lefigaro.fr (avec AFP et AP)
Alors que la France se dit «très déçue» de l'attitude de la Russie, l'Otan a durci le ton contre Moscou, qui accuse l'organisation internationale de «parti pris» en faveur de Tbilissi.
Retrait ou pas retrait ? L'incertitude sur le départ des Russes de Géorgie persiste ce mardi malgré un départ très médiatisé d'un convoi de blindés, alors que l'Otan réunie d'urgence pour soutenir Tbilissi a durci le ton contre Moscou. Le secrétaire général de l'Otan Jaap de Hoop Scheffer a accusé la Russie de ne pas respecter «pour le moment» le plan de paix négocié par le président français Nicolas Sarkozy et accepté par les deux pays. L'Otan «n'a aucun signe de retrait russe de Géorgie» pour le moment, a-t-il poursuivi à l'issue d'une réunion extraordinaire des ministres des Affaires étrangères des 26 pays membres à Bruxelles. La France est «très déçue» de l'attitude de la Russie, a renchéri le chef de la diplomatie Bernard Kouchner, tandis que le Pentagone affirme n'avoir pas constaté de «mouvement significatif» des forces russes.
Les forces russes calqueront leur «rythme» de retrait de Géorgie sur celui du retour des militaires géorgiens dans leurs cantonnement, a répliqué le représentant de la Russie, Valery Loschinine, devant la Conférence du désarmement à Genève. «Le rythme de nos actes futurs dépendra de la façon dont Tbilissi s'acquittera de ce que l'on attend d'elle», a-t-il déclaré, soulignant qu'«à ce jour il n'y a pas de confirmation du plein retour des forces géorgiennes dans leurs cantonnements». Ce retrait devrait prendre «trois ou quatre jours».
Sur le terrain, une colonne de blindés russes près de la ville géorgienne stratégique de Gori entre l'est et l'ouest a pris la direction de la Russie, présentée par les militaires russes comme «l'une des premières colonnes à quitter la Géorgie». Un lieutenant-colonel russe a donné devant les caméras de télévision l'ordre à cette colonne de prendre la direction de Tskhinvali, en Ossétie du Sud, et de continuer ensuite vers le nord, jusqu'à Vladikavkaz (Russie). Les Géorgiens ont aussitôt dénoncé «un show destiné à créer une illusion de retrait». «Aucun char, aucun soldat russe n'a quitté la Géorgie», a déclaré le porte-parole du ministère géorgien de l'Intérieur Chota Outiachvili.
Russie-Otan : le ton s'envenime
Points positifs, quinze prisonniers géorgiens ont été échangés contre cinq russes sur un pont d'Igoïeti, un village distant d'une trentaine de kilomètres de Tbilissi. Et Moscou et Tbilissi ont donné leur accord sur l'envoi immédiat de 20 observateurs militaires supplémentaires dans «la zone de conflit adjacente à l'Ossétie du Sud», république séparatiste géorgienne. L'OSCE avait déjà avant le conflit neuf observateurs militaires en Ossétie du Sud.
Cette crise risque d'envenimer encore plus les relations entre la Russie et l'Otan. «Nous avons décidé que nous ne pouvons pas continuer comme si de rien n'était (business as usual)», ont souligné les ministres des Affaires étrangères de l'Otan. Une déclaration qui n'est «pas objective et reflète un parti pris», a aussitôt estimé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, pour qui «l'Alliance a en réalité pris (le président géorgien Mikheïl) Saakachvili sous sa protection».
Moscou a mis en garde contre des «problèmes» dans la coopération entre la Russie et l'Otan, qui porte sur l'aide russe en Afghanistan, les possibilités de transit aérien, ainsi que la lutte contre le terrorisme et la non-prolifération, a rappelé le vice-ministre russe des Affaires étrangères, Alexandre Grouchko. Dans la journée, la marine russe a annoncé qu'elle annulait sa participation à des manoeuvres prévues en mer Baltique dans le cadre du partenariat avec l'Otan et a signifié qu'elle ne pourrait accueillir comme prévu une frégate américaine en septembre en Extrême-Orient.
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