24.3.09
Affaire Fofana : la famille d'Ilan veut un procès public
Enlevé dans le but d'obtenir une rançon, Ilan Halimi avait été retrouvé agonisant près d'une voie ferrée le 13 février 2006. Crédits photo : AP
Stéphane Durand-Souffland
La mère de la victime souhaite que l'audience fasse oeuvre de pédagogie afin que son fils, enlevé et torturé par une bande en 2006, ne soit pas «mort pour rien».
Le procès de Youssouf Fofana et de ses complices présumés du «gang des barbares», qui répondent du meurtre d'Ilan Halimi, doit s'ouvrir le 29 avril prochain devant la cour d'assises des mineurs de Paris. Bien que la mère de la victime souhaite que les débats soient publics, ils risquent de se tenir à huis clos. Et ce, en raison de la présence, parmi la trentaine d'accusés, de J. et E., mineurs à l'époque des faits. Récemment, en effet, E. a fait savoir à la partie civile qu'elle voulait comparaître sans observateurs.
«Pour Mme Halimi, un procès public aurait une vertu pédagogique. Il permettrait de mieux comprendre l'engrenage criminel, de faire réfléchir parents et adolescents. C'est la loi du silence qui a tué son fils, il serait intolérable qu'elle s'impose encore aux assises, en cas de huis clos», s'indigne son avocat, Me Francis Szpiner.
Or, un mineur devenu majeur peut obtenir la publicité des débats : «Je pensais, renchérit Me Szpiner, qu'E. répondrait favorablement à l'unique requête de Mme Halimi car, en février 2008, cette jeune femme avait écrit une lettre aux parents d'Ilan. Si elle est sincère, elle doit accepter la demande de ma cliente : la publicité des débats peut faire réfléchir ceux qui pourraient se laisser entraîner dans ce type d'entreprise criminelle, et si cela pouvait dissuader ne serait-ce qu'une personne, Mme Halimi aurait le sentiment que son fils n'est pas mort pour rien. Pour Ilan, on ne peut plus rien, hélas. Mais la médiatisation d'une audience aussi particulière pourrait sans doute éviter d'autres drames. E. a jusqu'au 29 avril pour changer d'avis.» Le Figaro n'a pas pu joindre, lundi, Me Dominique Attias, avocate de E.
Me Martine Scemama, conseil de J., explique qu'elle n'a pas encore abordé la question avec son client, à qui revient le dernier mot. Mais à titre personnel, elle est partisane de la publicité des débats, au motif que le «huis clos a aussi pour but de protéger la police, qui ne répondrait pas publiquement d'une enquête ratée». Pour autant, Me Scemama déplore la « perversité» de l'institution, qui cherche à faire porter la responsabilité de la décision finale à J., à E., et à leurs avocats.
Plusieurs semaines de détention
Ilan Halimi avait été attiré dans un guet-apens, le 20 janvier 2006. Ses ravisseurs, dirigés selon l'accusation par Fofana, réclamaient 450 000 euros à ses proches. Détenu pendant plusieurs semaines sans que quiconque ne donne l'alerte, le jeune homme avait été retrouvé le 13 février, agonisant, près d'une voie ferrée.
La bande aurait choisi d'enlever un jeune Juif car, dans son esprit, les membres de cette communauté ont de l'argent, sont solidaires et donc susceptibles de réunir la rançon exigée. Cette motivation, nourrie des pires clichés antisémites, a été retenue à charge dans l'ordonnance de mise en accusation, de même que les actes de torture et de barbarie. Plusieurs mis en cause encourent la réclusion à perpétuité.
lefigaro.fr