Ben-Dror Yemini
« Bien que les Palestiniens reçoivent une aide d’un ordre de grandeur dont d’autres Etats ne peuvent que rêver, on a encore pitié d’eux. C’est ainsi que le malheur est devenu une industrie. Troisième article de la série. »
(B.-D. Yemini)
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05/01/07
Maariv
Original hébreu : "Weha’olam meshalem".
Traduction de l’hébreu : Menahem Macina
Aux yeux de la communauté internationale, les Palestiniens sont le peuple le plus misérable du monde, le plus opprimé de la terre. Ils forment un groupe national qui incarne l'image de la victime. Un nombre immense d'ouvrages traitent de leur misère, de leur pauvreté, de leur statut de réfugiés, qui perdurent depuis des décennies. Là aussi, le lien entre les faits et les slogans est rien moins que fragile. »
Le premier article de la série, "Et le monde se tait", publié dans le supplément de Rosh Hashana, traitait du meurtre de masse perpétré par les Arabes, et notamment les musulmans, contre les musulmans et les Arabes, comparé au chiffre relativement minime d'Arabes tués, en général, et de Palestiniens, en particulier, dans le conflit israélo-palestinien. Le second article de la série, "Et le monde ment", publié dans le supplément de Kippour, traitait de la manipulation du problème des réfugiés palestiniens : même si près de 40 millions de personnes ont subi divers échanges de population dus à la création de pays avec des identités nationales, ethniques ou religieuses, seuls les Palestiniens sont restés des réfugiés.
Le présent article examinera le mythe du malheur palestinien. Certes, la situation des Palestiniens est difficile. C’est un fait indiscutable. La question est de savoir s'il s'agit d'un produit propre aux Palestiniens sous responsabilité palestinienne ou d'un complot international, principalement américain et israélien.
Le mythe, entretenu par les "forces du progrès", parle, comme c'est bien connu, affirme que Etats-Unis sont la racine du mal. Non seulement ils mènent une "politique non équilibrée", mais ils sont également l'élément oppresseur du peuple palestinien et de ses aspirations légitimes. Et Israël, bien évidemment, fait peser sur les Palestiniens une oppression économique.
Est-ce le cas ?
Les Palestiniens ont acquis une place d'honneur dans l’échelle mondiale du malheur, et un système de relations publiques bien huilé en a fait une nation de victimes. Les faits sont toutefois totalement différents des mythes publiés à profusion dans des publications universitaires et journalistiques qui forgent une énorme imposture destinée à l'opinion internationale.
Le malheur paie ! Il est devenu une industrie. Le monde entier met la main à la poche. Le "Grand Satan", les Etats-Unis, le pays le plus détesté des Palestiniens, après Israël, le "Petit Satan", est aussi le pays qui a le plus aidé les Palestiniens depuis la signature des accords d'Oslo en 1993, et non l'Arabie Saoudite, ni les pays du Golfe, séparément ou ensemble, ni les pays d'Europe, qui donnent chacun de leur côté, ni l'Union européenne.
On a déversé sur eux des dollars, ils ont répliqué par des crachats
Voici les faits : selon un rapport de la Banque Mondiale, de 1994 à 1998, les Etats-Unis ont été le plus important pays donateur en faveur des Palestiniens. Les données ne différent pas après 1998, mais les années 1990, qui se sont terminées avec l'Intifada, sont particulièrement importantes. Il est vrai qu'Israël a reçu plus d'aide. L'aide militaire est accordée pour des raisons stratégiques, et ce n'est pas le lieu d'en débattre. Cette aide alimente l'industrie américaine, puisque Israël ne peut acheter qu'aux Etats-Unis. L'aide économique est devenue marginale, ces dernières années, et représente moins que celle apportée aux Palestiniens.
S’agissant de l'aide au développement par habitant, les Palestiniens reçoivent bien plus d'aide que les Egyptiens. Mais le mythe continue d'affirmer que les Palestiniens sont les "victimes", et qu'il faut leur donner encore et toujours plus, parce que cela les convaincra peut-être d'aspirer à la paix et de renoncer au terrorisme.
Selon le rapport de la Banque Mondiale, Washington a versé, au cours des années évoquées, 344,73 millions de dollars, contre les 298,3 millions de dollars de l'Union Européenne. Le Japon est également en tête de liste, avec 306,09 millions dollars, suivi par l'Allemagne (270,8 millions dollars), la Norvège (221,38 millions dollars), l'Arabie Saoudite (133,15 millions dollars), la Banque Mondiale (127,57 millions dollars), la France (52,71 millions dollars), la Grande-Bretagne (39,61 millions dollars), et le Koweït (24 millions dollars).
