Ben-Dror Yemini
« Cet article en deux parties a été publié en hébreu et a été traduit en de nombreuses langues, dont l’anglais et l’arabe. Des musulmans se font tuer dans le monde entier et la faute en est souvent attribuée à Israël. Mais le génocide n'a rien à voir avec le sionisme : il n'y a pas de complot plus ignoble. Ainsi fonctionne l'escroquerie. » Ci-après, la première partie de ce texte, long, atterrant, mais incontournable, qui éclaire impitoyablement l’escroquerie au génocide dont est accusé Israël, alors que les Arabes eux-mêmes perpètres d’authentiques actes de génocide contre d’autres Arabes, sur lesquels le monde garde un silence complic et coupable. A lire attentivement et diffuser très largement
(Menahem Macina).
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23 septembre 2006
Maariv
Texte original hébreu : " Weha’olam shoteq ".
Traduction française [*] : Hadassah Miryam Brakha
Les « faits »
Fait n° 1 : depuis la création de l'État d'Israël, un massacre sans pitié est perpétré contre les musulmans ou/et contre les Arabes.
Fait n° 2 : le conflit au Proche-Orient, entre Israël et les Arabes en général et les Palestiniens en particulier, tient une place centrale dans l'agenda mondial.
Fait n° 3 : selon des sondages réalisés au sein de l'Union Européenne, Israël est en tête de liste des pays représentant un "danger pour la paix mondiale". Pas l'Iran. Pas la Corée du Nord. En Hollande, par exemple, 74% de la population est de cet avis. Le lien entre ces constatations crée une des plus belles escroqueries de notre temps : Israël est perçu comme l'unique responsable de toutes les crises, malheurs et misères de ce monde.
L'accusation se fait d'une façon élaborée. Il est en effet difficile d'accuser Israël du génocide perpétré au Soudan ou de la guerre civile en Algérie. Comment cela serait-il possible ? Pourtant, des dizaines de publications, articles, livres, revues et sites Internet sont consacrés à une seule cause : faire d'Israël un État qui commet sans arrêt des crimes de guerre.
A Jakarta et à Khartoum, on brûle les drapeaux d'Israël, et à Londres, Oslo et Zurich, des articles diaboliques prônent la destruction de l'État hébreu. Chaque fois que vous entrez, dans les moteurs de recherche d'Internet, les mots "génocide" contre les "musulmans", "Arabes" ou "Palestiniens", reliés à "sionisme" ou "Israël" – vous obtenez un nombre infini de résultats. Même après avoir filtré les publications ordurières, il en restera des millions, écrites avec un sérieux stupéfiant.
Cette profusion incroyable porte ses fruits. Elle agit comme un lavage de cerveau. C'est un consensus, et pas seulement parmi les marginaux. Il y a cinq ans à peine, on a assisté à un spectacle international raffiné contre Israël, lors de la Convention de Durban. Il y a deux ans, nous nous sommes indignés quand un universitaire a accusé Israël de perpétrer un "génocide symbolique" du peuple palestinien. Beaucoup de bruit pour rien. Des milliers de publications accusent Israël de génocide, et non "symbolique". Sous couverture "universitaire" et "journalistique", Israël est aujourd'hui comparé à l'Allemagne maudite d'autrefois.
Pour conclure, des voix s'élèvent pour mettre fin au "projet sioniste". En d'autres termes, puisque Israël perpétue tant de crimes de guerre, une purification ethnique et un génocide, il n'a pas droit à l'existence. C'est, en l'occurrence, l'idée majeure de l'article de l'écrivain norvégien Jostein Gaarder [1], auteur du "Le Monde de Sophie"), qui déclare, entre autres : "Nous appelons des assassins d'enfants par leur nom." Sa conclusion est qu'Israël n'a pas le droit à l'existence.
Le massacre et l'escroquerie
Les massacres qui se déroulent dans les pays arabes et musulmans sont une tragédie. Un génocide perpétré à l’ombre du silence protecteur des nations. Un génocide qui est une escroquerie probablement unique dans l'histoire. Car ce génocide n'a aucun lien ni avec Israël, ni avec le sionisme, ni avec les Juifs. Ce génocide est perpétré par des Arabes et des musulmans, essentiellement contre leurs frères arabes et musulmans.
