3.7.08

Ingrid Betancourt est libre


On s’affolait déjà en coulisse depuis quelques jours.


Un haut fonctionnaire de la présidence colombienne, interrogé par l'AFP, a signalé que, depuis vendredi dernier, deux délégués européens avaient pu établir un contact avec le groupe rebelle. "Ils recherchaient depuis vendredi à établir un contact, et je crois qu'ils ont pu l'établir" (AFP).

Selon le Tiempo, grand quotidien colombien, les deux médiateurs européens, autorisés par le président colombien Alvaro Uribe à œuvrer pour un accord humanitaire, étaient l'ancien consul de France à Bogota, Noël Saez et le diplomate suisse Jean-Pierre Gontard.

Chacun sentait un frémissement. Mais il ne s’est pas produit là où on l’attendait. C’est une opération militaire héliportée de l’armée colombienne qui a permis la libération d’Ingrid Bétancourt ainsi que 15 autres otages dont 3 américains.

À l’heure des comptes

Il est encore un peu trop tôt pour attribuer le mérite de cette libération aux pressions de la communauté internationale, à la mobilisation des bonnes volontés partout en France. Les mouvements terroristes ont depuis longtemps montré que cette donnée n’était jamais prise en compte dans leurs équations morbides.

Le grand gagnant de cette libération est le président Uribe. Jeudi dernier, il a déclaré souhaiter de nouvelles élections présidentielles. Comme cette demande a été faite avant la libération d’Ingrid, il en tirera encore plus de bénéfices.

Il approche déjà les 80 % d’approbation dans l’opinion publique. Une telle élection sera une habile manière pour lui de contrer les avis de la Cour Suprême sur la validité du précédent scrutin. On s’achemine vers un plébiscite car on voit mal maintenant qui pourrait lui refuser ce qu'il demande.

Uribe, que l’opinion publique française et certains médias décrivaient comme étant presque un dictateur, vient de faire la preuve qu’il était un démocrate, garant de la souveraineté de son pays, et doublé d’un habile stratège.

Gageons que les mêmes médias qui l’incendiaient il y a quelques mois redécouvriront d’ici peu quelques points de son programme électoral que l’on pourrait qualifier ici de social-démocrate. Même François Hollande, sur I Télé vient de dire combien sa stratégie a finalement été payante. Il n’aura cédé ni à Sarkozy, ni aux pressions de la communauté internationale et aura pris seul les risques d’un éventuel échec.

Les grands perdants

D’abord, les FARC. Ce mouvement idéologiquement à l’agonie depuis plusieurs années, prônait la lutte armée marxiste et vivait confortablement sur les revenus du commerce de la cocaïne. Plusieurs directions, surtout depuis la mort de leur numéro 1, Manuel Marulanda, bataillaient pour le leadership.

Le 24 décembre 2007, il demandait à ses troupes de "commencer à préparer les conditions d'une offensive générale" contre le gouvernement du président colombien Alvaro Uribe. "Il faut profiter de la crise générale que traverse le gouvernement et de la fatigue de certaines unités militaires", affirmait le chef terroriste.

L’offensive qu’il appelait de ses vœux a finalement été celle de la maladie. Il est mort en mars 2008. Depuis, d'autres offensives ont laminé les FARC.

L’autre grand perdant de la journée est le président Hugo Chavez, maintenant marginalisé. Les découvertes faites dans l’ordinateur d’un des chefs des FARC éliminés il y a quelques mois apportaient la preuve de sa trop grande proximité avec le mouvement terroriste.

Et peu de personnes dans la communauté des nations verseront une larme sur ce fanfaron qui annonçait il y a quelques jours encore une grande nouvelle pour le 11 juillet 2008. Il devra se passer de ce petit moment d’extase et pourra désormais se consacrer entièrement à son travail de chef de l’État vénézuélien.

6 longues années d’isolement, sans recevoir de visite, sans pouvoir parler à sa famille, 6 années de lutte et la voilà maintenant libre de ses mouvements.

Bienvenue à Ingrid sur la terre des vivants.

Merci à tous ceux qui ont su se mobiliser durant ces années, ces centaines de bénévoles qui ont su lutter contre le découragement. Formulons le vœu que la communauté internationale n'oublie pas les milliers d'autres otages encore détenus par les FARC.

Si seulement cette libération pouvait décourager d'autres mouvements terroristes, il faudrait s'en réjouir. Mais, sur ce point, il convient d'être réaliste...et prudent.

Primo attend encore la libération d'un autre citoyen français aux mains d'un autre mouvement terroriste dans une autre partie du monde.

Et comme l’a rappelé Nicolas Sarkozy dans son discours de ce soir pour faire part de la libération d’Ingrid : Guilad Shalit doit être libéré.

Primo remercie le Président de la République pour cette insertion. Peu de responsables politiques avaient eu, avant lui, le courage de ce parallélisme.

© Primo