9.7.08

SEGOLENE VISITEE

L’ex candidate aux plus hautes fonctions de l’Etat sent bien le vent tourner en sa défaveur. Mais elle ne trouve que des subterfuges pour ramener vers elle les affections que lui avait prodiguées une campagne électorale finalement ratée.

Après sa bourde catastrophique sur Ingrid Bétancourt et une accusation de récupération, les caciques du PS se sont réveillés et ont donné de la voix. Jack Lang, l’ex-ami de longue date, n’a pas été le dernier à dénoncer la stupidité de ses propos.

Le congrès de Reims ne se prépare pas dans la franche camaraderie, c’est le moins que l’on puisse dire.

Dans sa région d’adoption (et de parachutage au temps de Mitterand), les langues se délient. Le premier vice-président, désormais privé de tout mandat et de toute signature, est au placard.

Il en va de même pour certains élus qui apprennent par la presse qu’ils sont déchargés de certaines fonctions. Et il ne fait pas bon la contredire. L’humain n’est pas sa tasse de thé.

L’atmosphère de terreur qu’elle fait régner au sein du Conseil Régional paralyse toute initiative des fonctionnaires, pourtant aussi au fait qu’elle des réalités du terrain.

Certains disent même que si elle fait figurer les mots « démocratie participative » dans ses affiches et sa communication institutionnelle, c’est uniquement pour s’en souvenir.

Les services de la Région sont mobilisés uniquement pour répondre à ses promesses démagogiques. L’ordinateur pour chaque lycéen, les récupérateurs d’eau remboursés directement au citoyen, tout cela se fait au mépris des règles élémentaires de la comptabilité publique.

Mais Ségolène est tout le temps en campagne. Rien ne l’intéresse plus que de servir directement le citoyen, au plus près de ses préoccupations. Il lui faut pour cela enjamber les corps intermédiaires, et même la dignité des élus de sa majorité, pourtant choisis comme elle par le suffrage universel.

L’institution régionale est, au-delà des estimés services qu’elle rend à la population, un sorte de tremplin vers la plus haute responsabilité, celle à laquelle elle aspire farouchement.

Mais voilà, le visage se craquèle. L’image de madonne qu’elle avait réussi à faire accepter par le grand public, avec la grande complicité des médias durant la campagne, s’effondre à mesure qu’elle sent le parti lui échapper.

La voilà réduite aux « coups de pub » pour faire parler d’elle.

Son appartement visité pour la deuxième fois ? La faute à l’actuel locataire de l’Elysée, ni plus ni moins.

Le cambriolage dont elle a été victime ces derniers jours serait, selon elle, lié à ses attaques virulentes contre Nicolas Sarkozy et le gouvernement.

« J'observe que la semaine dernière, au moment où j'ai dit qu'il fallait mettre fin à la mainmise du clan Sarkozy sur la France, mon domicile a été mis à sac", a-t-elle dit lors du journal de 20-Heures de France 2 …C'est une drôle de coïncidence et c'est la seconde fois, la première a eu lieu pendant la campagne présidentielle ».

Delanoé ne pardonne pas aux anglais de lui avoir piqué les Jeux de 2012. Ségolène ne pardonne pas à Sarkozy d’avoir gagné. Pour certains, le suffrage universel n’est bel et bon que s’il accorde tout. Sinon, il ne sert à rien.

Les camarades socialistes, les militants, les vrais, ceux qui n’ont pas assez de fonds propres pour avoir plusieurs résidences, ceux qui tiennent les stands dans les marchés, sont pourtant confrontés aux mêmes déboires que l’ancienne candidate.

Et il se murmure, malgré les communiqués triomphants du Ministère de l’Intérieur clamant la baisse de la criminalité, que certains militants socialistes ont vu leur appartement pillé plusieurs fois de suite sans qu'ils invoquent pour autant le complot politique.

Eux ne caressent pas l’espoir d’être un jour à la tête d’une SCI. Ils habitent - certes de moins en moins – dans des quartiers où le cambriolage est monnaie courante. Ils se couchent le soir avec la peur au ventre de ne pas retrouver leur voiture le lendemain.

On se demande d’ailleurs quelle serait l’intérêt de la part d’un clan Sarkozy d’aller visiter l’appartement d’une candidate socialiste ne possédant aucun secret stratégique et dont les principales idées peuvent être consultées dans Paris Match, Marianne et le Nouvel Obs.

Le chaos pour bientôt ?

Entre les deux tours, elle a prédit la guerre civile si Sarkozy arrivait au pouvoir. Et elle l’a fait avec une telle délectation que certains, dans son propre camp, se sont demandé si elle ne l’appelait pas de ses vœux. Guerre civile, police politique, basses œuvres…

Elle qui prônait la réconciliation de la France avec elle-même, les rapports harmonieux d’une société nouvelle a menacé les Français du chaos, ne voyait qu’avenir sombre et combats de rue.

Rien ne dit que cela n’adviendra pas, du reste. Le lien social, de plus en plus malmené par l’actuelle majorité, ne résistera peut-être pas aux coups de boutoir.

Mais il serait hasardeux d’en attribuer l’intensification à la seule politique sarkozienne. Comme il serait tout à fait déplacé d’affirmer que, Ségolène Royal au pouvoir, ce chaos ne serait pas advenu.

La violence est de plus en plus présente dans les rapports sociaux. Le fameux pouvoir d’achat n’est pas près d’être revalorisé. Tous les indices font même penser que cela va s’aggraver et qu’il va falloir aux Français la volonté d’apprendre à faire de moins en moins mal avec de moins en moins d’argent.

Les circonstances se chargeront de l’apprendre à ceux qui ne retiendront pas les avertissements. Moins d’essence, les prix des matières premières en hausse, la spéculation internationale, tout cela ne peut être combattu par une seule volonté politique.

Le dérèglement a pris trop d’ampleur.

Il lui faudra aller jusqu’au bout de la course pour que chacun renonce à ses avantages acquis, pour que les corporatismes reculent au bénéfice de l’intérêt collectif. Il faut s'y attendre en constatant que l'écart entre les riches et les pauvres ne cesse de croître.

Alors que plusieurs paranoïaques affirment déjà vivre dans une société totalitaire, de plus en plus nombreux sont ceux qui disent qu’on ne lui échappera pas, quoiqu’on fasse.

Il suffirait pourtant d’un peu plus d’humanité, un peu moins d’égoïsme, bref toutes ces choses que ne cessent de réclamer les utopiques*.

Le grand mensonge de la classe politique est de laisser croire qu’elle peut influencer la marche du monde. Tous, sur ce point, ont menti et sont obligés de faire perdurer ce grand mensonge pour exister.

La présidente du Poitou Charentes comme les autres. Les économistes les plus attachés à un Etat fort et démocratique savent que la marge de manœuvre entre une politique de droite et une de gauche est de 0,5 %.

Franchement, est-ce bien la peine de se détester pour si peu ?

Le désir d’avenir** ne se situe ni dans un mouvement, ni même dans un nouveau parti, encore moins dans une motion délivrée dans la Mecque du champagne, mais dans une volonté de vivre et de progresser ensemble.

Pour l’instant, c’est bien mal parti.

Paul Lémand
Primo,

* laissons à ce mot la ferveur militante sans le trahir, comme les utopistes concrets, nostalgiques du Grand Soir

** Nom du mouvement créé par Ségolène Royal

Auteur : Paul Lémand