25.3.09

Dialogue judéo-musulman : le CRIF se sent trompé




Comme dans toute entreprise commune dans laquelle l’un des acteurs se rend compte que l’autre ne joue pas le jeu, les institutions juives de France se sentent aujourd’hui trompées dans leur démarche d’amorcer un réel dialogue judéo-musulman dans l’hexagone.

Souhaitée depuis longtemps par les plus hautes autorités de l’Etat, inquiètes du communautarisme croissant, l’instauration de ce dialogue interreligieux poursuivait deux objectifs essentiels : rapprocher les deux communautés afin que les Musulmans de France puissent s’inspirer du modèle républicain intégré de manière totale depuis l’Emancipation par la judaïcité française, et d’autre part, éviter au maximum les frictions entre ces deux communautés du fait de l’importation du conflit israélo-palestinien sur le sol français.

Malheureusement, en plus d’un antisémitisme de plus en plus banalisé et quotidien qui s’est répandu dans l’importante communauté musulmane issue de l’immigration, les pics de tension au Proche Orient provoquent de manière systématique une réplique sur le territoire français par des manifestations haineuses, des déclarations extrêmes et des agression en tous genres, mais uniquement dans un sens : de la part de Musulmans contre les Juifs, disons-le franchement.

La dernière illustration en date, l’Opération « Plomb Durci » de Tsahal, qui a donné lieu a des débordements irrationnels, hystériques et inacceptables de la part des communautés musulmanes, dont les membres s’en sont donné à cœur joie pour exprimer dans la rue, les lieux publics et même des lieux de commerce, leur haine d’Israël mais aussi des Juifs en général.

Les responsables des institutions juives de France ont estimé que des limites ont été franchies après que des organisations officielles musulmanes aient comparé l’opération antiterroriste israélienne à la Shoah, et les soldats israéliens aux nazis. C’est ainsi que le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions juives de France) a pris la décision de ne pas renouveler le dialogue avec certaines organisations “jusqu’à ce que ces personnes ou organisations ne se seront pas excusées”, “ce qui n’est pas prêt d’arriver”, précise-t-on.

Meyer Habib, vice-président du CRIF, vise tout spécialement l’UOIF, proche des milieux islamistes : « Nous comprenons le soutien des musulmans pour les Palestiniens. Il est tout aussi naturel que le soutien des Juifs aux Israéliens. J’étais moi-même l’un des organisateurs d’une manifestation pro-israélienne de 15 000 personnes durant les combats. Mais dans les manifestations de l’UOIF, on pouvait lire des pancartes ‘mort aux Juifs’ et certains responsables musulmans ont comparé la politique israélienne au pratiques nazies pendant la Shoah ».

Selon Richard Prasquier, Président du CRIF, « rien qu’au mois de janvier, en pleine opération de Tsahal, plus de 350 actes antisémites ont été recensés, par rapport aux 460 par année en 2007 et 2008 ».

Malgré la fin des combats, les gestes d’animosité envers Israël se poursuivent en France, à l’initiative de groupes musulmans, aidés de mouvements d’extrême gauche, verts ou communistes. C’est ainsi qu’un groupe de Juifs français a porté plainte auprès du Tribunal de Bobigny au nord de Paris, contre une campagne appelant au boycott des produits israéliens dans les supermarchés de la ville. La plainte porte sur « l’invasion des supermarchés de banlieue parisienne par des boycotteurs anti-israéliens ». Dans d’autres endroits également, des « commandos » pro-palestiniens ont détruit des fruits et légumes en provenance d’Israël et ont tenté d’empêcher les clients d’acheter des produits « Made in Israel ».

Les responsables religieux, communautaire et sociaux de l’importante communauté musulmane de France ont une responsabilité primordiale dans la mobilisation de leurs fidèles contre Israël et les Juifs, à chaque occasion qui n’est en fait qu’un prétexte.

Et les dirigeants de la communauté juive de France ont eu raison de marquer enfin leur ras-le-bol face à ces attitudes inadmissibles.



par Shraga Blum