La contribution américaine est, en fait, beaucoup plus importante. Durant les années évoquées, et au cours des dernières décennies, les Etats-Unis ont été les principaux donateurs de l'UNRWA (United Nations Relief and Works Agency for Palestine Refugees in the Near East – Office de Secours et de Travaux des Nations Unies pour les Réfugiés de Palestine au Proche-Orient). Durant cette période, le budget annuel de l'organisation était proche de 300 millions de dollars. Dans ce cadre, au cours de ces dernières années, les Territoires ont bénéficié de 600 millions de dollars.
Il en est de même si le calcul porte sur plusieurs années, de 1994 à 2004, les Etats-Unis restent à la première place, avec 1,3 milliards de dollars d'aide, suivis par l'Union européenne avec 1,11 milliard, et le Japon avec 530 millions. Là aussi, les sommes n’incluent pas les dons versés à l'UNRWA et ceux des canaux de la "Da'wah" ("charité"), dont la majeure partie sert à financer le terrorisme. Il faut rappeler que le Hamas disposait d’un autre mécanisme distinct de collecte de fonds, dont une partie allait aux infrastructures sociales, à l'éducation, à la santé et à la propagande, et une autre partie au renforcement de sa branche militaire et à des activités terroristes.
Des milliards ont été versés aux Palestiniens et ils auraient pu mener à une amélioration énorme de l'économie palestinienne. Il auraient pu, excusez le cliché, transformer Gaza en Beyrouth (à moins que le Hezbollah ne transforme Beyrouth en Gaza). Mais les Palestiniens ont opté pour une autre voie. Le monde a déversé sur eux une pluie de dollars et ils ont répliqué par des crachats. Ils n'étaient pas les opprimés du monde, mais les chouchous du monde. La plupart des habitants des pays africains, qui souffrent beaucoup plus, ne peuvent eux que rêver d’une aide de l’ampleur de celle versée aux Palestiniens. Il y a de la pauvreté dans le monde. De l'exploitation aussi. Et de l'oppression. Mais les Palestiniens ne sont pas en tête de liste. Ils en sont loin. Ils n'ont jamais souffert de la faim. Dans sa grande part, leur malheur leur est imputable.
Ils ont préféré le combat à la prospérité
Même avant les Accords d'Oslo, l'argent affluait vers les Palestiniens. 1992 fut une année record pour l'économie palestinienne. Le PIB par habitant était de 1,999 dollars et le PNB de 2,683 dollars. La différence découle de suppléments issus de sources extérieures : dont une partie est constituée par des budgets de l'UNRWA, une autre, par des transferts d’argents de Palestiniens travaillant à l'étranger, tandis que la part la plus importante est le fruit du travail des nombreux Palestiniens d’Israël.
Théoriquement, sans le terrorisme, qui a obligé Israël à imposer des bouclages et des couvre-feux, l'économie palestinienne aurait pu être la plus importante du Proche-Orient, après celle d’Israël, dans les années post-1990. A cette époque avaient lieu des pourparlers secrets à Oslo et, suite à la signature des Accords, commença le versement d’une aide internationale importante aux Palestiniens. Mais ce furent également des années de vagues de terreur. Les Palestiniens ont préféré la lutte à la prospérité.
Durant ces années, des pays comme le Yémen, le Tchad et le Nigeria avaient un PIB d'environ 1,000 dollars par habitant, et n'étaient pas les pays les plus pauvres du monde. A cette époque, au Congo, au Soudan et au Sahara, des millions d'Africains sont devenus des réfugiés et ont été abandonnés à leur sort par la communauté internationale.
Les Noirs d’Afrique, comme on le sait, ne pratiquent ni le terrorisme ni la menace stratégique. Et les réflexes de la conscience morale du monde, en général, et de l'Occident, en particulier, entrent en action de façon très sélective : au travers des écrans de télévision, par le biais des menaces de terrorisme, de la menace d'une hausse des prix du pétrole. Aussi, la souffrance beaucoup plus grande de dizaines de millions d'Africains est moins importante, à leurs yeux, que celle, bien plus minime, des Palestiniens.
