28.9.08

ISRAEL : UNE ROUTE BATIE SUR LA REALITE


Caroline Glick
THE JERUSALEM POST
Adaptation française de Sentinelle 5768

En écoutant les informations en Israël ces jours-ci, il est difficile d’échapper au sentiment que le discours politique israélien est devenu dangereusement hors sujet. Prenez l’Iran par exemple. Mardi dernier, le président iranien Mahmoud Ahmadinejad a déclaré aux dirigeants des Etats membres de l’ONU : « la dignité, l’intégrité et les droits des Peuples européens et américain sont mis en cause par un petit nombre de gens malhonnêtes appelés sionistes.

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Bien qu’ils soient une minorité minuscule, ils ont dominé une part importante des centres financiers et monétaires, ainsi que des centres de prise de décision politique de certains pays européens et des USA d’une manière mensongère, complexe et furtive.

Ahmadinejad a alors promis qu’Israël sera bien détruit - pour le bénéfice de l’humanité.

Suite à ces remarques, il a reçu des applaudissements enthousiastes des dirigeants du monde rassemblés à l’Assemblée Générale de l’ONU.

Et comment Israël a-t-il répondu ? Il n’a rien fait en particulier. Et il n’a pas l’intention de faire quoi que ce soit.

Cela est apparu clairement au public mercredi quand la nouvelle ambassadrice d’Israël à l’ONU, Gavriela Shalev, a accordé un entretien à la radio de l’armée. En déplorant la réception chaleureuse faite à Ahmadinejad, elle a dit que les dirigeants du monde s’en tenaient simplement à la diplomatie. Elle remarqua que nombre de leurs ambassadeurs lui déclarèrent des choses aimables sur Israël en privé.

La représentante d’Israël à l’ONU consacra la plus grande partie de son entretien à la défense de l’ONU. En fait, elle déclara qu’elle croyait de son devoir non seulement de défendre Israël devant cet organe mondial, mais aussi de défendre l’ONU devant les Israéliens. Comme elle le formula, son travail est de « corriger l’image de l’ONU aux yeux du Peuple d’Israël ».

La nomination de Shalev à l’ONU a été l’oeuvre de la ministre des affaires étrangères - et présumée premier ministre - Tzipi Livni. Et la vision de son rôle comme ambassadrice d’Israël est strictement en ligne avec ce que Livni perçoit comme le travail des principaux diplomates d’Israël. Ce sont les émissaires du monde en Israël.

Livni a consacré le plus clair de son temps au cours des trois années écoulées, comme ministre des affaires étrangères, à nous dire que l’ONU est notre ami, que les Européens sont nos amis, et que les Européens et les Américains et l’ONU vont s’occuper de l’Iran pour nous. Les Palestiniens sont aussi nos amis.

Alors que les forces antisémites augmentent dans le monde, Livni n’a pas communiqué une seule stratégie politique pour défendre Israël à l’étranger qui n’implique la gentillesse de la part des étrangers. Sa réponse au discours d’Ahmadinejad en a été une démonstration.

La seule chose que la femme qui croit avoir le droit de diriger le pays sans être élue par quiconque, c’est de penser que la réponse d’Israël à l’appel d’Ahmadinejad à notre destruction physique est de faire objection à la demande de l’Iran de rejoindre le Conseil de Sécurité de l’ONU. La seule réponse concrète de Livni à la promesse d’Ahmadinejad de nous annihiler a été d’émettre une directive aux ambassades d’Israël, donnant instruction à nos diplomates de demander à leurs gouvernements de ne pas soutenir la demande de participation de l’Iran comme membre du Conseil de Sécurité.

Livni ne pense pas vraiment que l’Iran est le plus grand défi pour Israël. Pour elle, les Palestiniens le sont, et leur donner un Etat aussi vite que possible, en cédant la Judée et la Samarie (et Jérusalem, bien qu’elle ne le déclare jamais franchement), est la tâche la plus urgente pour Israël. Nous avons besoin d’une solution à deux Etats, et nous en avons besoin MAINTENANT, dit-elle.

Ni Livni, ni ses collègues des Partis Kadima, Travailliste et Meretz, ni ses partisans dans les media israéliens ne se sont jamais souciés de reconnaître le fait troublant et incommode que les Palestiniens ne veulent pas un Etat . Ils veulent détruire Notre Etat.

