Marc Henry
in Le Figaro
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Des combattants chiites font leurs prières, à Beyrouth devant une fresque à la gloire du Hezbollah.
Des combattants chiites font leurs prières, à Beyrouth devant une fresque à la gloire du Hezbollah. Crédits photo : Getty Images/AFP
L'État hébreu avertit le gouvernement de Fouad Sinoria qu'il le tiendra pour responsable de toute attaque du Hezbollah contre ses intérêts.
Les ponts, les routes, les centrales électriques au Liban pourraient devenir des cibles de l'aviation israélienne. Tel est l'avertissement, pour le moment sans frais, transmis ces derniers jours par l'État hébreu à Beyrouth à la suite de l'entrée en force du Hezbollah dans le gouvernement dirigé par Fouad Sinoria. Ce message transmis par l'intermédiaire des États-Unis et de l'Europe reflète un changement des règles du jeu.
La milice chiite a en effet obtenu un droit de veto au sein du gouvernement et le feu vert pour maintenir ses combattants sur le pied de guerre dans le sud du Liban face à l'armée israélienne. Deux faits qui, selon les responsables israéliens, permettent de considérer le gouvernement libanais comme responsable de toute attaque ou attentat que pourrait commettre le Hezbollah pour venger notamment Imad Mougnieh. Le chef de l'appareil militaire de l'organisation a été tué en février 2008 lors de la mystérieuse explosion d'une voiture piégée à Damas en Syrie. Le Hezbollah a accusé Israël d'avoir manigancé cette élimination et proclamé bien haut son intention de répliquer. Des menaces prises très au sérieux.
Infiltrations redoutées
En 1992, l'assassinat du précédent chef du Hezbollah, Abbas Moussaoui, par l'aviation israélienne dans le sud du Liban, avait été suivi de deux attentats sanglants à Buenos Aires contre une association caritative juive et l'ambassade d'Israël, qui avaient fait plus de cent morts. Dans la région, les militaires israéliens redoutent des infiltrations de commandos dans le nord d'Israël pour enlever des soldats afin qu'ils servent ensuite de monnaie d'échange.
Ce scénario s'était déjà produit durant l'été 2006 lorsque des miliciens du Hezbollah avaient kidnappé deux soldats israéliens dont les corps ont été récemment restitués en échange de cinq prisonniers libanais détenus en Israël. Durant le mois de combat, l'aviation israélienne avait limité au moins dans les prochains jours les attaques contre les infrastructures civiles, à la demande pressante des Américains qui s'inquiétaient d'une possible déstabilisation générale du Liban. Les bombardements massifs censés viser uniquement des cibles liées du Hezbollah dans le sud du Liban et des quartiers chiites de Beyrouth avaient toutefois provoqué de gros dégâts «collatéraux» matériels, mais aussi humains.
Le regain de tension actuel est également alimenté par la présence supposée de missiles portables sol-air d'origine russe dont le Hezbollah affirme vouloir s'équiper. Ce matériel mettrait en danger les vols de reconnaissance menés quotidiennement par l'aviation israélienne dans l'espace aérien libanais. À titre de préventif, le cabinet de sécurité israélien a lancé cette semaine une mise en garde adressée à la fois à la milice chiite ainsi qu'à la Syrie par où transitent les armes en provenance d'Iran destinées au Hezbollah. «Nous n'accepterons pas la poursuite de ce trafic», a prévenu Ehoud Barak, le ministre de la Défense. Le ton est d'autant plus dur que le Hezbollah est plus que jamais considéré comme une «tête de pont» de l'Iran, l'ennemi numéro un de l'État hébreu, qui par cette milice interposée est en mesure de menacer le nord d'Israël.
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