La souffrance des Palestiniens est, semble-t-il, leur industrie la plus réussie. C’est une souffrance qui s’auto-pérennise s'autoalimente, qui sert de base à toujours plus de demandes de paiement. Et à quelle fin ? Pas pour construire des infrastructures. Ni pour réformer le système éducatif. Ni pour améliorer le sort de centaines de milliers de gens qui vivent dans des camps de réfugiés. L'argent a servi trois objectifs principaux: la perpétuation de la situation de réfugiés et de la pauvreté ; l’acquisition d’armes et d’explosifs ; et la corruption. Des sommes colossales ont ainsi été payées de manière permanente à différents proches et fidèles, comme les millions de dollars qui atterrirent sur les comptes bancaires d'Arafat de par le monde, et les prélèvements imposés par les dirigeants de l'Autorité Palestinienne sur presque tous les marchés afférents au développement économique des Territoires.
L'objectif suprême: rayer Israël de la carte
Israël n’est pas indemne d’erreurs. Mais toutes les erreurs d’Israël sont infimes en comparaisons de celles des Palestiniens. Vivre sous occupation n’a rien d’agréable, et critiquer l'occupation, en général, et les implantations, en particulier, est légitime. Plus que légitime. Cependant, notre objet n’est pas la théorie, mais les faits : les budgets colossaux déversés dans les caisses palestiniennes ont disparu, et les occasions de bénéficier de l'indépendance et de la prospérité ont été repoussées au profit de l'objectif suprême: rayer Israël de la carte.
Les Accords d'Oslo ont constitué un tournant très important. Le monde entier s'est mobilisé pour aider l'Autorité Palestinienne (AP) qui fut créée suite à ces accords. Et l'AP s’est effectivement développée et est devenue florissante. Des capitaux importants ont commencé à affluer. Mais les Palestiniens eux-mêmes n'ont pas profité des fruits de la paix. Au contraire, ils se sont retrouvés en situation de déclin économique.
Divers organismes de recherche présentent des données contradictoires sur le PNB et le pouvoir d'achat des Palestiniens avant les Accords d'Oslo. Mais, même ces données contradictoires indiquent des lignes concordantes : d'un côté, un formidable afflux de capitaux, sans précédent, vers l'Autorité Palestinienne, et de l'autre, une baisse du PIB par habitant. L'explication est simple: après les Accords d'Oslo, plusieurs vagues de terrorisme ont provoqué une série de bouclages. De moins en moins de Palestiniens ont pu travailler en Israël.
Mais le changement s’est produit. 1997 a marqué un tournant et l'économie palestinienne a commencé à se rétablir. Les Palestiniens ont commencé à percevoir les avantages de la paix. Selon des données palestiniennes, de 1994 à 2000, le PIB a augmenté de 36%. Et pourtant, malgré cette nette amélioration, la reprise a été de courte durée et s'est brisée avec le déclenchement de la deuxième Intifada, en septembre 2000. Une fois encore, la possibilité de parvenir à la prospérité a été annihilée. Une fois encore, les Palestiniens ont opté pour la voie de la violence.
Il s’agit d’un repère chronologique important. La violence a éclaté précisément après qu'Israël ait fait aux Palestiniens l'offre la plus généreuse de l'histoire du conflit entre les deux peuples. Les mythes de la "souffrance palestinienne" et des "horreurs de l'occupation" ne correspondent pas à la réalité.
Loin d'être à la dernière place en matière de souffrance et de pauvreté
Tout d'abord, le soulèvement a débuté après deux ans de fléchissement du terrorisme et de prospérité économique. Ensuite, il s’agit d’une période où un Etat était à portée de main des Palestiniens. Tout a commencé lors du sommet de Camp David, quand Ehud Barak, alors Premier ministre, avait proposé aux Palestiniens ce qu'aucun dirigeant israélien n'avait jamais osé proposer avant lui. Cela a continué par les "paramètres de Clinton" dont l’essentiel consistait en un Etat palestinien dans les frontières de 1967 - à l'exception d'ajustements frontaliers mineurs, y compris des parties importantes de Jérusalem -, ainsi qu’en des compensations territoriales pour les Palestiniens.
Et comment les Palestiniens ont-ils réagi ? Bandar Ben-Sultan, l'influent ambassadeur saoudien à Washington d'alors, décrit ainsi les événements de ce jour historique, le 2 janvier 2001 : Ben-Sultan était assis avec Arafat au Ritz avant sa rencontre avec Clinton. Ben Sultan a déclaré à Arafat que c'était une opportunité historique, qu'il avait le soutien de l'Arabie saoudite, de l'Egypte, et de presque tout le monde arabe, et que s'il refusait la proposition, "ce ne serait pas une tragédie, mais un crime". Cela n'a servi à rien. Arafat aborda Clinton et dit : "Non". Arafat ne voulait pas d'un Etat palestinien. Arafat ne voulait pas la prospérité. Arafat ne voulait pas mettre un terme à l'occupation. Arafat voulait la guerre.