Il ne s'agit pas d'un point de vue ou d'une opinion. C'est un fait aussi précis que possible, qui ressort du nombre de victimes de guerres et de conflits divers qui ont eu lieu depuis la création de l'État d'Israël à nos jours. Le massacre se poursuit, et de manière massive, allant de l’éradication de villages, de villes, jusqu’à celui de populations entières.
Et le monde se tait.
Ils se font assassiner et le monde se tait. Et si plainte il y a, alors la culpabilité retombe sur Israël et non sur les auteurs de ces crimes.
Cette grande escroquerie, qui cache les faits réels, se maintient et prend même de l'ampleur, et ce pour une seule raison : les médias et le monde universitaire occidental lui prêtent main forte. En effet, un nombre infini de publications, de livres, de journaux, et de sites Internet accusent Israël de "crimes contre l'humanité", "génocide", "purification ethnique", ou encore d’"assassinats systématiques".
Les raisons de cette escroquerie sont diverses : effet de mode, ou inattention, ou conséquence d’une morale hypocrite et double. Mais la cause la plus certaine est l'antisémitisme, ancien et nouveau, de gauche ou de droite, manifeste ou caché. Même si la plupart des accusations de meurtres rituels ont été démenties en peu de temps, l'accusation actuelle, cette fois contre Israël, ne fait que s'amplifier. Et certains Israéliens et certains Juifs sont souvent complices de ce phénomène.
Le conflit israélo-palestinien
L'entreprise sioniste, qui a commencé à la fin du XIXe siècle, a effectivement déclenché un conflit entre les Juifs et les Arabes. Le chiffre des victimes des différents conflits qui se sont déroulés jusqu'à la création de l'État d'Israël, ne dépasse pas quelques milliers de Juifs et d'Arabes. Par contre, bien plus d’Arabes ont été tués au cours de luttes fratricides, comme celle de la révolte arabe des années 1936-1939. Cela annonçait la suite. Beaucoup ont été victimes de l’armée britannique.
Israël n'a jamais agi de la sorte.
Le premier conflit a suivi la Guerre d'Indépendance d'Israël, appelée aussi Guerre de 48. Il a fait entre 5.000 et 15.000 morts dans les rangs des Palestiniens et des citoyens des pays arabes. Cette guerre, comme toutes les guerres, a été le théâtre d'horreurs. Les attaquants ont clairement annoncé leur but : tuer tous les Juifs ; et, s'ils avaient gagné, un génocide aurait eu lieu. Du côté israélien aussi, des actes barbares ont été perpétrés, mais il s'agissait d'exceptions. Les chiffres des victimes de ces exactions, sont largement inférieurs à ceux des guerres perpétrées contre des musulmans, au Soudan et en Irak.
Le second conflit important a été la Guerre du Sinaï, en 1956. Environ 1650 Égyptiens ont été tués. Un millier par les Israéliens et environ 650 par les forces britanniques et françaises. Puis, éclata la Guerre des Six Jours [1967], durant laquelle, selon les statistiques, 21.000 Arabes ont été tués sur les trois fronts : égyptien, syrien et jordanien. Enfin, ce fut la guerre de Kippour [1973], qui a tué 8500 arabes sur deux fronts : égyptien et syrien.
Par la suite, il y a eu les "petits" conflits [2] : la première guerre du Liban, qui, en réalité, a été déclenchée contre l'OLP et non contre le Liban. C'était un conflit dans un conflit. Elle a eu lieu dans un contexte de guerre civile sanglante au Liban, sur laquelle nous reviendrons.
Puis a eu lieu la deuxième guerre du Liban, qui a fait un millier de morts libanais.
Des milliers de Palestiniens ont été tués après l'implantation israélienne dans les territoires, qui a commencé au lendemain de la Guerre des Six Jours. La plupart durant les deux Intifadas : celle de 1987, qui a tué environ 1800 Palestiniens, et celle de 2000, qui en a tué 3700. Entre les deux, des opérations militaires diverses ont fait d'autres victimes arabes. En exagérant, on peut parler de quelques centaines de morts supplémentaires. Des centaines, et non des milliers ou des millions.
Le bilan global s'élève à environ 60 000 Arabes tués au cours du conflit israélo-palestinien. Parmi eux, quelques milliers de Palestiniens, qui sont la cause de la colère du monde envers Israël. Chaque mort arabe ou musulman est à déplorer. Mais, s’il est permis de critiquer Israël, sa critique obsessionnelle et fantasmatique fait ressortir un phénomène encore plus incroyable : le silence du monde - un silence relatif du moins -, devant l'exécution systématique de millions d'Arabes par les régimes musulmans et arabes.
