25.9.08

DES ARMES CHIMIQUES CONTRE ISRAEL ?

Selon le quotidien "Al Seyassah"
Des experts syriens et iraniens auraient été dépêchés au Liban pour lutter contre une contamination chimique accidentelle


Le Hezbollah aurait stocké des armes chimiques dans de mauvaises conditions

par Khaled Asmar - Beyrouth
MédiArabe.Info

Cette information, parue dans le journal koweïtien "Al Seyassah" daté du 25 septembre, n’est pas confirmée, et ne le sera probablement jamais, puisqu’elle évoque la présence d’armes chimiques stockées au Sud Liban par le Hezbollah, et destinées par conséquent à être utilisées contre Israël.

Le quotidien cite en effet des sources libanaises « bien informées » selon lesquelles « une équipe syrienne relevant des unités de la guerre chimique de l’armée syrienne, commandée par le brigadier Saïd Khalil, a été dépêchée depuis près de deux semaines au Liban, et s’est immédiatement rendue au Sud du pays pour traiter et contenir une contamination chimique résultant d’une fuite de matières dangereuses stockées par le Hezbollah dans le secteur de Nabatiyeh. Les experts syriens travaillent avec d’autres spécialistes de la guerre chimique relevant des Gardiens de la Révolution, dépêchés spécialement depuis l’Iran ».

Le journal ajoute que « ces experts ont constaté les dégâts dus à une fuite accidentelle des produits chimiques, et ont délimité le périmètre contaminé. Ils ont découvert que les mauvaises conditions de stockage ont permis ces fuites, lesquelles ont provoqué des maladies graves et inexpliquées notamment chez les enfants de la région ». Le journal conclut que « les membres du Hezbollah qui ont été contaminés ont été évacués à Téhéran pour y être soignés. Le Hezbollah a informé leurs familles qu’ils suivent des entraînements en Iran ».

NDLR : Il convient de rappeler que ces informations, publiées dans la nuit de mercredi à jeudi, n’ont pas été démenties, encore moins confirmées. Et logiquement, elles ne seront jamais confirmées pour plusieurs raisons :

Car, le Hezbollah qui a toujours promis des surprises à Israël, en cas de nouveau conflit, ne peut pas assumer sa détention d’armes chimiques. L’Etat hébreu, se sentant ainsi menacé, ne tarderait pas à reprendre la guerre de là où elle s’était arrêtée en août 2006, pour éloigner ce danger.

Ensuite, parce que toute confirmation de la présence de ces ADM aux mains du Hezbollah implique Damas, responsable de leur transfert entre l’Iran et le Hezbollah. D’autant plus que la Syrie est déjà montrée du doigt par la communauté internationale et l’AIEA, après son refus des inspections du site présumé nucléaire détruit par l’aviation israélienne en septembre 2007.

Enfin, parce que cette information conduit directement à accuser l’Iran de développer des armes chimiques et de contribuer à leur prolifération.

Mais en l’absence de confirmation, il est permis de penser que cette information soit à l’origine du changement de ton du Hezbollah. Depuis plusieurs jours, le parti chiite a en effet adopté un ton étrangement réconciliateur, et un profil bas, allant même jusqu’à tendre la main au courant du Futur en vue d’une réconciliation. Pour certains, il s’agit de préparatifs des élections législatives du printemps prochain. Le Hezbollah a envoyé une délégation, ce mercredi, rencontrer Saad Hariri. Plusieurs députés du parti, dont Mohammed Raad, Hussein Hajj Hassan et Hassan Fadlallah, ont invité Hariri à rencontrer Hassan Nasrallah, alors qu’ils constituaient, jusque là, le fer de lance de la razzia de Beyrouth (mai 2008). Il est peu probable que ce changement de ton du parti de Dieu résulte seulement d’une volonté réelle et spontanée de pacifier le Liban et de sceller la réconciliation avec ceux qui les a réprimés. Au contraire, en tentant sa manœuvre réconciliatrice avec les Sunnites, Hassan Nasrallah pourrait chercher à provoquer un « écran de fumée » pour cacher l’affaire de ses armes chimiques.

Traduction et analyse de Khaled Asmar

Lire l'article original : Al Seyassah - Koweït