Israël a été obligé de répliquer pour se protéger face à une importante vague de terrorisme. Oui, Israël a commis des erreurs. Mais toutes ces erreurs ne sont rien, il faut le répéter, en comparaison du refus des Palestiniens que soit mis fin à l'occupation et au conflit, et de leur refus de créer un Etat palestinien aux côtés d'Israël.
Poursuivons dans l’exposé des faits : le versement de fonds pour l'aide économique, le développement et la lutte contre la faim est supposé être effectué en fonction de la condition du groupe bénéficiaire. Les Palestiniens étaient-ils le groupe le plus nécessiteux ? Des données comparatives montrent qu'ils étaient loin d'être au bas de l'échelle en matière de pauvreté. Même si leur PNB n'était pas au niveau des pays occidentaux, même par rapport aux pays arabo-musulmans, les Palestiniens n'étaient pas les derniers de la liste.
Selon l'index du Développement Humain de 2003, les "Territoires palestiniens occupés", - c’est ainsi qu'est définie l'Autorité Palestinienne -, étaient au 102ème rang sur 180 pays. 2003 étant le faîte de l'Intifada, et l'une des pires périodes économiques, et puisque le PNB durant les années 1990 était beaucoup plus élevé, il est logique de penser que, durant les années 1990, les Palestiniens étaient mieux classés. En tout état de cause, même face à la difficile situation de 2003, les Palestiniens devançaient l'Algérie (103ème rang), la Syrie (106ème), l'Egypte (116ème), le Maroc (126ème), et le Yémen (156ème), ainsi que la plupart des pays africains et même sud-américains.
Ils voulaient l’argent et le soutien au terrorisme
Les Palestiniens sont très bien classés dans l'échelle du développement par rapport aux autres pays arabes, même si leur PNB est moins élevé. Ainsi, une comparaison du PNB et de l'aide internationale, par rapport aux autres pays et à la taille de la population, témoigne d'un phénomène incroyable : les Palestiniens ont reçu les sommes les plus importantes. En fait, depuis 15 ans, les Palestiniens sont loin d'être les plus pauvres. Ce sont eux qui bénéficient de l'aide la plus élevée. Les faits sont éloquents.
Ainsi, de 1994 à 1998, les Palestiniens ont reçu plus de 2,6 milliards de dollars d'aide de pays donateurs, ainsi que 600 millions de dollars par l’intermédiaire de l'UNRWA. Un nombre considérable d'ONG palestiniennes ont également bénéficié du soutien de divers fonds, notamment européens.
De plus, les “organisations caritatives” ont également versé de l'argent, notamment aux groupes engagés dans le terrorisme et/ou dans des activités religieuses. Les sommes provenaient de musulmans des Etats-Unis, d’Europe, d'Arabie saoudite et des pays du Golfe. Il s’agit de sommes dont le cumul annuel représente des millions de dollars.
Des données comparatives pour l’année 2003 donnent une image encore plus surprenante. Alors que le Yémen indigent a bénéficié d’une aide extérieure de 30 dollars par habitant, chaque habitant de l'Autorité Palestinienne a reçu 470 dollars. Même en termes absolus, c'est une aberration. L'Egypte a reçu une aide externe de 1,286 milliard de dollars d'aide, alors que l'AP a elle bénéficié d'une somme de 1,616 milliard de dollars. (Il est superflu de préciser que la population égyptienne est de 73 millions, alors que celle des Territoires administrés par l'AP n’est que de 3 millions.)
Mais le cynisme des Palestiniens ne s'arrête pas là, et ils réagissent avec ingratitude à l'aide économique et politique américaine. En 2003, suite, entre autres, à des attentats terroristes de grande envergure, Washington décida de conditionner son aide aux ONG dans le monde à la signature d'un accord stipulant que le récipiendaire n’approuve pas le terrorisme. Il faut préciser que c’était la politique américaine à l’égard de tout bénéficiaire d’une aide dans le monde, pas uniquement envers les Palestiniens. Pourtant, cela a déplu à certains Palestiniens. Ils voulaient l'argent et le soutien au terrorisme. Un débat interne s’ouvrit, pimenté d'une rhétorique nationaliste prévisible. Les éléments radicaux prirent le dessus, et au début de juin 2004, le Conseil législatif palestinien vota une résolution rejetant les conditions américaines.
