24.9.08

SYRIE: LA MENACE SE PRECISE

Par Samuel Rubinstein
pour Guysen International News

Selon des responsables de la sécurité libanaise, près de 8 000 soldats syriens se sont récemment déployés à la frontière nord du Liban. Damas prétend combattre les opérations de contrebande dans la région, mais Beyrouth n’est pour autant pas rassuré et craint une nouvelle invasion. Plus grave encore, des inspecteurs de l’AIEA (Agence Internationale de l’Energie Atomique) suspectent la Syrie d’avoir enterré sous des quantités de béton les restes d’un réacteur nucléaire bombardé par Israël l’année dernière.

Concernant cette dernière information, une enquête a été ouverte en avril sur la base de renseignements fournis par la CIA. Il s’agirait en fait du complexe d’Al Kibar qui se trouverait dans le désert syrien.

La Syrie aurait construit avec l’aide de la Corée du Nord un réacteur nucléaire aux fins de produire du plutonium. Cependant la Syrie a toujours nié entreprendre des activités nucléaires. Selon elle le site d’Al Kibar n’abrite que des bâtiments militaires traditionnels.

Pour ce qui est du Liban, un haut dignitaire de la sécurité libanaise a déclaré : « nos rapports provenant de la frontière libano-syrienne près d’Abboudieh nous ont indiqué qu’environ huit mille soldats des forces spéciales syriennes ont été déployées dans la région ».

« Les autorités libanaises ont déjà demandé à la Syrie de s’expliquer, qui nous a répondu que ces mesures étaient liées à l’augmentation des activités de contrebande et aux mesures de sécurité internes à la Syrie » a-t-il ajouté.

Toutefois des sources proches du leader actuel de la majorité anti-syrienne, Saad Hariri, ont exprimé leurs inquiétudes quant à la menace d’une incursion syrienne sur le territoire libanais.

« Ceux qui exportent le terrorisme au nord du Liban n’ont pas le droit de redouter la montée de l’extrémisme au Liban » a indiqué Hariri.

« [Les Syriens] veulent utiliser la situation à Tripoli [la grande ville du nord, ndlr] comme un prétexte pour s’ingérer dans les affaires libanaises et comme un moyen pour recouvrer leur pouvoir militaire au Liban » a-t-il encore ajouté.

« Les Libanais se souviennent clairement qui a envoyé le Fatah al-Islam à Nahr al-Bared et au nord, et qui a financé - et continue de le faire - des activités terroristes dans d’autres régions ».

Le camp de réfugiés palestiniens de Nahr al-Bared au nord de Tripoli a été le théâtre d’une bataille de 15 semaines l’an passé entre l’armée et le Fatah al-Islam, groupuscule terroriste ayant adopté une idéologie inspirée par al-Qaida.

Au moins 23 personnes ont été tuées depuis le début des violences en mai dernier à Tripoli entre les partisans de l’opposition libanaise menée par le mouvement chiite terroriste Hezbollah et les partisans sunnites de la majorité anti-syrienne.

Damas a été forcée de retirer ses troupes du Liban en 2005 après trois décennies de domination militaire et politique sur son voisin libanais et suite à l’assassinat du milliardaire et ancien premier ministre Rafik Hariri. Mais la Syrie garde toujours une influence à travers ses alliés à Beyrouth.

Selon les soutiens du régime syrien au nord-Liban, les peurs des libanais sont exagérées.

« Les Syriens sont tout simplement en train de prendre des mesures préventives pour protéger leur frontière » a déclaré Khader Taleb, un analyste politique du nord-Liban. Avant d’ajouter : « il n’y a pas de preuve réelle d’une interférence syrienne dans la situation tendue au nord ».

Néanmoins des experts militaires, qui ont souhaité garder l’anonymat, ont émis des doutes quant au fait qu’un pays déploie 8 000 à 10 000 soldats, uniquement pour enrayer la contrebande à ses frontières...