10.8.08

L'ESCALADE EN OSSETIE DU SUD....

Par Hélène David
pour Guysen International News

Depuis la semaine dernière, la République autoproclamée d'Ossétie du sud est le théâtre d'une dangereuse escalade de violence qui a mené ce week-end à de brutaux affrontements avec les forces géorgiennes. La Russie, favorable aux aspirations indépendantistes de la province, a pris part au conflit en envoyant plusieurs dizaines de milliers de soldats sur les lieux et en instaurant un blocus maritime afin d'éviter les livraisons d'armes. Une crise qui prend la tournure d'une guerre entre la Georgie et la Russie.

La semaine dernière, les forces géorgiennes avaient été accusées par le gouvernement ossète d'acheminer un convoi d'artillerie vers Tskhinvali, la capitale d'Ossétie du Sud. Une information aussitôt démentie par le ministère géorgien de la Défense.

Samedi 2 et dimanche 3 août, la Géorgie procédait néanmoins ouvertement à des manœuvres militaires aux abords de la capitale ossète. Six personnes avaient été tuées et sept blessées par des tirs de fusils et de mortiers en provenance de positions géorgiennes.

Suite à ce « coup d'envoi » des affrontements, le gouvernement ossète a enclenché un processus d'évacuation des femmes et des enfants, vers l'Ossétie du Nord ou la Russie et les affrontements sont allés crescendo. Samedi, les forces géorgiennes ont lancé l'assaut contre la République ossète.

La Russie a immédiatement manifesté son soutien à l'Ossétie, par la voie diplomatique, et par l'envoi de dizaines de milliers de soldats.
Le Premier ministre Vladimir Poutine s'est rendu vendredi, dès son retour de Pékin, à Vladikavkaz, capitale de la république d'Ossétie du Nord où il a parlé de « catastrophe humanitaire », et a qualifié de « légitime et nécessaire » l'action de la Russie.

Une action russe qui s'est traduite par au moins trois raids aériens sur les territoires géorgiens proches de l'Ossétie du Sud. La Géorgie, en réponse, a déclaré être en état de guerre contre la Russie.

Aujourd'hui, l'armée russe confirme contrôler la plus grande partie de Tskhinvali et affirme que la Géorgie a commencé à retirer ses troupes d'Ossétie du Sud.
Les bombardements russes se poursuivaient néanmoins samedi dans les gorges de Kodori, un territoire contrôlé par la Géorgie et appartenant à une autre province séparatiste, l'Abkhazie, où l'on craint l'ouverture d'un nouveau front.

A Tskhinlavi, un calme précaire serait revenu ce dimanche matin, après des tirs d'artillerie intenses qui ont duré toute la nuit. La ville est « presque entièrement détruite » et les habitants se réfugient dans les sous-sols d'après le gouvernement ossète.

Le bilan humain est difficile à affirmer avec précision. De sources russes, plus de deux mille personnes « dans leur écrasante majorité des citoyens russes » ont péri en Ossétie du Sud depuis le début de l'offensive géorgienne.

D'après les autorités géorgiennes, les raids aériens auraient également fait un nombre indéterminé de victimes civiles. Des journalistes en poste dans la région disent avoir vu des cadavres gisant des les rues. L'armé russe dément quant à elle avoir visé des populations civiles en Géorgie…

Les regards de la communauté internationale sont tournés vers cette région du monde, en proie à d'importantes tensions depuis plusieurs décennies, et la diplomatie internationale tente de trouver une solution de sortie de crise.

« Le ministre des Affaires étrangères Bernard Kouchner devrait arriver dans l'après-midi a Tbilissi pour tenter de mettre fin aux hostilités au nom de l'Union européenne » a annoncé le Quai d'Orsay.

La France a proposé un plan de sortie de crise qui prévoit « une cessation immédiate des hostilités, le plein respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Géorgie et le rétablissement de la situation qui prévalait antérieurement sur le terrain, qui implique le retrait des forces russes géorgiennes sur leurs positions antérieures, avec des formules d'accompagnement international ».

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-Moon a également appelé à la fin immédiate des hostilités et a appelé « à engager sans délai, des négociations pour parvenir à un accord de paix ».

Le président américain George W. Bush s'est entretenu au téléphone avec son homologue russe Dmitri Medvedev. Ce dernier a insisté sur « les actions barbares de la Géorgie ».
Le président américain a pour sa part affirmé que les Etats-Unis prenaient cette affaire très au sérieux.

Depuis la Perestroïka, à la fin des années 80, l'Ossétie du Sud a des aspirations indépendantistes qui ont déjà conduit à des guerres civiles et d'importantes violences ethniques.
La Géorgie, membre du Conseil de l'Europe depuis 1999, ne reconnaît pas l'indépendance de cette province et accuse la Russie de vouloir l'annexer.

Si la communauté internationale parvient à mettre fin aux affrontements entre la Russie et la Géorgie, c'est sur cette province, l'Ossétie du Sud, qu'elle devra alors se concentrer, de manière à ce que 20 ans après l'éclatement de l'URSS, elle trouve enfin un statut international officiel.

Il en va de même pour l'Abkhazie, où des conflits identiques pourraient être amorcés de la même manière, d'un jour à l'autre.