Les Palestiniens voulaient l'aide mais aussi l'option de la verser aux terroristes ou aux groupes soutenant le terrorisme. Pourquoi ? Parce que l'"honneur national" palestinien, qui inclut le soutien au terrorisme, était plus important que l'aide américaine.
Les armes sont plus importantes que la santé, l'éducation et la prospérité
Trois chercheurs - Michael Keating, Anne Le More et Robert Lowe – ont rédigé un ouvrage intitulé The Case of Palestine : Aid, Diplomacy and Facts on the Ground (La Cause de la Palestine : Aide, Diplomatie et Faits sur le Terrain), qui fut publié en 2005. Ces trois auteurs ne peuvent pas être accusés d'être de sympathie excessive envers l'Etat hébreu. Deux faits émergent clairement de leur livre : premièrement, les Palestiniens ont bénéficié de l'aide la plus importante depuis la Seconde Guerre mondiale, non seulement en chiffres absolus, mais également en prenant en compte l'ajustement à divers indices. En fait, par rapport à leur nombre, l'aide aux Palestiniens a été plus importante que celle du Plan Marshall, destinée à participer à la reconstruction de l'Europe après la Seconde Guerre mondiale. Deuxièmement, selon les termes de l'ouvrage, "il se peut que l'aide soit une partie du problème plutôt que de la solution, et l’aide internationale massive n'a pas empêché le déclin de la société palestinienne".
Comme tous les ouvrages de ce genre, celui-ci regorge également de critiques envers Israël. Ainsi, les auteurs affirment que l'aide a contribué à perpétuer l'occupation. (Comment cela s'accorde-t-il avec l'intransigeance palestinienne sur le refus d'un Etat palestinien et des "paramètres de Clinton » ?). Toutefois, si nous nous référons uniquement aux données de la Banque Mondiale, du Fonds Monétaire International, et des instituts de recherche, ils nous disent tout.
Dans tous les Territoires [administrés par l'Autorité Palestinienne], il y a maintenant des dizaines de milliers d'armes privées qui ne font pas partie des armes des forces palestiniennes de sécurité. Selon l'âge et le modèle, le prix d’un fusil, selon le type et la date de fabrication, varie de quelques milliers de shekels à des milliers de dollars. Quand on traite du malheur des Palestiniens, il faut se souvenir de l’ordre des priorités palestiniennes, nationales autant que privées : une arme est plus importante que la santé, l'éducation et la prospérité. Le problème n’est pas l’argent, c’est la préférence pour les armes.
Si les Palestiniens avaient lutté contre l'occupation, ils auraient depuis longtemps un Etat palestinien indépendant, très proche des frontières de 1967. Mais les Palestiniens ont tout fait pour convaincre l'opinion publique en Israël que leur objectif n'est pas la fin de l'occupation : il était et demeure l'annihilation de l'Etat d'Israël. Le fantasme l’a emporté sur la réalité.
Comme le rêve entretenu du droit au retour, qui n'a fait qu'accroître la misère de ceux qui ont été obligés de conserver le statut de réfugiés, le rêve de la destruction d'Israël n'a fait qu'accroître la détresse des Palestiniens. Ils ne sont pas les seuls à blâmer. Cette situation est aussi due à leurs agents de propagande en Occident, qui les ont traités comme des malheureux opprimés et non comme des êtres humains égaux et responsables de leurs actions. Il n'y a pas d'autre explication au fait que, depuis les Accords d'Oslo, les Palestiniens ont reçu 5,5 milliards de dollars, si l'on ne prend pas en compte d'autres sources non mentionnées dans les rapports officiels. Cela fait 1 300 dollars par Palestinien. A titre de comparaison, sous le plan Marshall, chaque Européen a reçu 273 dollars (après ajustement sur l'index du coût de la vie).
Les Palestiniens méritent cette aide. Plusieurs bonnes raisons la justifient. Toutefois, il est à présent possible de voir ce qu'il est advenu des sommes colossales versées. L'argent a été dépensé pour les besoins de la corruption et le Fatah a été écarté du pouvoir. Avec les encouragements du gouvernement central, cet argent a été dépensé en achat d’armes, et les conséquences en sont une détérioration sociale et l'anarchie. La responsabilité en incombe surtout à ceux qui ont collaboré au versement de ces sommes sans faire passer les Palestiniens par un processus de sevrage de leurs vains rêves de destruction d'Israël. Le résultat est surtout la destruction persistante de la société palestinienne.
Ben-Dror Yemini
© Maariv
[Texte aimablement signalé par Joseph Abellan.]
Mis en ligne le 05 février 2007, par M. Macina, sur le site upjf.org