01.02.2007
Mahmoud Ahmadinejad, critiqué pour sa politique de confrontation en matière nucléaire, a déclaré être celui qui « annonçait » la politique décidée par le Guide Suprême Khamenei.
« La politique générale du pays est fixée par le guide suprême et le gouvernement a le devoir de l’appliquer » , a-t-il affirmé lors du conseil des ministres. En effet, il a raison, le président n’a constitutionnellement aucun pouvoir. Mais, ce n’est pas le guide qui décide, c’est Rafsandjani.
L’un des problèmes de compréhension pour les étrangers est la constitution du régime des mollahs et ses institutions. Mais en réalité, ces institutions n’existent pas, ce sont des enveloppes légales pour des personnages clefs du régime. Le personnage n°1 du régime est Rafsandjani et les propos d’Ahmadinejad doivent être décodés dans ce contexte.
Que lui (Ahmadinejad) ne soit qu’un pion, nous le savions et quiconque a étudié la constitution de la république islamique le sait. Cependant, bon nombre de pseudo-experts ont expliqué pendant plus d’un an, qu’Ahmadinejad n’en faisait qu’à sa tête, parmi eux citons Michel Makinsky, Olivier Roy, Adler et la petite Delphine Minoui. On peut d’ores et déjà prédire que ces propos diffusés par la télévision iranienne ne seront pas commentés par les « experts » car ces propos sont la preuve que leurs expertises étaient inexactes et écrites pour répondre à certains critères conformes aux demandes du Quai d’Orsay…
Mais ces derniers propos comportent quand même un autre message qui confirme nos allégations quant au rôle central joué par Rafsandjani. Constitutionnellement, ce n’est pas le Guide qui définit les politiques du pays mais le Conseil du Discernement, inventé pour Rafsandjani et présidé par lui depuis sa création. Le Guide approuve cette politique (et il s’agit d’une approbation de pure forme). Khamenei lui-même a accédé au poste du Guide grâce à une manipulation du testament de Khomeiny par Rafsandjani.
C’est Rafsandjani le centre. En attribuant la politique de confrontation à Khamenei, le régime continue sa politique de bouc émissaire et il la rend conforme à la constitution mais épargne Rafsandjani. Ce dernier veut être l’architecte du renouveau ou d’une reprise du dialogue avec les USA. Il a tout tenté (le lobbying discret ou apparent, la guerre asymétrique, l’ingérence en Irak, l’ingérence au Liban et le bluff atomique), après l’échec de toutes ces tentatives il tente de se débarrasser de ces affaires puantes en se déchargeant sur ses boucs émissaires.
Le choix de Khamenei est judicieux pour plusieurs raisons. Les mollahs espéraient que la transformation d’Ahmadinejad en bouc émissaire serait suivie d’un plébiscite international pour le retour de Khatami. Cependant, ils désirent contrôler les évènements et ne pas être dépassés par la demande de mise à l’écart d’Ahmadinejad.
Comme nous l’avons expliqué, il ne s’agit que d’une ruse et l’objectif est d’arriver à des négociations en direct avec les Etats-Unis. La transformation d’Ahmadinejad en bouc émissaire ne peut être définitive sans la garantie que les Américains marchent dans la combine. A défaut d’être réversible, le processus ne doit donc pas être rapide.
En se référant au Guide, le régime (c-à-d Rafsandjani) a choisi de miser sur un homme malade et mourrant… Rafsandjani se ménage une sortie grandiose : laisser croire qu’un autre Guide Suprême (lui par exemple) serait plus « modéré ». Et puisque désormais, officiellement c’est le Guide qui décide, il n’a qu’à attendre et laisser la situation se pourrir au maximum pour apparaître mieux qu’un Mahdi, en sauveur.
Post-Scriptum | Mais au fond, le problème reste entier : Rafsandjani est doublement sous mandat d’arrêt international et il n’existe aucune dissidence valable à l’intérieur. Aucun des éléments qui avaient mis en doute la politique d’Ahmadinejad n’a relevé que c’est le Conseil du Discernement qui décidait des politiques à mener par le gouvernement ! Mais il n’y a rien d’irréversible… et si demain, par un concours de circonstances il fallait admettre le rôle du Conseil du Discernement, tous les faux-dissidents se rappelleraient de la constitution de la république islamique.
TEXTE REPRIS DU SITE IRAN RESIST