12.3.09

Un haut-fonctionnaire US accuse « le lobby juif »




Très lentement mais sûrement, les déclarations anti-israéliennes et antisémites font apparition ici et là dans le pays « où les Juifs vivent si bien ». Ce phénomène n’a certes pas encore atteint les proportions européennes, mais l’activisme grandissant des milieux islamistes, le militantisme tiers-mondiste qui envahit les campus américains ainsi que les effets de la crise socio-économique ouvrent la porte à de plus en plus de déclarations publiques dénonçant le « pouvoir financier ou politique des Juifs aux Etats-Unis ».

Dernier scandale en date, les déclarations de Charles Freeman, qui vient de refuser sa nomination à la tête du prestigieux « National Intelligence Council », organe qui centralise toute la communauté américaine du Renseignement. C’est cet organisme qui est chargé de présenter au Président des Etats-Unis et aux principaux preneurs de décisions une synthèse des rapports des différents servies de Renseignements américains.

Ancien ambassadeur des Etats-Unis en Arabie Saoudite, Charles Freeman avait à plusieurs reprises émis des jugements très unilatéraux envers Israël, dénonçant même « la brutale oppression » dont seraient victimes les Palestiniens de la part de l’Etat juif, et « l’absence de toute volonté de paix en Israël ». L’évocation de sa candidature au délicat poste de Directeur du N.I.C avait provoqué des remous au sein du Congrès, au point qu’il annonce hier mardi « le retrait de sa candidature ». Ses détracteurs, à l’image de Charles Schummer ou Joe Lieberman ne lui reproche pas uniquement ses positions anti-israéliennes très marquées, mais aussi ses liens très étroits avec le régime chinois et la Cour royale saoudienne. Freeman avait par exemple justifié l’attitude des autorités chinoises lors du massacre de la Place Tien An Men en 1989. On imagine les risques de la présence d’un tel personnage à la tête des Renseignements américains dans des dossiers tels que l’Iran ou la Syrie !

Dans un langage peu habituel dans cette profession, Charles Freeman accuse « le lobby juif américain d’agir en fonction de ses propres intérêts et de ceux du parti au pouvoir en Israël, au détriment des intérêts américains » !!

Dans un article envoyé au magazine « Foreing Policy », Charles Freeman justifie sa décision de manière peu amène : « Je suis arrivé à la conclusion de ne pas accepter ce poste, car le lobby de mes détracteurs me poursuivra même dans cette fonction. Cet organisme (NIC) ne pourra de toutes façons pas fonctionner de manière normale tant que la personne qui la dirige sera la cible d’attaques prolongées et immorales de ceux qui représentent des courants politiques de pays étrangers. Ce puissant lobby se dresse contre tout ce qui pourrait constituer un avis différer sur la politique à mener au Proche Orient ».

Puis, il poursuit en jetant définitivement son masque : « La tactique du lobby pro-israélien arrive jusqu’aux confins de l’indécence, au moyens de la calomnie, du procès d’intention, de citations inexactes, tout ceci afin d’empêcher toute modification dans le regard que porte l’Administration américains sur ce qui se passe au Proche Orient. Ce lobby a pour objectif de dominer et contrôler la politique étrangère US par le biais de menaces et de pressions notamment sur la nomination de personnes qu’il ne trouve pas de son goût. Il bloque ainsi toute possibilité de changement et pousse le gouvernement à ne prendre que des décisions qui iront dans le sens des intérêts de ce lobby. »

Et il conclut en déclarant « que cette impossibilité pour les Etats-Unis de choisir librement une politique étrangère au Proche Orient qui ne serait pas du goût du parti au pouvoir en Israël, entraînera ce parti à pratiquer une politique suicidaire pour Israël, mais aussi à causer des dommages prolongés à la sécurité des Etats-Unis ».

En 2008, deux universitaires américains, John J. Mearsheimer et Stephen M. Walt, avaient sorti un livre qui avait fait grand bruit : « The Israel Lobby and the US Foreign Policy » dans lequel ils dénoncent exactement la même chose que Charles Freeman aujourd’hui.

Les accusations de « puissance occulte des Juifs » et du « Juif, agent de l’Etranger », avaient été parmi les grands thèmes de l’antisémitisme de la fin du 19e siècle en Europe, repris ensuite avec succès » par la propagande nazie.


par Shraga Blum
arouts sheva