13.9.08

INTERVIEW DE L'AMBASSADEUR D'ISRAEL



Son Excellence l'Ambassdeur d'Israël en France M. Daniel SHEK




L’Ambassadeur d’Israël en France, Daniel Shek, nous livre les dernières évolutions des rapports israélo-syriens :


Depuis quand y a-t-il des négociations indirectes entre Israël et la Syrie ?



Les négociations ont débuté en mai 2008 (lire). Il y a eu depuis cette date 4 rencontres indirectes en Turquie, la 5ème doit avoir lieu prochainement. Ces négociations sont véritablement indirectes, puisque le médiateur turc fait la navette entre les délégations israélienne et syrienne qui sont dans des endroits différents de la ville.


Israël est-il prêt à céder sur le Golan ?




Le sens d’une négociation, c’est de se mettre d’accord sur des sujets de discorde. Il est clair que l’avenir du Golan est un sujet central entre Israël et la Syrie. Pour négocier la paix avec la Syrie, il faut être prêt à discuter du Golan. Notre objectif primordial est la paix avec la Syrie, et aussi avec le reste du monde arabe.


Le plateau du Golan, à la frontière israélo-syrienne

Comment se fait-il que le Qatar ait été présent lors de la rencontre de Nicolas Sarkozy avec Bashar el-Assad à Damas les 3 et 4 septembre derniers ?




Le Qatar préside le Conseil de Coopération du Golfe, et c’est à ce titre qu’il était là, et également comme pays proche de la France. L’Emir du Qatar, Hamad bin Khalifa al-Thani, est aussi un proche de Nicolas Sarkozy.



Que pensez-vous de la volonté de paix de la Syrie ?

Le Président syrien déclarait sur France 3 (le 3 septembre 2008) que les négociations indirectes avec Israël ont ouvert « la possibilité de la paix », que la « porte de la paix » était ouverte, et deux jours plus tard, sur la télévision Al-Manar du Hezbollah, Bashar el-Assad déclarait que Damas ne couperait pas les liens avec le Hezbollah. Comment ces deux positions sont-elles conciliables ?



Assad souffle le chaud et le froid. Si la volonté de paix syrienne est authentique, les Syriens trouveront du répondant côté israélien. La Syrie ne pourra pas jouer sur les deux tableaux : la paix avec Israël ou la guerre avec le Hezbollah.

Du point de vue israélien, l’élément central de la négociation est que la Syrie cesse de soutenir toute une panoplie d’organisations terroristes : le Hezbollah, le Hamas, le Jihd islamique etc. Quant à l’Iran, si la Syrie choisit le camp arabe modéré, elle devra prendre ses distances vis-à-vis de cet Etat. La légitimité internationale, incluant celle des pays arabes modérés, passe par un éloignement de l’Iran.



Savez-vous si la lettre de Noam Shalit que le Président Sarkozy a transmis à Bashar el-Assad* afin qu’elle soit remise à Gilad Shalit, lui a effectivement été remise ?



Nous n’avons pas de confirmation. Mais l’Emir du Qatar a, pour sa part, promis qu’il ferait tout son possible pour que l’otage israélien aux mains du Hamas reçoive la lettre de son père.



Que pensez-vous du rapprochement franco-syrien ?




Il n’est pas inutile que la France, que Nicolas Sarkozy entame un dialogue avec la Syrie, si par ce moyen il arrive à responsabiliser la Syrie, à l’inciter à modifier son comportement par rapport à l’Iran, au Hezbollah, au terrorisme. Cependant, la prudence s’impose compte tenu du comportement passé de la Syrie et de Bashar el-Assad. Le processus de rapprochement doit être graduel.





* Bashar el-Assad ne voulant pas servir d’intermédiaire, la lettre a été remise à l’Emir du Qatar, qui l’a remise à Khaled Mechal, le chef politique du Hamas à Damas, qui se serait engagé à la transmettre à Gaza.