Ce fait fondamental a été montré clairement - encore une fois - mardi.

Mardi, Livni a pris le temps, sur son agenda chargé de rencontres politiques avec les dirigeants des Partis Travailliste, Shas et Meretz, avec lesquels elle tente de monter un gouvernement sans être élue par quiconque, de rencontrer le négociateur en chef du Fatah, Ahmad Qoreï. Bien que Livni ait refusé de nous dire de quoi elle a parlé, elle a promis que des progrès étaient faits vers l’impératif urgent de former un Etat palestinien.

Mais Qoreï n’était pas aussi enthousiaste. En vérité, il était méprisant à l’égard de Livni, et sur la notion même de coexistence pacifique entre les Palestiniens et Israël. Après la session de négociation, Qoreï déclara à l’Agence Reuters que si les pourparlers en vue de l’abandon de la Judée, de la Samarie et de Jérusalem s’effondraient, les Palestiniens reprendraient la guerre terroriste contre Israël. Selon ses termes : « Si les pourparlers arrivaient à une impasse, que faisons-nous ? Capituler ? La résistance sous toutes ses formes est un droit légitime ».

Pour être parfaitement sûr qu’il comprenait bien Qoreï, le journaliste lui demanda si cela signifiait que les Palestiniens reprendraient leur campagne d’attentats suicide à la bombe contre les Israéliens. Qoreï répondit : « toutes les formes de résistance ».

Nous en étions là, bien sûr, un million de fois auparavant. Il s’agit de la même menace que Yasser Arafat et ses hommes avaient faite - et exécutée - de façon répétée depuis la signature des Accords d’Oslo avec Israël il y a 15 ans. Ils utilisent le terrorisme et la négociation de paire, pour contraindre Israël à donner encore et toujours plus de son territoire. Et ça marche.

Quand Livni entendit les menaces de Qoreï, elle l’aurait appelé pour lui dire qu’elles étaient inacceptables. Il lui répondit qu’elles avaient été sorties de leur contexte. Il s’en balance.

Il savait que Livni ne ferait rien. Au moment même où Livni déclarait que ses remarques étaient inacceptables, elle promettait de continuer à négocier avec lui l’abandon par Israël de la Judée, de la Samarie et de Jérusalem aussi longtemps qu’elle resterait au pouvoir.

Aujourd’hui, Livni et ses collègues des Partis Kadima, Travailliste, Shas et Meretz travaillent avec ferveur pour former un nouveau gouvernement qui continuera de considérer des négociations sans importance mais dangereuses avec les Palestiniens et les Syriens, et à prétendre que les armes nucléaires de l’Iran ne seront pas utilisées contre Israël. Ils mettent en avant que nous avons besoin de la « stabilité politique » qu’ils peuvent nous procurer en cette époque dangereuse.

Les media israéliens confèrent à ces idées fantaisistes leur soutien total. En fait, on leur boucle immédiatement la bouche, en les taxant d’alarmistes ou d’extrémistes, de ceux qui remarquent que le monde est assis bien calé en permettant à l’Iran d’acquérir des armes nucléaires, ou soulignent que les Palestiniens ne veulent pas un Etat.

Ce discours national - qui a été le seul autorisé depuis l’avènement du « processus de paix » avec l’OLP il y a 15 ans - est le tendon d’Achille d’Israël. Jusqu’à ce que le grand public soit mis clairement face à la réalité du monde auquel le pays est confronté, il n’y a aucune chance pour qu’Israël prenne les mesures nécessaires pour se défendre et assurer sa survie.

Comprenant ce fait fondamental, l’ancien chef d’Etat Major Général de Tsahal, le Lt Général (de réserves) Moshe « Bogie » Yaalon a pris l’initiative de dire la vérité au public israélien sur le monde dans lequel nous vivons. Yaalon est l’un des rares personnages de haut vol au sein du panthéon actuel de lumières d’Israël. C’est un honnête homme qui vit selon ses principes, et il ne les infléchit jamais.

La semaine dernière, Yaalon a publié en hébreu un livre intitulé « Plus la route est longue, plus elle est courte ». Yaalon, dont le passage comme chef d’Etat Major fut écourté sans cérémonie par l’ancien premier ministre Ariel Sharon en juin 2005, du fait de son opposition incisive au retrait programmé par Sharon des forces de Tsahal et des civils israéliens de la bande de Gaza, a écrit un livre qui rapporte les faits clairement, de façon crédible et passionnante.