Le prix du sang des musulmans
Maintenant nous pouvons nous demander combien d'Arabes et de musulmans ont été tués par des pays comme la Russie et la France, et combien d'Arabes, de musulmans et autres ont tué, dans la même période, des Arabes et des musulmans. Les données qui suivent sont basées sur des centres de recherche, des instituts académiques et des organisations internationales, comme Amnesty International et autres organismes de défense des droits de l'homme, l'ONU et des institutions gouvernementales.
Dans de nombreux cas, les différentes sources donnent des chiffres contradictoires, avec des différences de centaines de milliers et parfois de millions. Nous ne connaîtrons apparemment jamais les chiffres exacts. Mais pourtant même les chiffres les plus bas, sur lesquels sont basés leurs tableaux, révèlent une image terrifiante de la réalité. Sans parler des nombreux combats sanguinaires qui ne sont même pas recensés dans les tableaux, et qui ont fait plus de victimes que le conflit israélo-palestinien.
Algérie : des statistiques controversées
Quelques années après la création de l'État d'Israël, la guerre d'Algérie (1954-1962) a provoqué un nombre de victimes musulmanes, qui est controversé jusqu'à ce jour. Les sources officielles algériennes parlent de plus d'un million. Certains centres de recherche occidentaux adoptent ce chiffre.
Des sources françaises ont tenté, par le passé, de réduire le chiffre à un quart de million seulement, sans compter les 10 000 musulmans qui ont coopéré avec les Français. Mais ces affirmations ont été jugées tendancieuses et en dessous de la vérité. Aujourd'hui, il est incontestable que les Français ont tué au moins 600 000 musulmans. Ce qui n’empêche pas les Français d’être parmi les plus ardents à faire la morale à Israël, qui n’a pourtant, durant son histoire conflictuelle avec les Arabes, à peine atteint que le dixième des musulmans tués en Algérie par les Français.
Dans les années qui suivent, le massacre algérien s’est poursuivi. Aux élections de 1991, le Front Islamique du Salut a remporté la victoire, mais les résultats ont été annulés par l'armée. Depuis, une guerre civile s'est déclenchée entre le pouvoir central, soutenu par l'armée, et les partis islamiques. Selon les estimations il y aurait eu, jusqu'à présent, plus de 10 000 victimes : pour la plupart, des citoyens innocents (enfants, femmes et vieillards tués, et leurs villages ratissés), tués au nom de l'Islam.
Bilan en Algérie : 500 000 à un million de morts au cours de la Guerre d'indépendance contre la France ; 100 000 morts dans la guerre civile des années 90.
Soudan : La série de crimes les plus graves depuis la Seconde Guerre mondiale
Un pays dévasté par des campagnes d'extermination, qui ont presque toutes eu lieu entre le nord arabo-musulman, qui contrôle le pays, et le Sud peuplé par des Noirs. Ce pays a connu deux guerres civiles, et un massacre, couvert par le gouvernement, se déroule, depuis ces dernières années, sur la ligne du Darfour.
La première guerre civile a eu lieu entre les années 1955-1972. Les estimations parlent d'environ 500 000 victimes. En 1983, se déclenche la deuxième guerre civile. En réalité, il ne s'agit pas d'une guerre, mais d'un massacre systématique qui correspondrait plutôt à la définition de "génocide". Les buts : islamisation, arabisation et déportation de masse, qui se traduisent souvent par des massacres ayant pour but, entre autres, la mainmise sur d’immenses champs de pétrole. On parle d’un million neuf cent mille victimes.
La distinction entre les victimes musulmanes et les autres n'est pas clair. La large bande de Nuba, peuplée de Noirs musulmans, a également été le théâtre d'horreurs. Les musulmans, quand ils sont noirs, n'ont pas droit à un traitement de faveur. Depuis la montée de l'islam radical au pouvoir, sous la conduite spirituelle du Dr Hassan Turabi, la situation n'a fait qu'empirer pour eux. Il pourrait s'agir de la série de crimes contre l'humanité la plus grave qui ait eu lieu depuis la Seconde Guerre mondiale.
