30.12.08

Iran-Gaza : Un mouvement sunnite accuse les mollahs de trahir l’Islam



Abdol-Ghafour Riggi

Le régime avait annoncé la capture de tous les chefs du groupe séparatiste baloutche de Jundallah qui est financé par Washington. Alors que le mouvement est réellement touché et son chef en fuite, il a réussi à porter un coup terrible au régime par un audacieux attentat au camion piégé dans la pure tradition du Hezbollah.


Lundi à l’aube, Abdol-Ghafour Riggi (ci-dessous), un des frères du chef du mouvement, a foncé avec un camion chargé d’une tonne de C4 vers les grilles d’accès de la caserne où se trouve le centre du commandement commun de l’ensemble des forces armées basées dans la région Sistan et Baloutchistan. Il est arrivé au point nommé pendant la prière matinale, cérémonie qui précède le briefing hebdomadaire entre le représentant du guide suprême et 4 commandants locaux des Pasdaran de la brigade des garde-frontières, et des brigades Fath, Rassoul Akram et Mersad.

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Selon le communiqué du mouvement publié quelques minutes plus tard, le martyr Abdol-Ghafour aurait réussi à détruire tous les bâtiments du commandement central tuant par la même occasion plus de 150 officiers des Pasdaran parmi lesquels pourraient figurer les commandants des garde-frontières et des brigades Fath, Rassoul Akram et Mersad (brigades qui opèrent dans tout le sud-est iranien). Le groupe appelle le régime à retirer ses troupes ou s’attendre à d’autres actions de ce genre.

C’est le plus grand attentat jamais perpétré contre les Pasdaran. La radio américaine Farda, librement diffusée en Iran, a annoncé la nouvelle. Le régime a dû reconnaître les faits. Cependant, il minimise le nombre des victimes (6 morts, 22 blessés), mais néanmoins, il ne communique guère sur le sujet car l’affaire ne se résume pas à une bombe !

En effet, dans son communiqué, les Jundallah - soldats de Dieu- affirment avoir lancé cette attaque punitive en réponse à la démolition par les Pasdaran de l’école coranique sunnite Azim Abad de la ville de Zabol, démolition à la suite de laquelle les Pasdaran auraient profané des exemplaires de Coran trouvés sur place en jetant certaines pages dans les dépôts des eaux usées de la ville.

Cette accusation inédite tombe comme par hasard au moment où le régime des mollahs se pose en leader du monde musulman en lutte contre Israël et des dirigeants arabes jugés au mieux complaisants au pire complices. Et voilà qu’un groupe répondant au doux nom de Jundallah, soldats de Dieu, l’accuse de profaner le Coran, ce qui est incompatible avec le leadership de l’Ouma.

C’est la réponse de Washington à l’exploitation faite par les mollahs du drame de Gaza pour s’imposer dans le rôle du patron de la rue arabe ou encore l’arbitre de la région. Téhéran a cherché à s’affirmer dans ce double rôle (terroriste et médiatique) afin de pousser Washington à accepter une entente selon les intérêts iraniens, Washington qui a besoin d’une entente stratégique avec l’Iran, mais avec des clauses favorables aux intérêts américains, a riposté sur le même terrain avec l’accusation de la profanation du Coran et surtout cet attentat contre l’un des lieux les mieux gardés du régime.

L’ennemi a frappé les Pasdaran, cette milice dont la charte précise qu’elle a été créée non pas pour préserver l’intégrité territoriale du pays, mais la sécurité du régime. En s’attaquant à cette force chargée de la sécurité du régime, les Américains ont porté la menace jusqu’au cœur du régime. Ils pourraient recommencer au Kurdistan ou les autres zones frontalières iraniennes rendues instables par la gestion répressive des mollahs et grâce à des fonds américains fournis à des groupes armés comme le Jundallah. On comprend donc la discrétion du régime, partagé entre la dénonciation d’un attentat ou le désir de ne pas démoraliser ses troupes et peut-être provoquer des désertions.

Téhéran avait frappé fort en montant une machination machiavélique contre le principal allié des Etats-Unis dans la région, l’Egypte, en l’accusant dans ses médias arabophones de complicité avec Israël. L’Amérique a trouvé une réponse non moins forte avec cette menace profonde contre l’image régionale du régime et aussi sa sécurité intérieure.

Ce soir, le régime des mollahs se bat sur plusieurs fronts : à Gaza, en Iran (contre Jundallah) ou encore au sein du pouvoir.


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