6.3.09

Mémoire de la désinformation


Par Guy Senbel
pour Guysen International News

Cette semaine, nous souhaiterions attirer l’attention de nos lecteurs sur la pratique de la désinformation et ses conséquences. Thème à la mode, la désinformation préoccupe ou révolte. Phénomène ancien, la désinformation inquiète parce qu’elle contribue à forger des généralisations incorrectes à partir de faits manipulés.

Manipulation de l’opinion publique à des fins politiques, la désinformation à l’ère numérique consiste à propager des informations fausses pour influencer une opinion, affaiblir un camp, inventer un ennemi. Les dérives sont si fréquentes que Richard Prasquier, Président du CRIF, a demandé au Premier ministre français François Fillon au cours du dîner annuel organisé lundi 2 mars, de créer un observatoire du racisme sur Internet, de renforcer les moyens de l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux technologies de l’information et de poursuivre systématiquement les hébergeurs de contenus antisémites.

En outre, la désinformation pose la question évidente de l’indépendance des médias, et par voie de conséquence de la justesse des faits relatés et de la vérité de ce que les journalistes présentent ou plus exactement représentent.

L’utilisation de faux documents est l’une des méthodes de désinformation la plus répandue et la plus ancienne. Tout le monde se souvient que le capitaine Dreyfus a été accusé de trahison à la patrie sur la base d’un faux. Au début du 20e siècle, les « Protocoles des Sages de Sion » circulent pour essayer de montrer que les Juifs ont mis au point un programme pour anéantir la Chrétienté et dominer le monde. Ces mêmes « Protocoles » servirent la propagande antisémite du Troisième Reich. Aujourd’hui, ce sont les intégristes musulmans qui l’utilisent.

Correspondant du journal « Le Monde » à Varsovie, Bernard Margueritte, proposait une drôle de lecture de la campagne antisémite alors orchestrée par le régime de Gomulka. Rappelons qu’on ne fît pas du massacre des survivants après la Shoah un événement majeur ; il fallut attendre l’affaire du Carmel d’Auschwitz en 1986 pour que l’on prenne conscience des ravages de l’antisémitisme en Pologne. C’est cette prise de conscience qui conduisit certainement le Président Walesa à présenter des excuses historiques à la Knesset en 1991.

Concernant les faits et leurs représentations au Moyen Orient et plus particulièrement en Israël, la désinformation fait souvent rage. Elle s’est construite à partir de clichés ou de contrevérités. L’image véhiculée sur les Juifs conduits dans les camps comme des moutons à l’abattoir pendant la Shoah ou l’idée reçue selon laquelle Israël serait une « compensation » au peuple juif pour les six millions de morts, ont contribué à fausser l’histoire.

Relativisée, la politique sioniste des Juifs développée dès la fin du 19e siècle. Autorisée, la critique des Israéliens qui, au nom de leur héritage et de leur mémoire endeuillée, ont à peine le droit de se défendre. La guerre contre le Hamas en est un exemple flagrant : les huit années au cours desquelles le Néguev est attaqué par des milliers de missiles tirés depuis la bande de Gaza se transforment en quelques « semaines ». La riposte israélienne est par conséquent présentée comme « disproportionnée » et à l’origine d’une catastrophe humanitaire…

Ces représentations inexactes de l’actualité nuisent plus tard à la vérité historique. Certains ouvrages présentent la « guerre du Ramadan » plutôt que la guerre de Kippour. L’affaire Al Dura fait partie des éléments déclencheurs de la deuxième Intifada.

La violence ordinaire existe ailleurs au Moyen Orient, en Iran, en Arabie Saoudite, on pend des gens toutes les semaines…

Jeudi 5 mars, et pour la troisième fois en un an, Jérusalem a connu un nouvel attentat au tractopelle, blessant deux policiers. L’auteur de l’attentat n’était pas un activiste mais un terroriste. Il s’agissait bien d’un attentat, non d’un accident…

Ce soir, nous pensons à Guilad Shalit, otage du Hamas, et non prisonnier. Citoyen français et soldat de Tsahal, Guilad Shalit n’a pas connu la liberté depuis 984 jours.