18.12.08

Le plan français pour la paix au Proche-Orient



Nicolas Sarkozy et son épouse en Israël, en juin dernier. La France préfère laisser les Israéliens et les Palestiniens négocier la délimitation du futur État palestinienet proposer des solutions concernant d'autres points litigieux.
Nicolas Sarkozy et son épouse en Israël, en juin dernier. La France préfère laisser les Israéliens et les Palestiniens négocier la délimitation du futur État palestinienet proposer des solutions concernant d'autres points litigieux. Crédits photo : AP
Paris propose la création d'une agence internationale pour dédommager les réfugiés, ainsi qu'une police touristique internationale pour garantir l'accès aux lieux saints de Jérusalem.

Le 2 décembre, la France a présenté à ses partenaires européens ses «idées créatives» pour accompagner un traité de paix israélo-palestinien. Les 27 ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont discuté du plan français, sans l'endosser, en raison, notamment, de réserves allemandes. Paris compte remettre cette feuille de route aux Tchèques, qui vont lui succéder à la tête de l'UE. «Obama ne sera pas seul, si les Américains décident de se réengager», affirme une source diplomatique à Bruxelles, qui a révélé au Figaro la teneur de ce plan. Paris a volontairement laissé Israéliens et Palestiniens négocier la délimitation du futur État palestinien, préférant concentrer ses efforts sur les autres litiges de leur vieux contentieux.

Le statut de Jérusalem.  La France garantit l'accès aux lieux saints, grâce au déploiement d'une police touristique internationale, dans la vieille ville, siège de la mos­quée al-Aqsa (musulmans), du Saint Sépulcre (chrétiens), et du mur des Lamentations (juifs). Pour que Jérusalem devienne «la capitale de deux États», comme l'a réclamé Nicolas Sarkozy en juin devant la Knesset, Paris avait le choix entre deux conceptions : «une capitale coupée en deux» (comme c'était le cas avant la guerre des Six Jours en 1967) ; mais la construction de multiples colonies israéliennes autour de sa partie orientale palestinienne rendait cette option impraticable. D'où cette seconde idée consistant à faire de Jérusalem «une capitale ouverte», avec deux pouvoirs souverains et deux administrations municipales. Mais «si on laisse Israéliens et Palestiniens en face à face à Jérusalem, cela ne marchera pas», reconnaît le diplomate européen. Pour con­tourner l'obstacle, Paris propose la création d'un comité de liaison international, pour traiter des questions d'infrastructures (électricité, eau, téléphone) dans les secteurs palestiniens de Jérusalem-Est, qui resteront enclavés, après la signature d'un accord de paix. L'Autorité palestinienne est, pour l'instant, opposée à une telle assistance municipale, qui la déposséderait d'une partie de sa souveraineté sur Jérusalem-Est. Paris veut également renforcer la présence palestinienne à Jérusalem-Est, en rouvrant la Maison de l'Orient, le siège officieux de l'OLP, fermé par Israël en 2001, au début de la seconde intifada.

Les réfugiés.  Paris propose la création d'une agence internationale, chargée d'indemniser les Palestiniens de la Diaspora, qui ne rentreraient, ni en Israël ni dans la future Palestine. Ils constituent la majorité des 4 millions de réfugiés (ou de leurs descendants), qui ont quitté la Palestine historique en 1948, à la création d'Israël. Le coût d'une telle mesure est énorme : entre 80 et 200 milliards de dollars, selon les premières évaluations. Qui paierait ? Les pays du Golfe, mais aussi l'UE, qui a donné son accord à ce «mécanisme», y compris dans ses «dimensions logistiques et financières». Sur cette question sensible, Paris estime que «tout accord de paix se fera avec un retour minimal de réfugiés en Israël». Olmert était prêt à en accepter 5 000 environ, mais ses successeurs potentiels, Tzipi Livni ou Benyamin Nétanyaou, n'en veulent aucun. Petite astuce, des réfugiés pourraient être relogés dans les territoires qu'Israël est prêt à échanger avec les Palestiniens, dans le Néguev ou au nord près de Betshean. Un retour déguisé en Palestine.

Une force internationale.  L'Autorité palestinienne n'étant pas encore en mesure d'assurer la sécurité à la frontière d'Israël, cette tâche incombera à la communauté internationale, singulièrement à l'UE, sous la forme d'un déploiement de quelques milliers de soldats ou de gendarmes. «Contrairement au Liban-Sud en 2000, un retrait israélien de Cisjordanie ne va pas se faire en une journée», dit-on à Bruxelles. Cette force serait d'abord déployée dans les secteurs évacués par Tsahal. Les Vingt-Sept ont signalé leur disponibilité. Mais les Allemands ne veulent pas envoyer de troupes, qui pourraient se retrouver face à des soldats israéliens. L'Autorité palestinienne, elle, n'est pas contre. Ehoud Barak, le ministre israélien de la Défense, montre de «l'intérêt», Livni, aussi. Tout comme, pour la première fois, certains Américains, en particulier, le nouveau patron du Conseil national de sécurité, le général James Jones. L'ex-coordinateur, chargé de la sécurité au Proche-Orient, a conseillé aux Israéliens d'accepter un tel déploiement de forces étrangères en Cisjordanie.

figaro.fr