On parle de purification ethnique, de déracinement, de meurtre de masse, de trafic d'esclaves, d'imposition des lois de l'islam, d'embrigadement d'enfants et autres... Des millions de gens sont devenus des réfugiés. À notre connaissance, on ne peut pas dire que l'on trouve beaucoup de publications sur "le droit au retour" des Soudanais, ni des déclarations d'intellectuels niant le droit à l'existence du Soudan.
Ces dernières années sont placées sous le signe du Darfour. Une fois de plus, des musulmans (arabes) tuent des musulmans et des païens (noirs), mais les chiffres ne sont pas précis. Des estimations modérées parlent de 200 000 victimes, d'autres de 600 000. Personne ne connaît le chiffre exact.
Et le massacre se poursuit…
Parmi l’accumulation des horreurs subies par le Soudan, il faut considérer que le massacre est perpétré par le pouvoir arabo-musulman et que la grande majorité des victimes, sinon toutes, sont des Noirs de diverses religions, y compris musulmane.
Bilan au Soudan : entre 2,6 et 3 millions de victimes.
Afghanistan : Une succession ininterrompue de meurtres de masse
L'invasion soviétique, qui a débuté le 24 décembre 1979 et s'est terminée le 2 février 1989, a fait environ un million de morts. D'autres estimations parlent d'un million et demi de citoyens et de 90 000 soldats tués.
Après le retrait des forces soviétiques, l'Afghanistan a subi une série de guerres civiles et de combats entre partisans des soviétiques, Moudjahidin et Talibans. Chaque groupe, tour à tour, a procédé à l’élimination de masse de ses ennemis. Le total des tués au cours des guerres civiles, jusqu'au déploiement des forces de la coalition sous direction américaine, en 2001, s’élève à environ un million.
Certains se plaignent, et ils ont raison, du carnage des Afghans qui a suivi l'attaque des forces de la coalition pour faire tomber le régime taliban et pour lutter contre Al-Qaïda. Mais le déploiement en Afghanistan a provoqué un nombre relativement restreint de victimes – moins de 10 000 – comparé aux quelque 100 000 personnes, en moyenne, par an, qui auraient continué à mourir si la coalition n’était pas intervenue : l'auto-génocide se serait perpétué
Bilan en Afghanistan : Entre 1 million et 1 million et demi de victimes suite à l'invasion soviétique ; 1 million dans la guerre civile.
Somalie : Une guerre civile interminable
Depuis 1977, ce pays musulman d'Afrique orientale est plongé dans une guerre civile ininterrompue. Le nombre des victimes est estimé à environ 550 000. Des musulmans qui éliminent d'autres musulmans. La tentative d'intervention de l'ONU, puis celle des forces américaines, pour rétablir la paix, s'est soldée par un échec.
La plupart des victimes ne sont pas tombées sur les champs de bataille, mais sont mortes de faim, ou ont été tuées par des concitoyens, comme lors des bombardements contre la population civile (des bombardement massifs d'activistes ennemis, comme celui de Somaliland, qui a fait 50 000 morts).
Bangladesh : Un des trois plus grands génocides du monde
Ce pays a voulu devenir indépendant du Pakistan. Le Pakistan a répliqué par un déploiement militaire, qui a été responsable d’un anéantissement massif. Ce n'était pas une guerre, mais un massacre. Entre un et deux millions de gens ont été tués, de manière méthodique, en 1971. Des chercheurs qualifient les événements de cette année au Bangladesh de l'un des trois grands génocides mondiaux (après la Shoah et le génocide au Rwanda).
La commission d'enquête établie par le gouvernement du Bangladesh a estimé à un million deux cent quarante-sept mille le chiffre des morts suite au massacre méthodique de citoyens par l'armée pakistanaise. De nombreux rapports évoquent également des réseaux de la mort, dans lesquels "des soldats musulmans ont été envoyés pour tuer massivement les villageois musulmans".
L'armée pakistanaise a cessé ses activités meurtrières après intervention de l'Inde, qui avait vu déferler sur son territoire des vagues de réfugiés bangladais sur son territoire – par millions. Les actes de vengeance, suite au retrait de l'armée pakistanaise ont fait encore au moins 150 000 victimes.
Bilan au Bangladesh : Entre 1.4 et 2 millions de victimes.
