23.3.09

Iran : La Russie attend le bon moment pour livrer les S-300




Il y a peu Moscou a annoncé que la livraison des 5 batteries de missiles défensifs S-300 à l’Iran dépendrait de « l’évolution de la situation internationale ». Il a également insinué que ceci devait être interprété comme un report de la livraison en échange d’un abandon du projet de bouclier antimissile américain : fausse piste. La Russie attend le bon moment pour livrer les S-300. | Décodages |


En 2007, l’année faste des ventes d’armes russes, la Russie a vendu 5 batteries de missiles anti-missiles S300 à l’Iran pour 800 millions de dollars. Ce système très performant permettrait aux mollahs de repousser toute frappe aérienne ou balistique contre leurs installations nucléaires. Mais très vite, Moscou a renoncé à la livraison car il a compris que l’objectif de Téhéran était de neutraliser ces menaces, afin de tenir tête longuement aux Américains pour marchander son ralliement au camp américain. Ce ralliement est la hantise de la Russie car son enjeu est le libre accès américain à Asie Centrale, région qui est à l’origine d’une grande partie des revenus gaziers de la Russie.

Cette affaire des S300 est assez représentative de la situation : il y a un bras de fer irano-américain, mais aussi un composant russe. La Russie doit nécessairement faire échec à une entente irano-américaine. Pendant l’année 2008, elle ainsi refusé d’honorer son contrat pour la livraison des S-300 afin de ne pas donner aux mollahs les moyens de continuer les marchandages précédant les vraies négociations officielles. Cette situation est révolue avec l’arrivée d’Obama qui a trouvé l’ingénieuse idée de proposer un dialogue sans conditions préalables à l’Iran, une approche qui tue dans l’œuf le principe même des marchandages occultes et interminables. Les mollahs sont désormais devant un choix simple : accepter des compromis ou admettre leur mauvaise foi et s’attendre à un renforcement des sanctions et même à un soutien que l’Occident a jusque-là refusé à leurs opposants. Dans ces conditions, la Russie n’a d’autre choix que de se raviser et livrer les missiles si elle voit s’approcher le spectre des compromis, prélude à la capitulation des mollahs !

La Russie dispose même d’un argument choc pour se raviser : « l’évolution de la situation internationale » ! En effet, si Obama parlait aux mollahs, cela serait une sacrée « évolution de la situation internationale ». Très sagement, Moscou a même évoqué le sujet : « l’exécution du contrat dépendra pour beaucoup de l’évolution de la situation internationale et des décisions des dirigeants du pays »… Le dialogue d’Obama avec les mollahs (devenus fréquentables) sera un motif plausible pour la livraison des S-300.

La Russie estime que Téhéran n’a plus le choix de refuser le dialogue que lui propose tonton Obama. Elle a commencé à s’adapter à cette réalité : hier, elle nous faisait part de la nécessité de reconnaître le droit à l’enrichissement pour l’Iran, mais aussi la nécessité de lui accorder un rôle régional vaste. Si ces deux pistes ne réussissent pas à aider les mollahs à échapper aux Américains, dès que l’Amérique sera en position de soumettre les mollahs, Moscou livrera les S-300. Ceci boostera Téhéran et lui donnera les moyens de relancer la crise en espérant une capitulation américaine car la livraison des S-300 sera aussi la fin de l’option militaire.

En attendant cette sacrée « évolution de la situation internationale », Moscou occupe les médias en expliquant que sa décision de reporter la livraison doit être interprétée comme un geste de bonne foi pour obtenir un abandon du projet de bouclier antimissile américain. Les promesses n’engagent que ceux qui y croient.

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