29.8.08

PROCHE-ORIENT : "LES GARDIENS DE LA REPUBLIQUE ISLAMIQUE DU LIBAN"

Khaled Asmar - Beyrouth
ou le suicide politique de Michel Aoun ?

La DCA du Hezbollah tire sur un hélicoptère de l’armée libanaise et tue son pilote.


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L’armée libanaise a officiellement reconnu que l’un de ses hélicoptères, participant à un vol d’entrainement dans le sud du Liban, a essuyé des tirs, en fin de matinée. Touché de plein fouet, l’appareil a effectué un atterrissage forcé et son pilote, le lieutenant Samer Hanna (26 ans), est mort des suites de sa blessure par balle, dans la tête. Des unités du Hezbollah ont immédiatement encerclé les lieux et empêché l’armée de s’approcher de son appareil.

La télévision « Al Manar » du Hezbollah n’a pas évoqué cet incident, au moment où la « OTV » du général Michel Aoun, l’allié du Hezbollah, a affirmé que « l’appareil a connu des problèmes techniques », démentant avoir été victime de tirs en provenance des positions du Hezbollah à Jezzine. Le communiqué du commandement de l’armée ne laisse aucune place au doute, et confirme que l’hélicoptère était visé par la DCA.

Cet événement prouve, si besoin était, que l’opposition menée par le Hezbollah, et qui prétend défendre le Liban et la Résistance, développe en effet un autre projet beaucoup plus dangereux pour l’existence même de l’Etat libanais. Le Hezbollah, avec le soutien des Gardiens de la Révolution iranienne, cherche à soumettre entièrement et définitivement le Liban, et à y instaurer, à terme, la République islamique du Liban. La réalisation de ce projet correspond parfaitement aux ambitions iraniennes de créer le croissant chiite, allant de Téhéran à Gaza, en passant par Bagdad, Damas et Beyrouth.

Pour ce faire, toute résistance sunnite devra être éliminée. Le Hezbollah ne cesse d’amplifier le danger du radicalisme sunnite, présenté comme l’allié d’Al-Qaïda, pour justifier son coup de force qui se prépare au Liban (Lire à ce sujet notre analyse du 30 avril, une semaine avant la razzia de Beyrouth). C’est dans ce contexte que plusieurs journaux arabes estiment, ce 28 août, que la Syrie pourrait intervenir militairement au Nord du Liban pour éradiquer les sunnites de Tripoli. La Syrie, qui les avait armés pendant l’occupation, et soutenu après son retrait, les présente aujourd’hui comme une menace pour la FINUL, pour obtenir un feu vert occidental et revenir militairement au Liban.

Ce scénario, tant redouté par les Libanais, est préparé par le régime syrien depuis de longues dates. Damas n’a toujours pas apprécié son retrait humiliant du Liban en avril 2005, et n’a pas digéré la perte de ce pays. Ce qui explique l’empressement de Bachar Al-Assad à justifier l’intervention russe en Géorgie. Pour le président syrien, en visite à Moscou la semaine dernière, la comparaison entre l’Ossétie du Sud et le Liban lui permet d’envisager une intervention militaire au pays du Cèdre semblable à l’intervention russe en Géorgie. Reste à savoir si ce sujet sera abordé lors de la visite de Nicolas Sarkozy à Damas, la semaine prochaine (3-4 septembre) ? En tout état de cause, le Hezbollah a tiré, aujourd’hui, la première balle de cette bataille existentielle, mais cette fois contre l’armée libanaise. Quelle sera la position du général Aoun, issu de cette même armée, quand son allié s’en prend à cette même institution ? Pourra-t-il continuer à cautionner le Hezbollah au risque de perdre ses derniers partisans, à quelques mois des élections législatives ? Le général de toutes les contradictions aurait mieux fait de prendre sa retraite pour entrer dans l’Histoire par sa grande porte, au lieu d’en sortir par la petite fenêtre. Car, s’il prétend pouvoir remporter les prochaines élections, il le ferait grâce à son alliance avec le Hezbollah et au détriment des intérêts du Liban et des convictions de ses partisans.

En conclusion, en abattant un hélicoptère de l’armée, et en provoquant la mort d’un officier pilote, le Hezbollah poignarde son allié dans le cœur. D’autant plus que les militaires chrétiens sont très souvent des partisans du général Aoun. Ce dernier se retrouve particulièrement embarrassé et poussé au suicide politique. Sa télévision (OTV) recourt aux mensonges pour innocenter le Parti de Dieu, consciente des retombées de leur forfait.

Khaled Asmar.