Indonésie : Le massacre a commencé avec la révolte communiste
Le plus grand pays communiste du monde se dispute l’honneur douteux d’avoir vu se perpétrer sur son territoire le "massacre le plus important après la Shoah". Il a commencé par la révolte communiste de 1965. Là aussi, les estimations divergent. Celle, généralement admise aujourd'hui, recense 400 000 morts indonésiens entre les années 1965 et 1966. D'autres estimations, plus sévères, avancent un chiffre beaucoup plus élevé.
Le massacre a été perpétré par l'armée commandée par Haji Mohammed Suharto, qui a gardé le pouvoir pendant 32 ans. Des chercheurs travaillant sur cette époque précisent que Suharto, qui était chargé de neutraliser la révolte, a admis : "Nous n'en n'avons pas tué un million mais près de deux millions". Et il ajoute : "nous avons fait du bon travail". Mais nous ne prendrons en compte que les estimations les plus modérées.
En 1975, alors que le Portugal quitte le pouvoir, le Timor oriental proclame son indépendance. Peu de temps après, l'Indonésie l'envahit et en prend le contrôle jusqu'en 1999. Durant ces années, entre 100 000 et 200 000 personnes ont été tuées, sans parler de la destruction totale des réseaux.
Bilan en Indonésie : 400 000 victimes et 100 000 à 200 000 au Timor oriental.
Irak : Un carnage perpétré par Saddam Hussein
La majeure partie de la destruction et du carnage de ces dernières décennies en Irak est l'œuvre de Saddam Hussein. Là aussi, ce régime a causé la mort de millions de personnes. Des morts et toujours des morts. Un sommet a été atteint durant la guerre Iran-Irak, lors de la bataille du Chattal-Arab, le fleuve à la jonction du Tigre et de l'Euphrate. Ce conflit n'a apporté que destructions et tueries de masse. Les estimations parlent de 450 000 à 650 000 morts irakiens, et de 450 000 à 970 000 iraniens. Les Juifs, Israéliens et/ou sionistes, pour autant que l'on sache, n'étaient pas dans les environs.
Les vagues de purges internes, parfois sur fond politique (opposition), parfois ethnique (la minorité kurde), et parfois religieux (la minorité sunnite majoritaire face à la majorité chiite), ont fait un nombre impressionnant de victimes. Les estimations fluctuent entre un million, selon les sources locales, et un quart de million – d'après l'organisation Human Rights Watch. D'autres groupes internationaux parlent d'environ un demi million de morts.
Dans les années 1991-1992 a éclaté une révolte shiite en Irak. Les estimations sur le nombre de victimes divergent. Les chiffrent varient entre 40 000 et 200 000. En plus des Irakiens, il faut compter les Kurdes, dont 200 à 300 000 ont été anéantis sous le régime de Saddam Hussein, dans des massacres qui ont été perpétrés entre les années 80 et 90.
Un demi million d'Irakiens ont succombé à des maladies dues à une pénurie de médicaments, provoquée par les sanctions qui ont suivi la première guerre du Golfe. Aujourd'hui, il est évident que cela constitue la suite du massacre de Saddam Hussein contre son propre peuple. Il avait la possibilité d'acquérir des médicaments, il avait assez de fonds pour acheter des vivres et construire des hôpitaux pour les enfants irakiens, mais il a préféré bâtir des palais et distribuer des souvenirs aux nombreuses personnalités des pays occidentaux. Toute cette affaire de corruption est divulguée par le projet "de la nourriture contre du pétrole", sous le patronage de l'ONU.
Les Irakiens continuent de souffrir. L'actuelle guerre civile – même si certains refusent de qualifier ainsi les massacres mutuels de sunnites et de chiites – fait des dizaines de milliers de victimes. Les estimations font état de la mort de 100 000 personnes depuis l'entrée des forces de la coalition en Irak.
Bilan en Irak : Entre 1,54 et 2 millions de victimes.
Bilan en Iran : Entre 450 000 et 970 000 victimes.
Liban : Une guerre civile dévastatrice
La guerre civile au Liban a fait rage entre 1975 et 1990. Israël y est quelque peu impliqué, durant la première guerre du Liban en 1982. Il ne fait aucun doute qu'un grand nombre de personnes ont été tuées durant les deux premières années de ce conflit.
Un décompte exigeant montre que plus de 130 000 personnes sont tombées durant les combats, principalement entre Libanais, sur fond religieux et ethnique, et pendant l'intervention syrienne, qui a soutenu les deux camps. Les estimations maximalistes avancent le chiffre de 18 000 victimes dues à l'action israélienne, dont une écrasante majorité de combattants.
