La Géorgie a lancé hier une offensive militaire pour reprendre le contrôle de l’Ossétie du Sud. En réponse, Moscou, qui soutient cette région séparatiste, a bombardé des bases aériennes géorgiennes et déployé des convois de blindés.
Le fusil en bandoulière, des Russes, soldats ou « volontaires », gravissaient hier par centaines, juchés sur des tanks, en camions ou autobus, le col qui relie l’Ossétie du Nord (Russie) à l’Ossétie du Sud (Géorgie). Et ils sont les bienvenus en entrant dans cette région séparatiste, que la Géorgie tente aujourd’hui de reconquérir par la force.
1.400 civils tués
Des dizaines de chars lourds et camions russes de toutes sortes, transportant troupes, munitions, matériel, se succèdent sur la route qui serpente dans les montagnes du Caucase vers le c œ ur de la république indépendantiste . Dans l’autre sens, le trafic est à peine moins dense, où les bus de réfugiés en direction de la Russie se suivent à un rythme rapide. Depuis hier, les combats violents font rage entre Russes et Géorgiens. 1.400 civils auraient été tués en Ossétie du Sud, selon le président de ce territoire, Edouard Kokoïty.
Moscou menace
Plusieurs soldats géorgiens ont également
trouvé la mort dans le bombardement de la base aérienne de Marneouli (est de la Géorgie) par l’aviation russe. Côté russe, plus de dix soldats des forces de maintien de la paix ont péri à Tskhinvali, la capitale ossète, dans l’offensive géorgienne. Hier soir, Tbilissi affirmait avoir repris le contrôle de la quasi-totalité de l’Ossétie du Sud, dont la capitale. Mais à Moscou, le président Medvedev a averti que la Russie ne laisserait pas « impunie » la mort de ses « compatriotes ». De son côté, le président géorgien Saakachvili, a « exigé » de la Russie qu’elle « arrête les bombardements », affirmant que son pays faisait face à « une intervention militaire de grande envergure ». A l’échelle internationale, les appels au cessez-le-feu se sont multipliés notamment de la part des Etats-Unis, de l’Onu, lde ’Otan et de nombreuses capitales européennes. Mais hier, les habitants d’Ossétie ne se faisaient guère d’illusion et se préparaient à la guerre. « Un jour ou l’autre, il faut régler le problème », a ainsi lâché, Albert, un habitant de Djava, village à quelque 25 kilomètres de Tskhinvali. De son côté, la Croix-Rouge a demandé l’ouverture d’un « couloir humanitaire », afin d’évacuer les blessés.
Un territoire pro-russe opposé à la Géorgie
L’Ossétie du Sud est une région séparatiste pro-russe qui a proclamé son indépendance de la Géorgie, au lendemain de la chute de l’Union soviétique.
L’Ossétie du Sud a été créée lors de la formation de l’empire soviétique. En 1920, l’Ossétie est, en effet, divisée en deux. Le Nord est rattaché à l’URSS alors que le Sud intègre la Géorgie. C’est début 1990, avec l’effondrement de l’URSS, que le conflit éclate. L’Ossétie du Sud s’autoproclame « république soviétique ». Une décision rejetée par le parlement géorgien qui décrète la dissolution de la région autonome et envoie ses troupes.
Soutien omniprésent de la Russie
Le 7 janvier 1991, le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev annule les mesures prises par les Géorgiens et envoie des renforts aux troupes soviétiques stationnées en Ossétie où nationalistes géorgiens et ossètes sont aux prises. Les forces séparatistes ossètes infligent une défaite aux Géorgiens et le 19 janvier 1992, les Ossètes du sud se prononcent par référendum pour leur indépendance et leur rattachement à l’Ossétie du Nord. Au terme d’un accord de cessez-le-feu conclu en juin 1992, une force d’interposition tripartite composée de soldats ossètes, géorgiens et russes, est créée, et déployée le long de la frontière entre la Géorgie et l’Ossétie du sud pour maintenir le statu quo.
Retour des affrontements en 2004
Les incidents ont toutefois continué. Le retour en août 2004 d’un pouvoir nationaliste en Géorgie relance les affrontements, le président géorgien Mikheil Saakachvili souhaitant la réintégration des régions sécessionnistes au sein du territoire. De son côté, la Russie reste très influente dans cette région et soutient l’Ossétie. Dernièrement, les autorités russes ont envoyé des troupes en Ossétie. Officiellement pour maintenir la paix et défendre les populations. Mais depuis quelques semaines, le pouvoir a adopté un ton plus virulent. Il accuse la Géorgie de s ’ être livrée à un « acte d ’ agression délibéré » .