11.7.08

Agression de Rudy H. : deux jeunes dont un militaire écroués pour tentative de meurtre antisémite

LEMONDE.FR avec AFP et Reuters |

Deux des agresseurs présumés du jeune Rudy H., juif de 17 ans qui avait été roué de coups le 21 juin dans le 19e arrondissement de Paris, ont été mis en examen et placés en détention provisoire, jeudi 10 juillet, à Paris, pour "tentative de meurtre et violence en réunion aggravées par leur caractère antisémite". Ces deux jeunes risquent la réclusion criminelle à perpétuité.





UN MILITAIRE IMPLIQUÉ

L'un des deux agresseurs présumés est un militaire de la base aérienne de Taverny, en région parisienne. C'est ce qu'a confirmé le ministre de la défense, Hervé Morin, vendredi matin sur France Info, à la suite d'une information parue dans Le Parisien/Aujourd'hui en France.

Soupçonné d'avoir frappé la victime avec une béquille, ce militaire de 26 ans, qui, selon M. Morin "était en congé maladie", et a "bien entendu (...) effectué cet acte en dehors du service" , est mis en cause par plusieurs témoins. Mais s'il reconnaît avoir été présent sur le lieu de l'agression au moment des faits, il nie avoir frappé Rudy H.. M. Morin a jugé "totalement inacceptable" le comportement du militaire ; "Nous en tirerons les conséquences qui s'imposent", a-t-il déclaré.

ANTISÉMITISME

L'autre mis en examen, un jeune homme âgé de 25 ans, est accusé par un témoin d'avoir frappé Rudy H. à mains nues. Il reconnaît avoir été présent lors de la rixe, mais affirme être intervenu dans l'agression pour s'interposer.

Cette agression avait été présentée comme antisémite par plusieurs organisations juives et le grand rabbin de France, Gilles Bernheim ; elle avait même été dénoncée par le président Nicolas Sarkozy lors de sa visite d'Etat en Israël. L'affaire était cependant apparue sous un jour différent au terme de l'enquête. Celle-ci avait en effet montré qu'elle s'inscrivait dans la suite d'une série de heurts entre bandes "communautaires" opposant de jeunes juifs à de jeunes noirs. Mais après deux jours de garde à vue, la juge d'instruction Géraldine Rigollot a finalement retenu la circonstance aggravante de l'antisémitisme.

Sept personnes avaient été interpellées, mardi 8 juillet, dans le cadre de l'enquête confiée à la police judiciaire. L'un d'entre eux, un Malien de 27 ans, a été mis en examen pour d'autres faits ayant précédé l'agression de Rudy H. Désigné par une autre victime de confession juive, il a été inculpé pour "violences en réunion avec arme", avec la circonstance aggravante de l'antisémitisme ; laissé en liberté sous contrôle judiciaire par le juge des libertés et de la détention, il encourt jusqu'à dix ans d'emprisonnement. Les quatre suspects restants ont été remis en liberté sans qu'aucune charge soit retenue contre eux.

Rudy H., aujourd'hui sorti du coma, a affirmé aux policiers n'avoir aucun souvenir des faits.