Bilan au Liban : 130 000 victimes.
Yémen : Des centaines de milliers de morts dans la guerre civile
Durant la guerre civile de 1962 à 1970, au cours de laquelle il y eut des interventions égyptienne et saoudienne, 100 à 150 000 Yéménites, 1 000 Égyptiens, et 1 000 Saoudiens ont été tués.
De plus, des crimes de guerre ont été perpétrés par les Égyptiens, qui ont fait usage de gaz. Entre 1984 et 1986, des troubles au Yémen ont fait des milliers de morts supplémentaires.
Bilan au Yémen : Entre 100 000 et 150 000 victimes.
Tchétchénie : Le refus opposé par la Russie à sa revendication d’indépendance a déclenché une guerre
La Russie a refusé d'accorder son indépendance à la République tchétchène, ce qui a provoqué la première guerre (1994 à 1996), qui a fait entre 50 et 200 000 victimes tchétchènes.
La Russie n'a pas lésiné sur les moyens, ce qui ne l’a pas empêchée d’essuyer une cuisante défaite. Cela n'a pourtant pas servi la Tchétchénie ; en effet, même si cette République a obtenu son indépendance, elle ne s'est toujours pas relevée de ses destructions.
La deuxième guerre de Tchétchénie a éclaté en 1999 et s'est officiellement terminée en 2001. Mais elle n'a pas réellement pris fin et l’estimation du nombre des victimes varie entre 30 000 et 100.000.
Bilan en Tchétchénie : Entre 80 000 et 300 000 victimes.
Petits conflits qui se soldent par des dizaines de milliers de victimes
De la Jordanie au Zanzibar : En plus des guerres et des massacres de masse, des petits conflits ont fait des milliers et des dizaines de milliers de victimes, impliquant des musulmans arabes contre des musulmans arabes. Ces luttes ne sont pas incluses dans les données citées ici, car, même si le nombre de morts est plus élevé que celui du conflit israélo-palestinien, il reste relativement très bas. En voici des exemples :
Jordanie : Dans les années 1970-1971, Hussein en a eu assez des Palestiniens qui menaçaient de prendre le contrôle de son royaume. "Septembre Noir" a éclaté au sein du Royaume Hachémite. Le massacre, qui s’est déroulé dans les camps de réfugiés, a fait des milliers de victimes : selon les estimations des Palestiniens, 10 000 à 25 000. D'après d'autres sources, quelques milliers.
Tchad : Un pays dont près de la moitié des habitants sont musulmans : divers conflits et guerres civiles y ont provoqué la mort de 30 000 citoyens.
Kosovo : Dans la partie de la Yougoslavie à majorité musulmane, on a dénombré 10 000 morts dans la guerre de 1998-2000.
Tadjikistan : La guerre civile de 1992-1996 a fait 50 000 morts.
Syrie : La persécution méthodique perpétrée par Hafez El-Assad contre les Frères musulmans, s'est terminée par un massacre dans la ville de Hama, en 1982, causant la mort d'environ 20 000 personnes.
Iran : Des milliers de gens ont été éliminés au début de la révolution khomeyniste. Le chiffre exact - entre des milliers et des dizaines de milliers -, n'est pas établi. Les Kurdes ont également souffert : 10 000 d'entre eux ont été assassinés.
Turquie : Le conflit avec les Kurdes a causé la mort de 20 000 Kurdes.
Zanzibar : Au début des années 60, l'île a acquis son indépendance, mais pour une brève période. Au début, les Arabes étaient au pouvoir. Les Noirs musulmans, majoritaires, ont ensuite massacré, en 1954, le groupe arabe, lui aussi musulman. Les estimations varient entre 5 000 et 17 000 victimes.
Et cette liste n'est pas exhaustive. D'autres conflits ont fait un nombre incalculable de victimes dans des républiques à majorité musulmane de l'ex-Union soviétique (comme la guerre entre l'Azerbaïdjan et l'Arménie pour la ligne Nagorni-Karabakh). En effet, le nombre de musulmans tués dans les pays africains à populations hétérogènes, comme le Nigeria, la Mauritanie et l'Ouganda. (Le régime de Idi Amin, qui s’est proclamé musulman, a mis à mort 300 000 Ougandais pendant la décade suivant 1971, mais, contrairement au cas du Soudan, il est difficile de dire que les massacres ont été dirigés contre les musulmans, et le chiffre reste controversé.)
