29.12.08
Pendant les "génocides", la désinformation continue
MSF a publié la semaine dernière (22 décembre 2008) son classement des pires crises humanitaires de l’année 2008. Les pays les plus touchés sont par ordre décroissant la République Démocratique du Congo (RDC), la Somalie, l’Irak, le Soudan, l’Ethiopie, le Myanmar, le Zimbabwe et le Pakistan. Le même jour, Ahmedou Ould Abdallah, l’envoyé de l’ONU en Somalie déclarait que le pays vivait un « génocide qui ne dit pas son nom et qui a sacrifié des générations entières ».
Le fait est que depuis le début de la guerre civile en 1991, 300 à 500.000 personnes sont mortes.
Enfin, la Somalie à la Une !
Aujourd’hui, le président somalien Abdullahi Yusuf Ahmed a démissionné presque spontanément après 4 ans d’un pouvoir plus clanique que présidentiel. Officiellement, il s’en va parce qu’il n’a pas pu "ramener la paix" dans son pays.
Le fait est que celui-ci connaît une crise politique majeure qui paralyse les institutions et dont les violences atteignent un degré qu’on n’avait pas vu depuis le début de la guerre civile, il y a 17 ans.
"La majorité du pays est désormais contrôlée par les islamistes", a reconnu M. Yusuf.
Ce n’est sûrement pas l’application de la charia (lire l’article Chaperon rouge et petits poussahs) qui va améliorer le sort des Somaliens, dont la moitié ne subsiste que grâce à l’aide humanitaire.
Si Abdullahi Yusuf Ahmed n’avait pas démissionné le 29 décembre, qui aurait entendu parler de la dramatique situation de son pays ?
Pourtant, trois cent mille à cinq cent mille morts sur une population estimée à dix millions d’âmes, ce n’est peut-être pas un génocide, comme l’estime l’ONU, mais c’est en tout cas une tragédie humanitaire.
Pourtant aucune manifestation n’est organisée à Paris pour protester contre le drame somalien. On ne peut pas être partout : il y en a eu deux ce week end pour exiger l’arrêt des représailles israéliennes contre le Hamas.
Au Paris des manifs, les borgnes sont rois
À Paris, la plus importante des deux manifestations a réuni un peu plus d’un millier de personnes. Beaucoup de panneaux en arabe et quelques-uns en français : « Halte au massacre des innocents », pouvait-on lire. Quels innocents ?
Les enfants de Sderot et d’Ashkelon bombardés quotidiennement par le Hamas ? Non ! Il s’agit des 300 artificiers du Hamas dont les corps vêtus d’uniformes sont montrés en boucle sur les télévisions arabes. Pas sur celles de l’Hexagone, étrangement. Chez eux, ce sont des combattants. Chez nous des victimes. On a les héros qu’on peut…
À Madrid, ils étaient plusieurs centaines rassemblés devant l'ambassade d'Israël, avec des pancartes surréalistes: "Israël, génocide".
Ne vous réjouissez pas, la planète Pacifix n’a pas encore été touchée par le bon sens. Il ne s’agissait pas de mettre en garde le peuple juif contre le Hamas dont la charte proclame que tout musulman doit participer au jihad pour l’extirper de la terre d’islam. Non, les manifestants considéraient que la mort de 300 soldats tués après des semaines d’agressions armées contre l’Etat voisin représentait un génocide.
EuroPalestine faisait manif à part, rassemblant entre 150 et 300 personnes, selon la police ou les organisateurs. « Nous sommes tous Palestiniens », « Shoah à Gaza », « Israël terroriste, Europe complice », scandaient notamment les manifestants.
Même quand on a, en d’autres temps, scandé « CRS-SS », on ne peut donner quitus aux adeptes de la lapidation qui comparent la mort de 300 miliciens dans des combats à celle de 6 millions de civils, femmes, enfants, vieillards inclus, la moitié d’un peuple, industriellement déportée et exterminée.
Et les Somaliens, dans tout ça ?
Voyons, leurs victimes sont mille ou deux mille fois plus nombreuses que les Hamasniks. Ce n’est donc pas une question de quantité.
Ils sont à 99% civils alors que les arroseurs arrosés du Hamas sont en uniforme. Ce n’est donc pas non plus une question de qualité.
Serait-ce le fait que les victimes appartiennent aux disciples de Mahomet, les sempiternels humiliés de la planète ? Non plus : les Somaliens ont été convertis de force, mais ils peuvent aujourd’hui présenter patte blanche à l’entrée du paradis d’Allah.
Pourrait-on imaginer que la couleur de peau des Africains n’est pas étrangère à l’indifférence dans laquelle ils meurent par milliers sans que les pacifistes de la rive droite ni même de la rive gauche (de la Seine) ne se réunissent pour protester ? Quel horrible soupçon ! Qui ne tient, heureusement pas la route après le déferlement d’Obamania qu’a connu notre pays.
Alors quoi ?
Il ne reste plus que la différence entre les troupes : d’un côté des miliciens islamistes qui exterminent des milliers d’Africains jugés musulmans trop tièdes, de l’autre une armée qui effectue des tirs ciblés sur les arsenaux de ses agresseurs et en tue 300. Oui, mais une armée composée de Juifs !
Vous croyez que c’est pour ça, Mâme Michu ? Remarquez, Tsahal, c’est un nom pas catholique !
Liliane Messika © Primo