28.12.08

Opération «Plomb durci» : avant les éditos…



Avant le déchaînement habituel auquel ne manqueront pas de se livrer nos éditorialistes dans les prochains jours pour fustiger l’attaque «disproportionnée» israélienne dans la bande de Gaza, quelques repères simples doivent être rappelés :

1) En août 2005, Gaza est devenu «judenrein», c’est-à-dire vidée de toute présence juive. Autrement dit, depuis cette date, on ne peut plus à la fois être juif et vivre dans la bande de Gaza. Rappelons que, dans le même temps, Israël est accusé d’être un Etat raciste et de pratiquer une «politique d’apartheid». Rappelons encore que les Arabes israéliens bénéficient strictement des mêmes droits civiques que les Juifs. Rappelons toujours que les femmes arabes israéliennes ont été les premières à bénéficier du droit de vote. Rappelons enfin qu’un Arabe israélien a la possibilité de devenir député à la Knesset et d’y œuvrer pour la destruction de l’Etat qui l’héberge, le nourrit et le protège. C’est le cas d'Ahmed Tibi, d’Azmi Bishara et de nombreux autres.

2) Après le départ des «Juifs» - comme on dit en bon gazaoui – aucune infrastructure juive, agricole ou autre, n’a été conservée. Il y a eu une volonté délibérée de toutes les détruire et ce dans un seul but : ne pas donner la moindre chance de prospérité à une population qu’il fallait impérativement maintenir dans la misère sous peine de risquer de diminuer le niveau de haine anti-israélienne.

3) Sans la moindre raison politique, tactique ou stratégique, les roquettes se sont mises à pleuvoir sur le territoire israélien à partir de la date de cette évacuation. Visiblement, le désœuvrement et le chômage ne réussissaient pas aux «activistes palestiniens» – comme on dit, cette fois, en novlangue AFPienne –

4) La trêve de six mois était stratégique pour le Hamas qui y trouvait son seul moyen de reconstituer ses forces pour mieux frapper Israël par la suite. Il ne l’a d’ailleurs jamais respectée, bombardant Sderot et Ashkelon de plusieurs tirs de mortiers et fusées Qassam chaque jour depuis deux mois. Les islamistes l’ont finalement rompue officiellement le 19 décembre, faisant passer leurs «bombardements artisanaux» à l’échelon industriel. Israël a prévenu avant et après cette rupture qu’elle ne pourrait indéfiniment faire preuve de retenue. On ne peut pas dire que l’Etat hébreu ait fait preuve de malice ni de perfidie dans cette opération.

Au fond, et c’est cela que nous devons saisir, nous Occidentaux peu au fait de cet «Orient compliqué» : le Hamas a presque obtenu ce qu’il voulait. Il souhaitait des images de corps déchiquetés, exhibés sans la moindre pudeur, des panaches de fumée au-dessus de la ville, des mères éplorées, des enfants dont les vies sont foutues, des foules haineuses appelant à une «juste vengeance». Il n’a été récompensé qu’en partie puisque, cette fois-ci, la proportion de civils touchés s’avère particulièrement faible.

Sans cette allégorie de la mort, le Hamas n’est rien. Le plus triste dans cette affaire, c’est qu’il ne s’agit pas seulement du Hamas. C’est du «peuple» palestinien dans son ensemble qu’il est question. Ou plutôt des pauvres «Arabes de Palestine» à qui on a fait croire qu’ils étaient un peuple. L’histoire de l’instrumentalisation politique de ces populations depuis Nasser jusqu’à Arafat serait trop longue à décrire dans ce court article.

Maintenant, les médias, les politiques du monde entier ont le choix : tomber dans le panneau ou pas.

En reprenant leur sempiternelle rhétorique à propos du «cycle de la violence», de la nécessité d’un «règlement juste du conflit», de l’appel au calme des «deux parties», quand ils ne se contenteront pas d’une condamnation pure et simple d’Israël, ils permettront de sauver la face et de donner l’impression d’œuvrer pour la paix.

Alors qu’ils ne feront qu’entretenir une illusion, une illusion mortelle, responsable, depuis soixante ans, de milliers de morts.

Curieux tout de même que personne ne se pose la question. Pourquoi aucune «recette», aucun plan de paix n’ont marché depuis soixante ans ?

Et s’il y avait un intrus dans l’équation ?

Jean-Paul de Belmont © Primo, 28 décembre 2008