Sommaire de l'escroquerie
Pour clore cet article, rappelons les faits suivants :
La majorité des Arabes concernés par le conflit israélo-arabe l’ont été pendant les guerres provoquées par les Arabes du fait de leur refus d'accepter la décision des Nations Unies (reconnaissance de l'État des Juifs) ou de leur refus de reconnaître le droit des Juifs à l'autodétermination.
Le nombre d'Israéliens concernés par les attaques arabes est beaucoup plus élevé, proportionnellement, comparé aux victimes arabes. Pendant la guerre d'indépendance, par exemple, plus de 6000 Israéliens ont été tués, sur une population totale de 600 000 personnes. Par contre, les Arabes tués au long des guerres contre Israël venaient de sept pays différents, dont la population s'élève à plusieurs millions. Israël n'a jamais rêvé, ni pensé, ni même désiré détruire un quelconque pays arabe voisin. Par contre, le but principal des armées qui attaquent Israël est toujours d'«éliminer "l'entité juive"».
Ces dernières années il semble naturel que les Palestiniens touchés par le conflit bénéficient de l’intérêt particulier des journalistes et des universitaires du monde entier. Pourtant, il s'agit d'un faible nombre de victimes. Le total des Palestiniens tués, jusqu'à aujourd'hui, par l'armée israélienne dans les territoires occupés, est de quelques milliers. 1 378 ont été tués lors de la première Intifada et 3 700 depuis la seconde Intifada.
Un autre exemple est celui du massacre de musulmans, organisé par le Président syrien, Hafez Assad, en 1982 à Hama, même si ce massacre a fait moins de victimes que le massacre perpétré contre les Palestiniens, en 1971, sur ordre du roi Hussein de Jordanie. Et ce dernier est encore plus faible que celui qu’ont perpétré les Serbes contre les Bosniaques musulmans, en 1991, à Sebreniza, lequel a fait 8000 morts.
Chaque victime augmente la douleur sur laquelle il faut s'apitoyer. Il convient cependant de conclure qu'il n'y a pas de plus grande escroquerie que celle qui revient à caractériser de "génocide" les actions israéliennes à l’encontre contre les Palestiniens. Et pourtant, les mots associés à "génocide" et "Israël" dans les moteurs de recherche sur l'Internet nous renvoient 13 millions 600 000 réponses. Essayez de taper "Soudan" et "génocide" et vous n’obtiendrez qu’environ 9 millions de réponses. En d'autres termes, ces chiffres ne font que débusquer cette grande escroquerie.
L'occupation n'est pas éclairée, mais elle n'est pas brutale
Autre fait : depuis la Seconde Guerre mondiale, le conflit israélo-palestinien a causé un nombre de victimes relativement faible, mais il a pourtant donné lieu à de nombreuses publications hostiles à Israël dans la presse et dans les milieux universitaires du monde entier.
Au moins un demi million d'Algériens ont trouvé la mort durant l'occupation française.
Un million d'Afghans ont trouvé la mort lors de l'occupation soviétique.
Des millions de musulmans et Arabes ont été tués et massacrés par les musulmans eux-mêmes.
Et le monde entier connaît Mohammad Al-Dura (dont la mort est regrettée par tous, même si le doute plane sur la provenance des tirs).
Il est possible, autorisé et même légitime de critiquer Israël. Tant que les critiques ne sont pas disproportionnées, exagérées, obsessionnelles, antisémites à mots couverts, de manière à fournir un prétexte légitimant le génocide de millions d'individus.
L'occupation n'est pas éclairée et ne peut être éclairée. Mais si nous devions créer une échelle classant les "occupations brutales", Israël sera en dernière place sur cette échelle. C'est un fait et non une opinion.
De plus, peut-on imaginer quel aurait été le destin des Palestiniens si leurs voisins avaient été Iraqiens au lieu d’être Israéliens ? Ou s’ils avaient été occupés par l’armée soudanaise, ou française, ou soviétique ? Nous pouvons supposer, en toute connaissance de cause d’après ce que démontre cet article, que les Palestiniens auraient été victimes, au pire, d'un massacre, d'une épuration, et, dans le meilleur des cas, d’un exil.