Le titre du livre provient d’un discours que l’ancien commandant de Yaalon, Yoram Yaïr, fit à ses officiers pendant la première guerre du Liban. Yaïr expliqua que les raccourcis ne sont pas forcément meilleurs que de longues routes. En fait, il est souvent préférable de prendre la route la plus longue. Comme le disait Yaïr : « Il y a une longue route qui est courte, et il y a de courtes routes qui sont longues ».

Yaalon utilise l’argument de Yaïr pour démontrer que l’insistance de la Gauche israélienne pour la paix « maintenant », et une solution au conflit arabo-israélien « maintenant », a placé Israël sur une trajectoire stratégique qui ne lui a valu, et continuera de ne lui valoir, que danger et bains de sang. Les ennemis d’Israël au sein de l’Autorité Palestinienne, du Liban, de la Syrie et de l’Iran considèrent l’insistance d’Israël à trouver des solutions immédiates aux menaces auxquelles il est confronté, comme un signe de l’effondrement de la société israélienne.

En conséquence, toute mesure qu’Israël a prise pour se concilier ses voisins - depuis la reconnaissance de l’OLP et l’accès de Yasser Arafat et de ses légions en Judée, en Samarie et à Gaza ; le retrait du Liban en 2000 et de Gaza en 2005 ; l’échec d’une exécution convenable de la Seconde Guerre du Liban en 2006 ; l’absence d’action contre le régime du Hamas à Gaza depuis 2007 ; l’adoption d’un faux modèle de paix à Annapolis en novembre dernier - ont renforcé leur conviction qu’Israël peut être, et sera détruit.

Yaalon s’étend aussi sur l’effondrement moral de l’élite politique et médiatique d’Israël, et sur l’impact adverse de cet effondrement sur les échelons supérieurs du commandement de Tsahal. L’abandon des valeurs sionistes, et de l’intégrité publique et privée par nos politiciens et nos media a jeté et maintenu Israël sur la voie de l’auto-illusion, où la seule chose qui compte est la gratification immédiate. Les politiciens promettent au public « l’espoir », fondé sur des illusions de paix au tournant, pour gagner leurs bulletins de vote. Les media soutiennent les mensonges des politiciens à cause de l’uniformité de leur idéologie post-sioniste, et de leur refus de reconnaître que leurs exigences populistes pour la paix « maintenant » n’a valu à Israël que guerre et danger.

Le livre de Yaalon est fait en partie de mémoires et en partie de polémiques. Il rappelle aux Israéliens ce qui fait de nous un grand Peuple, digne de sa terre et du privilège de la défendre. Dans le même temps, Il admoneste nos dirigeants ratés qui ont fait suivre au public le chemin stratégique trompeur qui nous met en danger. La plus grande contribution de son livre n’est pas de nous de nous porter un grand pas en avant, mais d’expliquer courageusement et avec acharnement la réalité qui nous environne aujourd’hui, et de montrer au public comment nous en sommes arrivés à notre situation si difficile actuellement.

En se révélant au public, ainsi que ses valeurs et ses convictions, et en juxtaposant sa propre expérience de la direction et son intégrité personnelle comparées à la corruption et à la faiblesse de nos dirigeants politiques et intellectuels, Yaalon dit au public d’une manière très claire qu’il existe une alternative au défaitisme et à l’auto-illusion, et que lui - et nous le public - représentons cette alternative, cette « route plus longue plus courte ».

Livni, le ministre de la défense Ehud Barak et leurs collègues et les media insistent pour que nous ne prenions pas cette route plus longue vers la sécurité et la paix. En fait, ils nient même son existence. Ils tentent de nous convaincre que des élections ne sont pas nécessaires en mettant en avant qu’il n’y a pas de différence entre les Partis politiques aujourd’hui, parce que leur raccourci vers le défaite est la seule voie qui nous serait ouverte.

Nous devons espérer avec ferveur que Yaalon entrera bientôt dans la bataille politique. Comme le Likoud sous la direction de Benyamin Netanyahou, Yaalon est la preuve vivante que Livni et ses petits copains mentent. Il y a de grandes différences entre ceux qui nous dirigeraient, et les voies qu’ils prendraient.

Et la seule voie vers la sécurité est bâtie sur la réalité.