Vichy), les Arabes en général ont pour la plupart (comme les Européens d’ailleurs) montré la plus grande indifférence (quand ils n’y ont pas activement participé) aux discriminations et à la déportation des Juifs, il est vrai qu’on a peu d’histoires précises de ces Arabes qui ont protégé ou sauvé leurs amis ou voisins.
D’où l’intérêt de sa démarche (notamment à l’occasion de son enquête sur un Tunisien qui aurait caché plusieurs dizaines de Juifs pendant la dernière guerre), qui, tout en servant de confirmation de la réalité du génocide et de démenti de l’idée courante que toute action était impossible, fait justement toucher du doigt l’hostilité et la véritable conspiration du silence qui entourent actuellement ce genre de révélations, en particulier pour les descendants qui y voient une atteinte à la réputation de leur famille.
Extraits:
Plus de 21.000 Justes parmi les Nations ont été identifiés jusqu’ici, dont environ 60 musulmans qui ont effectivement sauvé des Juifs. Ils sont pour la plupart d’entre eux originaires de Bosnie et d’Albanie : il n’y a pas un seul Arabe parmi eux.
les Arabes n’ont pas voulu être identifiés. J’ai l’impression qu’à partir d’un certain moment, il est devenu inadmissible qu’un Arabe ait sauvé des Juifs. Trop de gens réagissaient négativement en apprenant que leurs parents avaient pu sauver des Juifs.
Satloff estime que les méthodes traditionnelles d’enseignement de l’holocauste “ont fait faillite” dans le monde arabe. “J’ai recherché une nouvelle approche, et j’ai pensé que si l’on trouvait des Arabes qui avaient sauvé des juifs au cours de l’holocauste, ce serait la réponse la plus parlante à la négation de l’holocauste.”
Le professeur Deborah Lipstadt estime par exemple que “Satloff est un peu naïf sur ce sujet. Il est étrange que le directeur très respecté du Washington Institute for Near East Policy et l’historien de haut niveau, puisse se convaincre lui-même que l’Histoire puisse servir d’antidote à une haine irrationnelle “.
Un chercheur spécialiste de l’Holocauste propose à Yad Vashem de reconnaître le premier arabe Juste parmi les Nations
Amiram Barkat pour Haaretz mardi 23 Janvier 2007
TEXTE REPRIS DU SITE MEMRI