Mais leur grande chance est de se trouver sous occupation israélienne. Eh bien, même s’il convient de préciser qu’aucune occupation ne peut être éclairée, qu’il est toujours licite de pouvoir critiquer Israël –, cette occupation a provoqué peu de victimes (il y a d'autres préjudices comme celui des réfugiés mais ce sujet sera traité dans un chapitre à part).
La moralité de l'image télévisuelle
La question reste entière : pourquoi l'image d’Israël dans le monde va-t-elle à l'encontre de ces faits ? Pourquoi n'y a t-il pas de relation réelle entre les faits, les chiffres et la représentation démoniaque d'Israël ?
Il y a de nombreuses réponses. L’une d'entre elles relève de la morale occidentale, devenue aujourd'hui la morale des écrans télévisés. En effet, si un terroriste palestinien, ou un membre du Hezbollah lancent une roquette à l'intérieur d'un quartier habité par des civils, et qu’Israël réagit en tirant – et ainsi provoque la mort de deux enfants - les titres et les articles de journaux dans le monde s'élèvent tout de suite contre Israël et le traitent de "tueur d'enfants". Mais si des villages soudanais sont littéralement rasés, ou si une ville de Syrie est entièrement anéantie, il n'y aura aucune caméra de télévision pour couvrir l'événement.
Ainsi, conformément à la morale propagée par les télévisions, José Saramago et Harold Pinter signent la pétition qui stigmatise Israël comme un "criminel de guerre" qui "massacre un peuple". Il est clair que ces gens n'ont pas lu la convention de Genève. Ils ignorent qu’Israël est tout à fait autorisé, selon cette convention (protocole 1, paragraphe 52.2), à lancer des actions isolées contre des cibles militaires qui provoquent la mort de civils. Et comme ces personnalités sont absorbées par ce qu'elles voient et entendent à la télévision, elles ne pourront avoir aucune velléité de signer ni de pétitionner contre les massacres perpétrés par des musulmans contre d'autres musulmans. Massacre au nom du massacre. Tout leur est permis.
L'écran télévisé est une tragédie pour les Arabes et les musulmans eux-mêmes. A cause de lui, Israël paie un prix élevé ; mais les Arabes et les musulmans sont les vraies victimes du petit écran. Car, tant que la télévision propagera cette morale, les Arabes et les musulmans continueront d’en être les victimes.
Conclusion
Certains disent que les pays arabes et musulmans sont exempts de critique car ils ne font pas partie des pays démocratiques ; par contre, Israël, pays démocratique, doit y être continuellement exposé. Cette idée, orientaliste dans toute sa splendeur, revient à traiter les musulmans et les Arabes d’enfants débiles et irresponsables. Ils ont le droit, donc. Il ne s'agit pas que d'orientalisme mais aussi de racisme.
Les Arabes et les musulmans ne sont pas des enfants débiles et irresponsables. Nombreux parmi eux le savent et l'écrivent. Ils savent aussi qu'une dénonciation de l’auto-escroquerie et qu’une autosensibilisation pourront les mener à un vrai changement. Ils savent aussi que tant que l'Occident les considérera avec inégalité et irresponsabilité, cette approche raciste leur nuira et alimentera les massacres tournés contre eux-mêmes.
Le génocide qu’Israël ne pratique pas est une calomnie qui vient cacher le vrai génocide : celui qui est passé sous silence, celui que pratiquent les musulmans et les Arabes contre eux-mêmes. Il faut mettre un terme à cette calomnie, afin que la réalité voie le jour. C’est dans l'intérêt des musulmans et des Arabes. Israël paie au prix fort, par le sang, cette escroquerie. S'il existe encore un sens moral en ce bas monde, alors, il est dans l'intérêt de tous ceux qui conservent ce sens moral de réagir. Si cela se réalise, alors, ce sera une petite bonne nouvelle pour Israël et une nouvelle encore meilleure pour les Arabes et les musulmans.
Ben-Dror Yemini *
* Ben-Dror Yemini est le rédacteur en chef du quotidien Maariv.
© Maariv
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Note de la Rédaction d’upjf.org
[*] Cette traduction a été soigneusement revue et corrigée par notre Rédaction.
[1] Jostein Gaarder, "Le peuple choisi par Dieu".
[2] Encore appelés "conflits de basse intensité".
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Mis en ligne le 04 février 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org