25.3.09

Le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram : Non au dialogue avec l'Iran




Dans un contexte de tensions croissantes entre l'Iran et les pays arabes, [1] le quotidien gouvernemental égyptien Al-Ahram publie un éditorial virulent à l'encontre de l'Iran. Selon l'éditorial, le régime iranien s'efforce d'échapper aux pressions intérieures en exportant la crise interne dans les pays arabes et en imposant l'hégémonie iranienne dans la région - soit militairement, soit au moyen des médias, soit en s'ingérant dans les affaires politiques et religieuses des pays arabes. Il estime en outre que vu les positions et la conduite de l'Iran, les pays membres de la Ligue arabe devraient refuser le dialogue avec l'Iran. Extraits: [2]

"Il semblerait que les tensions croissantes en Iran aient poussé le régime iranien à exporter la crise intérieure dans les pays arabes, dans le cadre d'une politique visant à imposer l'hégémonie iranienne dans la région. Ce n'est un secret pour personne que l'Iran fait face à des conflits internes et à des pressions populaires croissantes. Le quotidien britannique The Guardian a couvert un incident que les autorités iraniennes ont essayé par tous les moyens de cacher aux médias: un citoyen iranien a lancé une chaussure sur Ahmadinejad lors de la récente visite de ce dernier à Orumiyeh. [3]

Cet incident révèle l'état de tension qui règne en Iran, [auquel répond] la non moins intense progression des actes d'oppression contre quiconque ose s'opposer [au régime iranien], membres du régime compris. Des restrictions ont été imposées à plusieurs journaux qui appuient ce que l'on appelle "le courant réformiste", et un certain nombre de partisans du courant ont été arrêtés. En outre, la liberté d'opinion et d'expression a été limitée, le régime iranien ayant même appliqué des mesures racistes contre le courant sunnite [en Iran]…

Le régime iranien a décidé d'ignorer la situation en exportant ses problèmes intérieurs aux pays arabes [de la façon suivante]:

- En se servant des minorités chiites qui soutiennent [le régime iranien] dans plusieurs pays [arabes]

- Par des interventions directes, notamment militaires, comme dans les trois îles des Emirats arabes unis [la Grande Tunb, la Petite Tunb et Abu Moussa]

- Par la publication dans les médias de déclarations provocatrices de hauts responsables menaçant la souveraineté et la stabilité des pays arabes, notamment la déclaration selon laquelle le Royaume de Bahreïn n'est pas un Etat indépendant mais la 14ème province de l'Iran [4]

- Par l'ingérence politique dans les affaires arabes, au moyen du financement et de l'exploitation d'éléments palestiniens, ou en appuyant le Front Polisario afin d'avoir une assise au Maroc [5]

- Par la propagation du chiisme dans des pays à majorité arabe sunnite qui n'ont jamais connu de division intra-musulmane [l'Egypte]

Vu ces provocations, il n'est que naturel que les rapports entre l'Iran et les pays arabes soient tendus. La déclaration de Rabat annonçant la fin des relations diplomatiques avec Téhéran venait en réaction aux déclarations iraniennes déplacées relatives au Maroc et aux tentatives de nuire à l'identité religieuse du peuple marocain - sans parler du soutien au Front Polisario.

Dans ce contexte, il serait logique que les pays rabes refusent de répondre à l'appel au dialogue avec l'Iran que certains éléments pro-iraniens tentent de promouvoir. Un tel appel, selon le cheikh Abdallah ben Zayed, ministre des Affaires étrangères des Emirats arabes unis, est à mettre au même niveau qu'une demande à la Ligue arabe d'ouvrir le dialogue avec Israël, vu que l'Iran, tout comme Israël, occupe les territoires arabes.

L'Iran cherche à participer à toutes les entreprises arabes et régionales, par tous les moyens possibles, afin d'imposer son hégémonie et de détruire les fondements religieux de la très grande majorité des Arabes. Toutefois, ces tentatives sont vouées à l'échec, vu que les Arabes n'adopteront jamais un plan qui cherche à effacer leur identité.



[1] Voir l'Enquête et analyse n° 491: "An Escalating Regional Cold War - Part I: The 2009 Gaza War," de Y. Carmon, Y. Yehoshua, A. Savyon et H. Migron, 2 février 2009, http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=countries&Area=iran&ID=IA49209 ; l'Enquête et analyse n° 485: "Rising Inter-Arab Tensions: Saudi Arabia and Egypt versus Syria and Iran, Part I - Deepening Crisis in Saudi-Syrian Relations," de C. Jacob, 22 décembre 2008, http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA48508 ; l'Enquête et analyse n° 479: "Calls in Iran to Topple Egyptian, Saudi Regimes," de Y. Mansharof, 12 décembre 2008, http://www.memri.org./bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA47908.

[2] Al-Ahram (Egypte), 7 mars 2009

[3] Al-Sharq Al-Awsat rapporte que, lors de la visite d'Ahmadinejad à Orumiyeh (au nord ouest de l'Iran), le 5 mars 2009, un citoyen iranien a lancé une chaussure sur la voiture d'Ahmadinejad, et un autre un turban. Le conseiller d'Ahmadinejad pour les médias, Ali Akhbar Javanfekr, qui n'accompagnait pas le président iranien lors de sa visite, a démenti. Al-Sharq Al-Awsat (Londres), 9 mars 2009 ; Hammihannews (Iran), 7 mars 2009.

[4] Lors de la cérémonie marquant le 30ème anniversaire de la Révolution islamique, le 10 février 2009 à Mashhad, le conseiller du Guide suprême iranien Ali Khamenei, Ali Akbar Natzq Nouri, a déclaré que Bahreïn était la 14ème province iranienne, Khorasan (Iran), 11 février 2009. Quelques mois plus tôt, des tensions avaient opposé l'Iran et les Etats du Golfe, notamment Bahreïn, après la parution d'un article d'opinion du directeur du quotidien iranien Kayhan, Hossein Shariatmadari, associé au Guide suprême iranien Ali Khamenei. L'article, qui qualifiait les régimes du Golfe de "non légitimes" et affirmait que Bahreïn est une partie inséparable de l'Iran devant lui être restitué, a provoqué des réactions de colère dans le Golfe. Voir l'Enquête et analyse n° 379: "Tension in Iran-Bahrain Relations after Kayhan Editor Claims Bahrain Is Inseparable Part of Iran," de Y. Mansharof et I. Rapoport, 3 août 2007, http://memri.org/bin/articles.cgi?Page=archives&Area=ia&ID=IA37907.

[5] Le Front Polisario est un mouvement politique armé rebelle du Sahara occidental luttant contre le Maroc pour le contrôle du Sahara occidental.

http://memri.org/